Dans bien des régions du monde, des projets de pipelines d’hydrocarbures ont été freinés par des groupes environnementaux et organismes de réglementation, ainsi que par les communautés touchées. Par contre, une approche moderne de planification des tracés de pipelines pourrait atténuer les conséquences autant sur l’environnement que sur les habitants des régions concernées.
Dans le passé, une grande majorité des tracés de pipelines étaient définis par une simple ligne droite reliant le point de départ au point d’arrivée sur une carte. Ensuite, le tracé était modifié au besoin pour contourner les obstacles physiques, tels que les changements de relief. L’entreprise demandait ensuite les autorisations requises pour son tracé et acceptait d’autres déviations proposées, le cas échéant.
Comme le public réclame de plus en plus une extraction des ressources respectueuse de la faune et de la flore menacées ainsi que des habitats naturels, les entreprises ne pourront plus se contenter de concevoir le tracé d’abord, puis de le faire approuver. Par ailleurs, les communautés se retrouvant sur le tracé d’un pipeline s’inquiètent des éventuelles conséquences sur leur mode de vie, malgré les retombées économiques associées au projet. La planification du tracé et la construction d’un pipeline doivent tenir compte de toutes les conséquences potentielles, et l’entreprise doit arriver à la meilleure solution possible pour toutes les parties concernées.
Un processus transparent de planification des pipelines
Une partie de la solution repose dans les logiciels modernes de modélisation informatique. Ces systèmes, comme le progiciel exclusif GoldSETMD de Golder, exploitent les données de systèmes d’information géographique (SIG) portant sur les habitats fauniques, les établissements humains, les cours d’eau et la topographie. Les données saisies dans GoldSET aident à déterminer la meilleure solution sur trois plans – environnemental, social et technique – parmi les diverses options envisagées. Cet outil informatique propose une nouvelle approche à la planification des tracés de pipelines, laquelle peut également servir à la configuration des lignes de transport d’électricité, des routes et des corridors ferroviaires.
Voici quelques-unes des mesures nécessaires pour mieux comprendre et mitiger les risques sur les plans environnemental, social, économique et technique:
Une étude des obstacles et des possibilités: La première étape est de se renseigner. Les responsables de la planification du pipeline doivent d’abord examiner un éventail de données sur la topographie, les infrastructures en place, les établissements humains, les espèces fauniques touchées (surtout si elles sont menacées ou en péril), les habitats de ces espèces et les lieux de valeur culturelle ou économique pour les habitants de la région.
Ensuite, chacun de ces facteurs est évalué en fonction de son importance. Par exemple, un milieu humide pourrait être considéré comme un obstacle peu, moyennement ou très important, voire comme une zone interdite sur le tracé. Les zones d’intérêt sont également prises en compte dans le tracé du pipeline. Par exemple, celui-ci pourrait traverser une zone déjà développée afin de préserver l’intégrité des terrains vierges. Le planificateur du pipeline peut organiser un atelier de travail avec une équipe multidisciplinaire d’experts techniques pour mettre en commun les connaissances afin d’arriver à un consensus.
Un réseau d’options: Grâce aux renseignements recueillis à l’étape précédente, il est possible de définir non seulement un tracé, mais aussi un réseau de tracés potentiels. Ce réseau sera composé de segments reliés par des nœuds; ainsi, les planificateurs peuvent concevoir un tracé optimal en combinant des segments du réseau. L’objectif est de générer un maximum d’options possibles, ce qui prouve aux parties concernées que toutes les solutions pratiques ont été envisagées et permet de créer un tracé à partir de la meilleure combinaison de segments.
Des consultations sincères: La prochaine étape est de présenter l’information aux communautés touchées, ainsi qu’à une diversité d’experts en faune sauvage, en droit et en génie, afin de recueillir leurs commentaires. Certaines communautés autochtones au Canada ont mis au point des systèmes SIG perfectionnés, qui tiennent compte des connaissances des Premières Nations sur les aires de répartition géographique passées des animaux ainsi que sur les emplacements des plantes médicinales et des sites sacrés.
Dans plusieurs régions du monde, ces outils aident à satisfaire les exigences actuelles de consultation préalable sincère auprès des intervenants. On entend par « préalable » que la consultation a lieu au début du processus, avant toute prise de décision, et « sincère » signifie que les plans des promoteurs doivent tenir compte des préoccupations des communautés touchées.
Grâce à l’étape de collecte de renseignements, les discussions sur le projet de pipeline peuvent s’appuyer sur des données scientifiques valides, comme la répartition des espèces fauniques et leurs habitats, plutôt que sur des opinions bien intentionnées mais infondées.
Une solution gagnante pour tous: Les consultations devraient toujours inclure des discussions sur les possibilités de valeur ajoutée, telles que la restauration de l’habitat traditionnel des caribous ou l’amélioration de l’habitat de frai des poissons. Ces consultations peuvent même entraîner des retombées économiques. Par exemple, une route d’accès peut être modifiée selon les besoins de la communauté, ou les travaux peuvent être répartis et délégués à des entreprises de construction locales ou autochtones.
Certains projets ont même le potentiel d’améliorer la qualité de vie d’une communauté éloignée en définissant le tracé du pipeline principal près des habitations, puis en ajoutant une canalisation de diamètre inférieur pour approvisionner la communauté en gaz. Au Canada, il arrive parfois que des Premières Nations établies sur un territoire éloigné produisent de l’énergie à l’aide de moteurs diesel, une méthode coûteuse et polluante. Un approvisionnement en gaz naturel serait fort bénéfique à la qualité de vie de ces communautés, notamment pour la construction de centres de loisirs communautaires, de laboratoires ouverts, d’établissements médicaux, d’installations de fabrication et plus encore.
Bien qu’ils font augmenter le coût total du pipeline, ces projets représentent des investissements judicieux. Le coût du branchement d’une canalisation d’amenée sur le pipeline principal pour approvisionner une communauté en gaz naturel, en plus des infrastructures connexes, serait de l’ordre de 10 millions de dollars. Ce montant peut sembler élevé pour une petite communauté, mais il correspond au prix de trois kilomètres (environ deux milles) de pipeline seulement. L’appui de la communauté ainsi que la démonstration de bonne foi pourraient très bien justifier ces dépenses pour la compagnie de pipeline.
L’analyse informatisée des options à l’aide de la solution GoldSET de Golder, entre autres, contribue énormément à la prise de décisions éclairées dans le contexte actuel. Nous considérons que la prise en compte de perspectives et de connaissances variées pour générer un maximum de possibilités, puis choisir les meilleures parmi celles-ci selon des critères communs, consiste en une pratique exemplaire pour l’avenir. Le processus de planification des tracés de pipelines s’en retrouvera transformé, car les intérêts et opinions de tous les intervenants seront pris en compte dans le produit final.