Dans une ville typique, l’eau est tirée d’une source, passe par un système de traitement qui la rend potable, puis par les canalisations souterraines pour arriver dans les maisons. Une fois utilisée, elle s’engouffre dans le système de collecte et de traitement des eaux usées avant de retourner dans l’environnement (habituellement une rivière, un lac ou un océan). Comme le revêtement du sol est imperméable dans les villes, un système de captage des eaux pluviales, lui aussi principalement caché, vient empêcher les inondations en rejetant la pluie dans le plan d’eau le plus près.

Les risques liés aux systèmes hydriques devraient être gérés à l’aide d’une approche intégrée, du moment où l’on puise l’eau à son rejet dans l’environnement
Ces trois systèmes de gestion des eaux s’avèrent essentiels à la santé et à la sécurité des citoyens, à la vie en communauté et à la protection de l’environnement. Au début du XXe siècle, les citadins américains ont vu leur espérance de vie bondir de 47 à 63 ans, et certains estiment que ce gain est attribuable pour moitié au traitement de l’eau potable1. La technologie de traitement des eaux a d’ailleurs été jugée la 4e plus importante réalisation technique de ce siècle, après l’avion, l’automobile et l’électricité, mais avant l’Internet2. À la suite de la crise financière de 2008-2009, le sondage annuel du Forum économique mondial estimait que les plus grands risques menaçant le monde étaient l’écart des revenus et l’effondrement des prix des actifs. Selon le dernier Global Risks Report, depuis plusieurs années toutefois, ce sont les événements météorologiques extrêmes, les catastrophes naturelles et les pénuries d’eau découlant du changement climatique qui sont considérés comme les principaux risques3. On ne soulignera donc jamais assez l’importance des systèmes de gestion des eaux pour le maintien de la vie en communauté.
Au Canada, les événements météorologiques extrêmes tels que les inondations et les feux de forêt se multiplient et causent des dommages de plus d’un milliard de dollars par an depuis 20094. Des études concluent que les Canadiens ont peu confiance en nos infrastructures de gestion des eaux, et d’après les estimations, il manque 80 milliards de dollars d’investissements dans ces dernières5. Tout cela rend de plus en plus difficiles le maintien et le financement de leur exploitation, le respect de la réglementation et la prestation des niveaux de service attendus par les citoyens, autant d’éléments protecteurs de ces derniers et de l’environnement.

Les professionnels impliqués dans la gestion de l’eau potable et des eaux usées devront adopter une approche plus intégrée pour faire face à ces problèmes à long terme, déterminer quels sont les plus grands risques pour nos systèmes de gestion des eaux et concentrer les efforts là où il le faut. Jusqu’à maintenant, la gestion était compartimentée en fonction du type d’eau : eau potable, eaux usées et eaux pluviales. La gestion intégrée de l’eau est une nouvelle approche consistant à gérer les systèmes de façon globale et coopérative en abordant cette ressource sous l’angle de son cycle naturel et non selon son type.