1. Nous sommes WSP
  2. Perspectives
  3. Gestion de projet stratégique : Naviguer entre la conformité et les attentes des parties prenantes
map marker Global | mardi 21 janvier 2025
Temps de lecture : 6 minutes

Les organismes de réglementation établissent leurs attentes, et les promoteurs de projets doivent y répondre. Mais la situation est plus complexe : on doit aussi tenir compte des attentes des intervenants, y compris de la population locale, et des engagements envers les politiques relatives aux facteurs ESG des promoteurs de projets. Comment les projets peuvent-ils respecter la réglementation et répondre aux attentes des intervenants, sans engendrer des coûts et des délais supplémentaires, et qu’arrive-t-il lorsque la réglementation ou l’engagement en faveur des facteurs ESG change?

De manière générale, les projets doivent être conformes à diverses réglementations environnementales et sociales. Toutefois, le simple fait de respecter ces règles pourrait ne pas être suffisant. Les intervenants ont souvent un point de vue unique sur ce qui est acceptable quant à l’impact sur l’environnement, le bruit ou l’interférence avec leurs lieux sacrés. Dans de tels cas, la conformité à la réglementation gouvernementale ne suffit pas : les attentes des intervenants entrent en ligne de compte. Ainsi, les promoteurs de projet doivent maintenir un équilibre délicat entre la promotion de relations positives avec les intervenants, leurs propres engagements en matière de facteurs ESG, comme la réduction des émissions de carbone ou des déchets générés, et le respect des exigences essentielles quant aux coûts et aux délais, comme nous le verrons plus loin.

Prenons l’exemple d’un projet d’infrastructure standard : la construction du City Rail Link à Auckland, une ligne ferroviaire composée de tunnels et d’un réseau en surface d’une valeur de 4 M$. Le projet bénéficie d’une grande acceptabilité sociale. Toutefois, pendant la période de construction, il cause des perturbations importantes à la circulation, génère du bruit et des vibrations et provoque des émissions de poussières.

Maree Drury
Nouvelle-Zélande

Thèmes et balises connexes

Dans les régions du monde où les collectivités sont informées et actives, il y a une pression du public pour aller au-delà de ce qu’exige la réglementation.

La réglementation impose des restrictions sur certains éléments du projet, par exemple les heures d’exploitation, les niveaux de bruit et de vibration et les normes en matière d’eaux pluviales. Mais dans les régions du monde où les collectivités sont bien informées et actives, il y a une pression du public pour aller au-delà des exigences réglementaires minimales. Cette pression peut provenir des détaillants situés le long de la route qui réclament une limitation du bruit. Elle peut aussi provenir des peuples autochtones ou des groupes environnementaux locaux qui exigent des mesures visant à empêcher les eaux de ruissellement des constructions de se déverser dans les cours d’eau à proximité, même dans les limites permises.

L’acceptabilité sociale : la favoriser et la maintenir

Toutes ces étapes peuvent contribuer à favoriser l’acceptabilité sociale d’un projet, soit l’acceptation des pratiques commerciales d’une entreprise par ses employés, ses intervenants et le public. Les mesures qui vont au-delà de la réglementation peuvent comprendre : 

Redistribution des eaux de ruissellement : la réglementation exige le retrait de 75 % des matières en suspension avant l’évacuation de l’eau dans les eaux de surface. Mais comme c’est souvent le cas en Nouvelle-Zélande, les communautés autochtones s’attendent à ce que les eaux rejetées soient d’une plus grande pureté. Elles s’attendent également à ce que les eaux soient évacuées vers des terrains, et non directement dans les eaux de surface, généralement dans des milieux humides ou des rigoles, pour permettre une purification naturelle. Cette attente est ancrée dans la profonde signification spirituelle que les ruisseaux et les rivières revêtent pour les Maoris, qui se traduit par un engagement profond à préserver leur propreté.

Bruit durant la construction : comme dans l’exemple du City Rail Link, de nombreux intervenants sont préoccupés par le bruit durant la construction. Ainsi, bien que les approbations permettent le bruit généré, une meilleure solution pratique doit être adoptée pour minimiser les impacts sonores. À la suite de plaintes et de l’attention des médias, les promoteurs de projets cherchent à éviter d’attirer l’attention et assument des coûts substantiels afin de respecter les délais, par exemple en relogeant des personnes à l’hôtel.

Répercussions sur la faune : si la construction d’une autoroute implique le franchissement d’une forêt qui offre un habitat important aux chauves-souris, on s’attend à ce que les impacts soient compensés. Cela engendre des coûts opérationnels initiaux et continus parfois élevés, par exemple, pour assurer le contrôle de la vermine dans la région. Bien que la notion d’« aucune perte nette » soit inscrite dans la réglementation et les énoncés de politique nationale, lorsque le gouvernement abrogera ces réglementations, la collectivité acceptera-t-elle la perte?

Embauche et approvisionnement locals : dans certains cas, les promoteurs de projets, par exemple le gouvernement central, ont exigé que 30 % des achats proviennent d’entreprises locales et que cet élément, qui s’inscrit dans les facteurs ESG, soit intégré dans les dossiers d’appels d’offres. Mais qu’arrive-t-il si le gouvernement change et que le nouveau gouvernement n’accorde pas la même importance à l’amélioration des compétences de la main-d’œuvre locale?

