La publication en août 2017 du Cadre pancanadien sur la croissance propre et les changements climatiques a marqué l’introduction par Amarjeet Sohi, alors ministre de l’Infrastructure et des Collectivités, du concept d’« Optique des changements climatiques », un outil servant à mesurer les impacts climatiques prévus des projets d’infrastructure financés par le gouvernement fédéral.
Un an plus tard, l’Optique, outil d’évaluation des projets bénéficiaires de financements dans le cadre du Programme d’infrastructure Investir dans le Canada, du Fonds d'atténuation et d'adaptation en matière de catastrophes et du Défi des villes intelligentes, était discrètement lancé. Deux autres évaluations, soit l’évaluation de l’atténuation des émissions de GES et l’évaluation de la résilience aux changements climatiques, ont également été adoptées par le gouvernement fédéral pour évaluer les incidences sur l’environnement d’un projet donné.
L’évaluation des facteurs environnementaux pendant la phase d’approvisionnement du projet, au moyen de l’Optique ou d’un mécanisme similaire, est essentielle pour bâtir un pays robuste, sain et résilient. Il sera impossible pour le Canada d’atteindre ses objectifs de développement durable si les infrastructures continuent d’être construites ou réaménagées sans tenir compte des facteurs environnementaux dans le cadre du processus d’approvisionnement. Pour ce faire, les émissions doivent être calculées tout au long du cycle de vie de l’infrastructure, notamment lors du traitement et de la construction des matériaux le composant. On doit également trouver des solutions pour considérablement réduire les émissions de sorte qu’elles soient conformes aux objectifs de carboneutralité du Canada. La construction d’un actif contribue fortement à l’empreinte carbone de ce dernier tout au long de sa durée de vie et nous devons trouver un moyen de minimiser celle-ci grâce à la conception. Il faut également prévoir des mesures de résilience pour garantir que les actifs puissent être utilisés et adaptés, peu importe les perturbations environnementales vécues, que ce soit un événement météorologique extrême, une pandémie, de longues périodes de chaleur ou de froid, ou autre.
Pour que l’évaluation des facteurs environnementaux soit efficace, elle doit être mise en œuvre dès le début du processus de planification. De cette manière, l’évaluation peut être appliquée à l’évaluation environnementale, à la conception préliminaire et à la portée du projet. En l’incluant au tout début du processus, cela permet aux parties concernées de trouver et d’adopter des solutions novatrices pour atteindre les objectifs environnementaux du processus, plutôt que de les recommander ou de les imposer à des étapes ultérieures de l’approvisionnement.
Le recyclage d’actifs est un élément important de l’équation qui est souvent négligé. Dans le cadre du développement de nouveaux actifs et d’actifs réhabilités, les propriétaires doivent bâtir un plan pour déterminer comment les matériaux peuvent être utilisés de manière productive sans créer d’émission une fois que les actifs sont démolis. La structure en bois peut être démantelée et servir à construire d’autres actifs, le béton peut être broyé et recyclé pour construire des routes, par exemple, tandis que le verre et l’acier peuvent être recyclés. Et grâce aux innovations en production de ciment, d’acier et de verre à faible empreinte carbone, ces matériaux généreront moins d’émission pendant leur processus de production initial. Les matériaux de construction peuvent être intégrés à l’économie circulaire, ce qui contribue à réduire l’empreinte carbone du Canada.
Pour que le Canada atteigne ses objectifs climatiques, l’expansion et l’évolution de l’Optique des changements climatiques doivent se poursuivre. Bâtir l’évaluation des facteurs environnementaux dès les premières étapes du concept et de la conception permet de réduire l’empreinte carbone des projets et d’améliorer leur résilience.
En évaluant un projet en fonction de l’Optique des changements climatiques et en mesurant ses incidences sur l’environnement sur un pied d’égalité avec ses impacts sociaux et économiques, il est possible de bâtir le Canada que nous voulons avoir en 2050 d’une manière qui nous permette également d’atteindre nos objectifs de carboneutralité cette même année.