La continuité de l’accès aux capitaux, un élément essentiel à la survie de toute entreprise, est probablement l’une des raisons les plus pressantes derrière la décarbonisation. Les entreprises doivent toutefois faire leurs preuves en matière de faibles émissions pour espérer conserver cet accès.
« Les facteurs ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) gagnent en importance dans le cœur des investisseurs », indique Kieran Power, responsable national, Résilience et changements climatiques, chez WSP Australie. « De moins en moins d’investisseurs veulent tenter leurs chances sur des projets controversés alors qu’il y a des tonnes d’occasions d’affaires en lien avec la lutte contre les changements climatiques. »
Ce n’est pas surprenant que les milieux bancaire et financier qui ont le risque en aversion aient reconnu très tôt la menace posée par les changements climatiques. Après tout, qui aurait envie d’investir dans un actif qui risque de se volatiliser d’ici une décennie. BlackRock, l’entreprise de gestion d’investissements qui gère les plus grands actifs au monde, a fait du développement durable sa « nouvelle norme d’investissement* » et a même commencé en 2020 à pointer du doigt les entreprises à fortes émissions* pour leur inaction face aux risques des changements climatiques et à une transition.
Selon Kieran Power, cette tendance risque fort bien de s’accélérer. « L’intégration des considérations en matière de changements climatiques quant à la prise de décisions d’investissement, stimulée par des initiatives telles que celles du Groupe de travail sur l’information financière relative aux changements climatiques (établi par le Conseil de stabilité financière, un organisme international de surveillance), poursuit-il, deviendra cruciale pour la répartition de nos investissements. »
Les investisseurs ne pensent pas seulement aux risques physiques pour leurs actifs, mais aussi aux risques moins concrets menaçant leur réputation. Les impacts des changements climatiques se faisant de plus en plus sentir, les risques de s’associer à des activités susceptibles d’exacerber de tels impacts augmenteront également. Comme le souligne l’investisseur milliardaire Warren Buffett : « il faut 20 ans pour construire une réputation et cinq minutes pour la détruire. »
Le fait d’attacher de la valeur à la réputation d’une entreprise a nettement gagné en importance en Suède, avoue Linda Flink Wredh, responsable, Conçu pour l’avenir, WSP Suède. Le pays a longtemps occupé la position de chef de file en matière de climat, mais nous observons également des attentes et des exigences accrues de la part de la nouvelle génération ainsi qu’un militantisme écologique inspiré par la jeune Greta Thunberg. Les entreprises devront prendre clairement position sur les questions de développement durable et de zéro émission nette, précise Linda Flink Wredh, non seulement pour les aider à se positionner au sein de leur marché, mais aussi pour renforcer leur image de marque en tant qu’employeur de choix. « Le fait de définir maintenant votre stratégie aura un impact sur vos employés actuels et vous aidera grandement à attirer et à retenir les jeunes professionnels de l’avenir », ajoute-t-elle.