Le Paleis Het Loo, qui fut le palais royal pendant 300 ans, a été converti en musée historique en 1984. Des besoins en évolution, de nouvelles aspirations et un besoin criant de rénovations : il était temps d’apporter des améliorations majeures au bâtiment. En janvier 2018, le musée ferma donc ses portes au public afin de permettre d’importants travaux de rénovation des bâtiments existants, classés monuments historiques, et l’agrandissement des installations destinées aux visiteurs.
Le projet comprend la construction d’un agrandissement sous terre de 5 000 m2, en dessous de la cour centrale actuelle près des bâtiments datant du 17e siècle, ainsi que des travaux de rénovation du palais original.
De l’eau jusqu’au cou
Le premier et le plus important retard dans la réalisation du projet s’est produit au cours des étapes initiales de conception, lors de la découverte d’une formation géologique inhabituelle. Autrefois, un glacier a traversé le site et a créé un mur imperméable d’oxyde de fer sur son parcours, causant ainsi deux niveaux phréatiques, dont chacun a une élévation différente, avec une ligne de discontinuité évidente au sein de l’emplacement projeté du sous-sol. « On remarque une différence de hauteur d’environ 50 cm entre les deux niveaux phréatiques. Nous avons dû garder intacte la couche verticale étanche lors de l’excavation du sous-sol pour éviter des afflux d’eau importants », explique Eddy van Caulil.
Un autre défi consistait à rendre le sous-sol étanche à 100 %. Puisque la majeure partie des Pays-Bas se trouve sous le niveau de la mer, les ingénieurs du pays ont l’habitude de tenir compte du facteur d’inondation dans la conception de sous-sols. Toutefois, comme le sous-sol du présent projet est destiné à accueillir un espace d’exposition, aucun risque d’infiltration d’eau ne peut être accepté. La solution novatrice à cette exigence consiste à employer du béton additionné de capsules remplies de bactéries. Si une fissure se forme, les capsules se brisent et des bactéries sont relâchées dans la fissure. Au contact de l’eau, les bactéries s’activent pour créer un coulis de carbonate de calcium qui scelle la fissure, la rendant ainsi étanche. C’est l’une des premières fois que ce produit est utilisé aux Pays-Bas. Cette solution permet à l’entrepreneur de garantir avec certitude l’intégrité et l’étanchéité des murs du sous-sol.
De plus, en raison du niveau phréatique élevé, le sous-sol était continuellement immergé, même pendant la construction. Le plancher du sous-sol a donc été coulé par bétonnage sous l’eau. Des ancrages en tension connectés au béton sous l’eau permettent de résister aux efforts de soulèvement et maintiennent le plancher de béton en place. Celui-ci est renforcé de fibres d’acier, une technique relativement nouvelle aux Pays-Bas, qui permet de recourir à une dalle de sous-sol plus mince. Le risque de fléchissement sous l’effet des charges des bâtiments existants s’en trouve ainsi réduit. Le bétonnage sous l’eau constitue une technique courante de construction de sous-sols aux Pays-Bas, mais comporte son lot de défis importants, les travaux étant réalisés sous l’eau avec des plongeurs et demandant la considération de forces changeantes au cours du processus de construction.
Soulever les bâtiments
Les bâtiments historiques du palais ont été soulevés pour s’assurer qu’aucune flexion ou déformation dommageables ne se produisent pendant l’excavation de la fosse du sous-sol. Des vérins de levage ont été installés sur des ouvrages et fondations provisoires et sont demeurés en place tout au long de l’excavation de la fosse et des travaux de construction du sous-sol. Une fois ces travaux terminés, les vérins ont été réactivés afin de transférer les charges des ouvrages provisoires au nouveau sous-sol. L’ensemble de la manœuvre a été réalisée avec très grande précision, de sorte que les structures historiques rigides du site ont subi une déformation maximale de 2,0 mm pendant toute la procédure des travaux!
Soutenir la cour du palais
Au terme des travaux, la zone excavée sous la cour du palais accueillera la nouvelle entrée du musée, un hall, de même qu’un espace d’exposition. Au niveau du sol, la cour comportera plusieurs espaces paysagers avec comme point focal un grand puits de lumière. Le poids considérable de la nouvelle cour est soutenu par les murs de soutènement en béton et les poutres en acier résistant du sous-sol.
Un réel honneur
« Le Paleis Het Loo est l’un des musées les plus populaires des Pays-Bas. C’est donc un honneur pour WSP | Lievense de participer à un projet de si grande envergure », conclut Eddy van Caulil. « Depuis notre intégration à WSP, et grâce aux ressources mondiales qui s’ajoutent à nos services multidisciplinaires, nous sommes en mesure d’entreprendre des projets plus complexes et stimulants beaucoup plus tôt que nous ne l’avions initialement prévu. »