La pandémie sollicite notre capacité de réaction et a transformé la théorie stratégique de la « résilience » en activité quotidienne. Or, la COVID-19 est loin d’être le seul défi qui nécessite davantage de résilience de la part de nos communautés.
De 2008 à 2018, la Base de données canadienne sur les désastres a recensé plus de 195 catastrophes majeures au pays. Bon nombre de ces catastrophes ont eu pour cause des phénomènes climatiques ou météorologiques extrêmes, comme des inondations et des incendies, tandis que d’autres ont eu lieu en raison d’accidents, de pannes d’électricité ou de problèmes sanitaires. Au total, toutes ces catastrophes ont coûté des dizaines de milliards de dollars de dommages et ont entrainé le déplacement de centaines de milliers de personnes.
Se poser les bonnes questions
Comme dans bon nombre de cas, il faut commencer par se poser les bonnes questions. Nous devons repérer les possibilités qui nous permettent d’intégrer la résilience à nos environnements bâtis, sociaux et écologiques.
Par exemple, comment pouvons-nous concevoir des infrastructures qui sont plus résilientes aux risques posés par les changements climatiques? Comment pouvons-nous accélérer et intégrer efficacement la transition vers les ressources énergétiques renouvelables? Comment pouvons-nous accroitre la souplesse et la résistance de nos univers numériques et être mieux préparés aux cyberattaques? À l’ère de la prédominance numérique et de la distanciation physique, comment pouvons-nous offrir des conceptions qui appuient les comportements prosociaux et atténuent le sentiment de solitude dans nos villes? Dans le contexte de la COVID-19, comment pouvons-nous construire des établissements de santé plus résilients et concevoir des transports en commun plus sûrs?
Équité sociale et résilience de la communauté
En plus d’avoir à se questionner, puis à prendre des décisions éclairées en matière de techniques, d’environnement et d’infrastructures, il faut aussi accorder une grande place aux gens pour générer une véritable résilience au sein des communautés.
Voici ce que pourrait être la résilience des communautés selon la Stratégie de sécurité civile du Canada :
« Le développement de la résilience repose sur un partage des responsabilités entre les citoyens, les intervenants, les organisations, les collectivités, les gouvernements, les systèmes et la société en général en vue d’éviter que les aléas ne se transforment en catastrophe. La résilience réduit au minimum la vulnérabilité ou la sensibilité aux dommages découlant des aléas en créant ou en renforçant la capacité sociale ou physique du milieu humain et bâti de faire face aux catastrophes, de s’y adapter, d’intervenir, de se rétablir et de tirer des leçons des catastrophes. »
Lorsque nous mesurons l’ampleur des réactions à avoir devant différents scénarios de risques et que nous nous préparons à y faire face, nous devons aussi tenir compte de facteurs de risques moins reconnus. Par exemple, pour une situation donnée où une inondation est considérée comme le principal risque, d’autres facteurs de risques concomitants, comme la pauvreté, l’iniquité sociale, l’éloignement ou le manque d’infrastructures de soutien essentielles, peuvent également devenir dangereux.
Pour être résiliente, la communauté doit adopter une approche holistique afin de gérer tous ces facteurs de risque, car les déterminants sociaux, comme le revenu, les réseaux de soutien social, la scolarité et le genre, mènent à des inégalités et à des vulnérabilités. En nous associant à des organismes comme Centraide, nous pouvons mieux comprendre la répartition de ces facteurs dans notre communauté locale, ce qui nous aide ensuite à renforcer la cohésion sociale et le soutien aux membres de la communauté.
Des recherches longitudinales indiquent que le lien entre la cohésion sociale et la résilience de la communauté (article en anglais seulement) est d’abord très important, mais qu’il a tendance à s’estomper dans les années qui suivent une catastrophe. En outre, des chercheurs ont démontré que la résilience de la communauté fluctue avec le temps après une catastrophe. Elle est forte la première année, puis elle décline l’année d’après. C’est pourquoi il est essentiel de bâtir une résilience qui perdure aussi bien en période de crise que quand tout va bien.
Recommandations
Il n’y a pas de réponse ni de stratégie parfaite qui convienne à toutes les situations pour intégrer la résilience à nos communautés. Toutefois, certains points sont fréquemment recommandés par les experts.
Pour renforcer la résilience de la communauté, nous pouvons adopter les recommandations suivantes qui nous sont offertes par nos experts sur le terrain.
- Pensez à l’équité sociale et aux manques de services en établissant qui est laissé pour compte et qui se trouve dans une situation de grande vulnérabilité en raison de déterminants sociaux comme le revenu, l’invalidité, la culture, le genre, etc.
- Adoptez les recommandations des experts sur les projections climatiques locales et intégrez-les à la conception et à la planification municipales (y compris à la planification des réponses d’urgence).
- Tissez des relations et communiquez avec les communautés autochtones et isolées afin de comprendre leurs besoins uniques et de trouver des réponses mobiles qui peuvent être déployées efficacement en cas de crise.
- Concevez des infrastructures municipales et des espaces publics adaptables et polyvalents qui permettent d’atténuer les incidences de la crise et qui servent de lieux communautaires. (Par exemple, les arénas peuvent être transformés en abris d’urgence ou les parcs peuvent servir à drainer les excédents d’eau pluviale.)
- Renforcez la cohésion sociale et donnez du pouvoir aux citoyens en concevant l’espace public, en aménageant l’espace et en demandant fréquemment l’avis des membres de la communauté.
Ensemble, en tenant compte de ces transformations, nous pouvons inciter les communautés à devenir plus résilientes tout en leur permettant de s’épanouir, et ce, même dans un climat d’incertitudes et de changements.
Si vous souhaitez en savoir plus à ce sujet, nous vous invitons à lire nos articles Perspectives.