De nos jours, il est facile de ne prendre en compte que les besoins immédiats en raison de la forme actuelle de la structure d’approvisionnement de projets. La majorité des approvisionnements sont attribués en fonction de la soumission offerte au plus bas soumissionnaire répondant aux spécifications du projet, ce qui laisse peu ou même aucune place aux mesures permettant de réduire les coûts d’exploitation et d’entretien à long terme, d’améliorer la qualité de la structure grâce à des matériaux de construction davantage résilients, et d’adapter l’actif à d’autres usages si la demande pour la fonction principale de celui-ci venait à changer au fil du temps.
L’approche d’approvisionnement offert au plus bas soumissionnaire est seulement axée sur les coûts initiaux et entraine donc la construction ou la réfection d’un actif pour un coût aussi bas que possible visant à satisfaire les exigences immédiates. Cette situation est motivée par la nécessité de minimiser les répercussions sur des budgets d’investissement déjà très serrés qui doivent trouver un équilibre entre deux priorités concurrentes, soit construire de nouveaux actifs pour répondre à la demande et entretenir les actifs vieillissants pour garantir leur bon fonctionnement. Dans le cas des municipalités, cela renforce l’idée qu’elles optimisent l’argent des contribuables en dépensant seulement ce qui est nécessaire aujourd’hui.
Ce système est toutefois imparfait et peut entrainer de graves conséquences financières à long terme.
En effet, il ne valorise pas les questions environnementales reliées à la réalisation de l’actif. En fonction de sa méthode de construction, l’actif peut engendrer d’importants impacts sur l’environnement, impacts qui sont rarement pris en compte de manière adéquate par l’approvisionnement offert au plus bas soumissionnaire, puisque cela augmenterait les coûts initiaux :
- Quels sont les matériaux de construction utilisés et quelle quantité d’émissions génèrent-ils?
- Quelle sera la quantité de déchets produits par les travaux de construction?
- Quel sera le volume d’émissions carbone généré pendant la phase de construction? Et pendant les phases d’exploitation et d’entretien?
- De quelle manière les matériaux de construction seront-ils éliminés à la fin du cycle de vie de l’actif?
- Quelle source d’énergie alimente l’actif?
- Comment les eaux pluviales sont-elles gérées?
- Dans quelle mesure le concept et l’empreinte de l’actif affectent-ils les coûts reliés au chauffage et à la climatisation du bâtiment?
- Comment le bâtiment résistera-t-il aux phénomènes météorologiques violents?
Il ne s’agit là que de quelques exemples de questions qui auront un impact sur l’empreinte environnementale de l’actif, mais qui ne sont pas nécessairement considérées par la méthode d’approvisionnement offert au plus bas soumissionnaire.
Grâce à l’analyse du cycle de vie complet, il est possible de créer des actifs qui tiennent compte de tous les facteurs qui influent sur la viabilité d’un projet, soit les plans social, environnemental et économique. C’est loin d’être un nouveau concept. En effet, plusieurs membres de la communauté canadienne en gestion d’actifs recommandent depuis nombre d’années cette approche, cependant les propriétaires ont été freinés par les contraintes imposées par des budgets d’investissement serrés.
Voilà pourquoi l’Évaluation nationale des infrastructures représente une occasion rêvée de modifier fondamentalement l’approvisionnement d’actifs, que ce soit pour des actifs nouveaux ou remis à neuf. En mettant à profit la méthode de l’analyse du cycle de vie complet, les actifs sont construits en fonction de leur valeur et de leur utilité à long terme plutôt que seulement sur la base du besoin immédiat. Ainsi, les facteurs social, économique et environnemental sont pris en compte à long terme afin d’offrir au propriétaire de l’actif la meilleure valeur globale. Cette approche ouvre également la porte à l’innovation grâce à la génération de solutions susceptibles de remédier aux incidences environnementales et sociales de l’actif.
Ce changement engendrera toutefois des coûts supplémentaires, ce que le gouvernement se devra de prendre en compte. Si l’analyse du cycle de vie complet est la bonne approche à adopter en matière d’approvisionnement d’actifs, il ne faut pas négliger la possibilité de coûts initiaux plus élevés. D’une manière ou d’une autre, l’argent pour payer ces coûts devra provenir de quelque part, ce qui risque d’être difficile pour les propriétaires déjà aux prises avec des actifs en déficit. Pour y remédier, il serait préférable que le gouvernement du Canada envisage d’augmenter le pourcentage des coûts initiaux qu’il couvre pour les projets éligibles, ou qu’il offre un financement supplémentaire visant à réduire les impacts environnementaux d’un projet, tel que du financement pour des ressources énergétiques renouvelables sur le site, pour des infrastructures de gestion des eaux pluviales, et pour des matériaux permettant de réduire l’utilisation globale en énergie de l’actif.
L’Évaluation nationale des infrastructures est une occasion en or de faire face à quelques-uns des plus grands défis en matière d’infrastructures au Canada. Notre équipe de professionnels dévoués situés aux quatre coins du pays est impatiente d’aider le gouvernement fédéral à bâtir le Canada que nous voulons avoir en 2050.
Visitez notre page Gestion des actifs pour découvrir la meilleure façon de planifier le cycle de vie complet de votre projet.
Remarque : Cet article est le premier d’une série soulignant les thèmes majeurs mis de l’avant par WSP Canada en réponse à l’Évaluation nationale des infrastructures réalisée par le gouvernement fédéral.