Faites-nous part de votre expérience à vos débuts dans le secteur de la construction, il y a plus de dix ans?
Tout ce que je faisais était scruté à la loupe, et j’ai été l’objet de remarques sexistes ou déplacées, et même d’abus en ligne. En vérité, je m’en moque, car je ne cherche pas l’approbation dans le regard des autres. Je fais simplement mon travail. Mais lorsque je constate ce type de comportement, je le dénonce immédiatement.
Ce qui compte vraiment, c’est que tout au long de ma carrière, j’ai tissé des liens solides avec certains de mes collègues masculins qui continuent à me soutenir de manière remarquable. Je ressens un profond sentiment d’appartenance à ce groupe, même si nous différons sur le plan de l’âge, de la nationalité et du type de carrière. Lorsque j’ai été victime d’abus en ligne, ces collègues ont rapidement pris ma défense. Les sentiments d’appartenance et d’inclusion qui en découlent ont en quelque sorte façonné mes aspirations et m’ont poussée à essayer de transposer à l’ensemble du secteur le soutien et l’acceptation incroyables dont je bénéficiais au sein de ce groupe.
Ce que je dis aux femmes qui souhaitent faire carrière en génie, c’est que le secteur déborde de personnes exceptionnelles et que les femmes qui les ont précédées leur apporteront un soutien indéfectible parce qu’elles se souviennent d’avoir été l’une des rares femmes présentes dans leur milieu.
Y a-t-il des obstacles auxquels vous avez été confrontée en tant que femme dans le secteur de la construction? Comment les avez-vous surmontés?
Au début de ma carrière, je trouvais difficile de faire entendre ma voix. J’étais nerveuse à l’idée de m’exprimer parce que j’étais différente. Toutefois, j’ai pris confiance en moi au fil du temps et j’ai fini par trouver ma voix. Sachant ce que c’est que de se sentir à part, j’encourage constamment mes jeunes collègues à s’exprimer parce que je veux qu’elles disposent d’un espace sûr pour faire part de leurs idées ou de leurs préoccupations.
Quels conseils donneriez-vous aux femmes qui terminent actuellement leurs études ou qui débutent dans le génie, la construction et la santé-sécurité?
Mon conseil serait de rester vous-même. N’essayez pas d’imiter le comportement de vos homologues masculins, comme je l’ai fait au début de ma carrière. Je pensais que c’était le seul moyen de me faire entendre. Aujourd’hui, j’ose être moi-même, sans complexe. J’ai été choisie pour ce rôle et je vais rester fidèle à ce que je suis. Rappelez-vous que vos opinions, votre approche ou votre façon de travailler ne feront jamais l’unanimité. Mais si vos intentions sont bonnes, les opinions et les sentiments négatifs des autres ne devraient pas peser dans la balance. Ne vous faites pas toute petite. Au contraire, soyez grande et forte et faites-vous entendre haut et fort! Prenez la place qui vous revient et soyez fidèle à vous-même.
En tant qu’ingénieur·e, vous avez la possibilité de laisser votre empreinte dans ce secteur!