Les inondations représentent une menace bien différente* quand les systèmes de santé sont surchargés, les installations publiques fermées, les services à la communauté réduits, et les personnes les plus vulnérables en confinement chez elles. Beaucoup de ressources et de refuges prévus en cas d’inondation risquent d’être inaccessibles. Les abris d’urgence restants ne pourront pas accueillir le même nombre de gens que d’habitude étant donné les règles de distanciation physique. Et si beaucoup de personnes sont blessées, leur afflux accablera encore plus un système de santé à bout de souffle.
La capacité des communautés à se préparer et à faire face aux inondations sera également compromise par notre réponse à la pandémie. Les restrictions concernant les grands rassemblements risquent de mettre en péril les initiatives citoyennes essentielles à la résilience, comme les visites de contrôle d’un quartier ou le remplissage des sacs de sable (pensons aux quelque 15 000 bénévoles qui en ont rempli puis retiré 1,5 million à Ottawa en 2019), et les mesures visant à aplatir la courbe de propagation pourraient nuire à l’apport d’aide individuelle.
Il sera donc primordial de surveiller les risques d’inondation et de prévoir des moyens de protection des zones menacées qui respectent les efforts de lutte contre la pandémie.
Suivi des signes annonciateurs d’une inondation
Les niveaux de neige accumulée et la rapidité de la fonte constituent d’excellents indicateurs du risque d’inondation printanière, tout comme la hausse des températures, qui devance l’arrivée du dégel dans beaucoup de régions. Signe encourageant, dans l’Ouest canadien, en Ontario et au Québec, la neige fond jusqu’ici moins vite que les années passées. Mais la menace ne disparait pas pour autant, car des inondations peuvent se produire plus tard, malgré le peu de neige, en raison des précipitations et du niveau élevé des rivières. C’est ce qui est arrivé en 2019, quand des pluies abondantes se sont ajoutées aux fortes crues, causant au total 208 millions de dollars de dommages couverts par les assureurs* au Québec et au Nouveau-Brunswick.
Leçons importantes tirées des inondations passées pour nous aider durant la pandémie
Les autorités fédérales, les provinces et les Villes – surtout celles en zones inondables – surveillent de près les conditions de la fonte printanière et ajustent leurs interventions en conséquence. Au Québec, la municipalité de Pontiac presse ses résidents de trouver leurs propres solutions advenant une évacuation, puisque le gouvernement ne pourra pas ouvrir les refuges d’urgence comme en 2019. Les Forces armées canadiennes* se préparent quant à elles à intervenir en cas d’événements extrêmes dans le nord du pays, en régions éloignées, dans les communautés autochtones et dans toute localité vulnérable en raison de son emplacement.
Les gouvernements ne peuvent plus recourir seulement aux tactiques d’intervention d’urgence typiques; ils doivent aussi tirer parti des partenariats communautaires et des solutions collaboratives. Des mesures novatrices et participatives qui ont fait leurs preuves durant la pandémie pourraient d’ailleurs s’appliquer lors d’inondations : utiliser des hôtels vacants comme refuges ou les réseaux de soutien établis par des particuliers*. La clé de la résilience repose sur la collaboration entre tous les paliers de gouvernement et l’appui des citoyens.