En Australie, nous sommes l’un des plus grands producteurs de déchets au monde. Près de la moitié de nos déchets domestiques venant des collectes en bordure de la rue sont directement acheminés vers des sites d’enfouissement. Ainsi, c’est plus de 21 millions de tonnes de déchets qui se décomposent dans ces sites par année, puis qui produisent des gaz à effet de serre, comme le méthane, ou qui libèrent des toxines dans les terres et cours d’eau environnants.
Puisque notre production de déchets ne cesse d’augmenter et que les sites d’enfouissement convenables sont plus difficiles à trouver, on peut s’attendre à ce que le problème actuel prenne de l’ampleur et devienne de plus en plus épineux. Pendant ce temps, les villes perdent l’occasion de transformer ces déchets en énergie fiable. En effet, une grande proportion de la biomasse, comme des restants de nourriture ou des déchets de bois, peut être convertie en énergies renouvelables et servir de carburant.
Selon les prévisions démographiques du Bureau de la statistique de l’Australie, si notre comportement actuel et nos politiques sur la gestion des déchets ne changent pas radicalement, nous pourrions produire jusqu’à 74 millions de tonnes de déchets par an d’ici 2060.
Une occasion à ne pas jeter aux ordures
Les usines de valorisation énergétique des déchets se servent des déchets domestiques, connus sous le nom de déchets solides municipaux ou DSM, comme carburant pour générer de l’électricité et de la chaleur. Les déchets sont transportés par les camions à ordure du conseil vers une usine où l’exploitant de celle-ci est payé pour les recueillir. Ensuite, il les utilise comme carburant. Cette façon de procéder est contraire aux ententes actuelles relatives aux déchets de l’Australie. Selon celles-ci, les membres des conseils et les contribuables paient les exploitants des sites d’enfouissement pour qu’ils jettent les déchets dans le sol.
La technologie de valorisation énergétique des déchets existe depuis des décennies et a été soigneusement mise à l’essai par des milliers d’usines dans le monde. On compte 450 usines de valorisation énergétique des déchets en Europe, alors qu’on en compte plus de 1 500 en Asie.
La majorité des usines traitent les déchets à l’aide d’une chaudière qui crée de la vapeur servant à alimenter une turbine à vapeur, qui à son tour, génère de l’électricité (voir la figure 1). Dans les endroits où le climat est froid, la chaleur résiduelle de la vapeur qui s’échappe de la turbine peut être utilisée dans les systèmes de chauffage de quartier.
Étant donné qu’il est impossible de prévoir la composition des déchets, les organismes de réglementation partout dans le monde exigent un contrôle rigoureux de la qualité des gaz de combustion (produits de combustion) libérés dans l’atmosphère. Les limites d’émissions énoncées dans la Directive relative à l’incinération des déchets de l’Union européenne sont couramment utilisées comme point de référence.
Afin de respecter ces limites, divers processus de traitement sont adoptés comme l’injection d’urée pour réduire les émissions d’oxydes d’azote (NOx), l’épuration en milieu basique pour retirer les gaz corrosifs, l’injection de charbon actif pour absorber les métaux et les composants organiques volatiles, la collecte de particules à l’aide de dépoussiéreurs à manches et le contrôle de la température des gaz de combustion pour limiter la formation de dioxines.
Aujourd’hui, où se trouvent donc les installations de valorisation énergétique des DSM à grande échelle en Australie? Selon la plupart des spécialistes, nous avons atteint une quantité historique de sites d’enfouissement. Le manque ou l’absence de perception d’impôt pour financer les sites d’enfouissements des États et la perception négative du processus d’incinération, jugée nocive par le public, expliqueraient la faible quantité d’installations de valorisation énergétique au pays. Cela n’a rien d’étonnant, puisque les préoccupations relatives à la pollution de l’air ont finalement mené à l’interdiction des fameux incinérateurs d’arrière-cour australiens.
Aujourd’hui, l’augmentation de la densité de population dans les grandes villes d’Australie, la réduction des sites d’enfouissement convenables ainsi que l’amélioration notable des processus de combustion et des technologies de contrôle environnementales permettent de faire pencher la balance en faveur d’une modification de nos pratiques antérieures. De plus, les avantages de la conversion énergétique des déchets surpassent ses inconvénients (voir le tableau 1).
AVANTAGES
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INCONVÉNIENTS
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Offre une solution de remplacement de génération d’énergie renouvelable et distribuable pour l’Australie
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Engendre des dépenses d’immobilisations élevées
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Permet d’atteindre un faible taux d’émission de CO2 comparativement à celui des sites d’enfouissement
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Nécessite un changement de politique
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Permet de réduire considérablement le nombre de sites d’enfouissement et de protéger l’environnement (c’est-à-dire, permet d’empêcher la contamination du sol et des eaux souterraines)
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Nécessite des contrats d’approvisionnement à long terme
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Permet la conversion d’une grande variété de déchets
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Nécessite le soutien des conseils locaux et gouvernementaux à tous les paliers
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Améliore le processus de récupération des ressources
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Le public comprend et perçoit négativement les processus d’incinération
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Permettrait de réduire le trafic de camions
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Permettrait de réduire la consommation de carburant des camions, entraînant ainsi une réduction des émissions de CO2
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L’allègement des exigences relatives aux sites d’enfouissement pourrait favoriser la création d’autres moyens d’utiliser les terres
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La taille des usines de valorisation énergétique des déchets est plus petite que celle des sites d’enfouissement, par conséquent, elles pourraient être installées plus tard dans d’autres villes
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