En raison de ses capacités, certains comparent le microréseau à un chef d’orchestre. Le projet lancé à Livermore, en Californie, en est un bon exemple. Conçu par WSP, le microréseau de Las Positas College gère la production d’énergie solaire en utilisant deux modes de stockage : un système à batteries qui emmagasine l’énergie électrique et un système à glace qui emmagasine l’énergie thermique.
Lorsque les panneaux solaires produisent suffisamment d’énergie durant la journée, l’université l’utilise pour faire fonctionner les refroidisseurs mécaniques qui servent à climatiser les bâtiments et pour recharger les batteries. Au coucher du soleil, la glace emmagasinée sert à refroidir les bâtiments et les batteries permettent de suppléer la production d’énergie aux heures de pointe. La nuit, quand le campus est fermé, les refroidisseurs mécaniques rechargent le système de stockage à glace. L’utilisation combinée de la capacité de refroidissement et de la décharge des batteries pour réduire la demande en période de pointe est avantageuse pour le service public local.
Le système a aussi été conçu pour alimenter les installations critiques du campus en cas de panne majeure du réseau. Ainsi, on a isolé les panneaux solaires, les batteries et le centre d’exploitation du réseau local de manière à utiliser l’énergie solaire, non polluante, au lieu de génératrices au diesel pour maintenir l’alimentation du campus.
Le microréseau utilise des batteries au vanadium plutôt que les batteries courantes au lithium-ion. On estime que ces batteries ont une durée de vie plus longue et qu’elles sont moins susceptibles de s’enflammer. Par contre, elles sont plus volumineuses et nécessitent davantage d’entretien.
Le microréseau de Las Positas College communique avec le réseau du service public pour déterminer s’il est plus rentable de transmettre son énergie ou de l’emmagasiner. Il aide ainsi le réseau local à réduire les écarts de puissance et à répondre à la demande en période de pointe.
« Ces avantages se traduisent par des économies, explique Bruce Rich, gestionnaire de construction pour WSP. Le projet est actuellement en période d’essai, mais quand le microréseau sera complètement fonctionnel, nous prévoyons réaliser des économies annuelles de 100 000 $ US. »
La California Energy Commission a accordé une subvention de 1,5 million de dollars américains au projet pour qu’il devienne la vitrine de cette technologie et qu’il serve de modèle aux établissements qui envisagent de se doter d’un microréseau.
Les microréseaux étant avantageux non seulement pour leurs utilisateurs, mais aussi pour le réseau central, les services publics et les États s’y intéressent de plus en plus.
Par exemple au Canada, Hydro-Québec a entrepris la conception d’un microréseau à Lac-Mégantic (Québec) pour mettre à l’essai les nouvelles technologies de l’énergie qu’elle prévoit ensuite implanter ailleurs. Développé avec l’aide de WSP, le projet inclura 30 immeubles résidentiels et commerciaux, jusqu’à 3 000 panneaux solaires photovoltaïques ayant une puissance installée totale de 300 kW, une capacité de stockage de 300 kWh et des bornes de recharge pour véhicules électriques.