La Société canadienne du cancer ne connaît pas encore le risque sur notre vie d’ici 2030, mais au printemps 2019, elle publiera les résultats d’importants travaux de recherche à l’échelle du Canada qui se sont penchés sur le nombre de cas de cancer évitables et sur les principaux facteurs qui y contribuent, selon le type de cancer, dans chaque province. Pour avoir un aperçu des résultats, l’Alberta a servi d’étude pilote et ceux-ci sont saisissants : 45 % des cas de cancer sont évitables.

Voir les principaux facteurs selon le type de cancer ici (disponible en anglais seulement).
Notre environnement bâti peut être conçu de manière à inciter un plus grand nombre de personnes à faire de l’activité physique (et à sortir à l’extérieur pour absorber davantage de vitamine D), à rendre l’alcool ainsi que les aliments qui ne sont pas sains moins attirants et à mettre les gens à l’abri des rayons ultraviolets. Si les pourcentages ci-dessus sont valables pour l’ensemble du Canada, alors un environnement bâti plus réfléchi pourrait fortement contribuer à éliminer 32 000 cas de cancer chaque année. Voici sept éliminateurs de cancer que l’on retrouve dans un environnement bâti :
- Infrastructures rendant l’exercice attrayant et implicite. Quatre-vingt-cinq pour cent des Canadiens ne font pas d’exercice selon la quantité minimale recommandée chaque semaine. Le fait de vivre à proximité des parcs et dans les quartiers piétonniers augmente doublement nos chances de faire suffisamment d’activité physique. Et lorsque nous pouvons nous rendre au travail et/ou à l’école à pied, en vélo ou en transport collectif, l’exercice fait tout simplement partie de notre quotidien. On pourrait éliminer jusqu’à 27 % des cas de cancer en offrant des espaces verts, des infrastructures piétonnières et cyclables, ainsi que des services de transport collectif.
- Absence de marais alimentaires. Les gens parlent souvent de déserts alimentaires, mais les données probantes révèlent que l’accès à des aliments sains n’est pas nécessairement favorable à une alimentation plus saine. Pour contribuer à une réduction du nombre de cas de cancer, il faut plutôt miser sur l’inaccessibilité de la malbouffe.
- Jardins urbains. Le concept des jardins urbains va plus loin que l’accès à des aliments sains » ; ceux-ci favorisent le lien avec la façon de cultiver les fruits et les légumes frais, et la reconnaissance envers les agriculteurs. Il a par ailleurs, été démontré que ce lien augmente la consommation de fruits et légumes frais. L’élimination des marais alimentaires et l’augmentation de l’intérêt face aux fruits et légumes frais pourraient éliminer jusqu’à 10 % des cas de cancer.
- Absence de points de vente d’alcool. Chaque point de vente d’alcool supplémentaire qui se situe dans un rayon de 1 600 m de la maison est lié à une augmentation de 2 à 11 % du nombre de jours de consommation nocive d’alcool dans un mois. La réduction du nombre de points de vente d’alcool pourrait éliminer jusqu’à 9 % des cas de cancer.
- Auvents et mobiliers publics amovibles. Le fait d’aménager des espaces ombragés dans les endroits où les gens aiment jouer et se reposer peut leur permettre de se mettre à l’abri du soleil. Toutefois, il existe également d’autres façons ; le simple fait de fournir des mobiliers publics amovibles permettant aux gens de les installer à l’ombre, pourrait avoir une incidence importante sur la protection contre le soleil. Le fait d’offrir des espaces ombragés et la facilité de les installer pourrait éliminer 7 % des cas de cancer.
- Espaces extérieurs attrayants pour tous les âges à proximité de la maison et du travail. Parmi les gens qui sont le plus à risque de souffrir d’une carence en vitamine D et pour qui des modifications apportées à l’environnement bâti pourraient être utiles, nommons les personnes âgées, les personnes en surpoids, les employés de bureau et les autres personnes dont l’exposition au soleil est limitée. Le fait d’offrir des espaces extérieurs où les gens peuvent profiter de la lumière du soleil (avec modération bien entendu) et faire de l’activité physique près de la maison et du travail pourrait inciter un plus grand nombre de personnes à sortir à l’extérieur pour absorber suffisamment de vitamine D et ainsi éliminer 3 % des cas de cancer.
- Transport collectif et transport actif pratiques et attrayants. Les navetteurs canadiens produisent près de 10 % des émissions de CO2 au pays. Le fait de passer au transport collectif et au transport actif pourrait non seulement éliminer jusqu’à 1 % des cas de cancer grâce à une réduction des émissions, mais cela pourrait aussi jouer un rôle dans la réduction du nombre de cas, en permettant aux gens de faire davantage d’activité physique et de s’exposer au soleil.
Les ingénieurs, les concepteurs et les urbanistes peuvent contribuer à l’élimination jusqu’à 32 000 cas de cancer par année en intégrant ces sept éliminateurs de cancer dans nos collectivités. D’ici 2030, nos investissements pourraient permettre de prévenir plus de 44 000 cas par année, mettant ainsi fin à l’augmentation prévue de 40 % du nombre de nouveaux cas.
J’ai choisi le domaine de l’ingénierie, parce que je voulais « sauver le monde ». Je n’avais pas réalisé que mon travail pouvait littéralement sauver la vie de dizaines de milliers de personnes dans mon propre pays.
Parlez-nous des éliminateurs de cancer que vous concevez.