Bien que les organismes de réglementation peuvent imposer des pénalités, comme des amendes, et même forcer l’arrêt de projets, il ne faut pas sous-estimer l’influence des intervenants. Ils peuvent organiser des manifestations, bloquer l’accès à des routes, réclamer la tenue d’audiences et prendre des mesures qui engendrent des coûts et des délais.

Des précautions supplémentaires peuvent être prises en réponse à la pression des intervenants, mais les mesures peuvent être sujettes à des changements de priorités. Un tel scénario a récemment été observé en Nouvelle-Zélande, alors qu’un changement de gouvernement a mené à une approche visant à « faire le minimum ».

Dans de tels cas, les mesures volontaires, qui vont au-delà de la réglementation et approuvées par les intervenants, peuvent être reconsidérées ou même abandonnées.

Comment les entreprises de services professionnels peuvent-elles contribuer à la meilleure réalisation possible des projets? 

Les entreprises de services professionnels comme WSP jouent un rôle essentiel en facilitant la réalisation des projets d’infrastructure. Elles veillent à ce que ces derniers procurent des avantages, tout en préservant les intérêts des parties prenantes et l’environnement naturel. Leur rôle central englobe plusieurs éléments clés :

Renseignements sur les tendances et les règlements : les clients comptent sur les services de professionnels pour rester au fait des normes et de la réglementation en vigueur, notamment en ce qui concerne la qualité de l’air, les niveaux de bruit et l’engagement communautaire. Les entreprises doivent non seulement informer leurs clients des exigences existantes, mais elles doivent également suivre les tendances, par exemple, l’évolution des normes relatives aux eaux souterraines ou les changements de priorités des gouvernements à la suite d’élections.

Ajout des coûts liés aux facteurs ESG d’une entreprise ou d’un gouvernement et à l’acceptabilité sociale à la planification d’un projet : si de nombreux promoteurs reconnaissent la nécessité des consultations avec les collectivités, de l’atténuation des risques et de l’embauche locale, ils négligent souvent les aspects financiers qui y sont associés. Les entreprises de services professionnels peuvent aider en insistant sur l’importance de tenir compte de ces mesures dans le coût, le calendrier et la gestion globale du projet, dès le début de celui-ci.

Voir le projet d’un point de vue global : dans l’industrie minière, il est courant de tenir compte du coût de l’ensemble du cycle de vie d’un projet, y compris des coûts associés à l’entretien post-fermeture d’une mine. Les promoteurs devraient adopter cette façon de faire et inclure les coûts liés aux responsabilités continues – comme le maintien des sites dans lesquels des mesures compensatoires ont été mises en œuvre et la surveillance continue – dans leur planification. Les entreprises jouent un rôle essentiel dans la quantification de ces dépenses dès les premières étapes.

Conseils stratégiques : bien que les entreprises s’engagent à respecter la réglementation et à maintenir leur acceptabilité sociale, elles veulent des solutions rentables. Les entreprises de services professionnels doivent fournir des conseils stratégiques. Elles doivent aider les clients à choisir les mesures les plus efficaces pour que les projets obtiennent les autorisations nécessaires et souligner les facteurs non législatifs qui peuvent assurer la réussite du projet. Elles doivent adopter une approche proactive qui décrit les étapes nécessaires à la réalisation du projet. Il faut toutefois être prudent, car si les facteurs ESG sont intégrés à la documentation relative à l’octroi des permis, cela risque de « brouiller les pistes » quant au caractère obligatoire des éléments. Le client doit bien comprendre les conséquences qui en découlent.

Par conséquent, les professionnels doivent définir clairement les risques auxquels le promoteur est confronté, et la façon dont la situation pourrait évoluer si, par exemple, des modifications étaient apportées à la législation et les attentes de la communauté et des partenaires venaient à changer.

Bien que les exigences réglementaires et les attentes des intervenants exercent des influences distinctes sur la planification et la gestion des projets, leur impact combiné peut modifier le chemin vers la réussite. La reconnaissance de l’interaction nuancée entre ces facteurs souligne la nécessité pour les responsables de projets de faire appel à des conseillers professionnels expérimentés. Cette collaboration permet d’adopter une approche globale qui tient compte des complexités réglementaires et des besoins des intervenants et favorise la réussite du projet.

 

À propos de l’auteure :

Maree Drury, directrice technique

Maree est directrice technique chez WSP en Nouvelle-Zélande. Elle possède 30 ans d’expérience en planification et en gestion environnementale en Nouvelle-Zélande, en Afrique et dans des régions du Pacifique. Elle dirige des équipes de spécialistes en planification et en environnement afin d’offrir une réflexion et des conseils judicieux et stratégiques pour réaliser des enquêtes, des études d’impact environnemental et social (EIES), des partenariats avec les iwi et un engagement avec les intervenants qui représentent une approche optimale pour le projet et la collectivité dans le cadre de grands projets d’infrastructure. Elle a entre autres occupé le rôle de responsable de la planification et de l’environnement pour le projet de la ligne ferroviaire City Rail Link pendant trois ans, le plus important projet d’infrastructure de Nouvelle-Zélande à ce jour. Grâce à la profondeur et à l’étendue de l’expérience de Maree en leadership, en planification et en gestion de projet, elle possède les capacités techniques et les qualités comportementales pour diriger des équipes et des projets dans un large éventail de domaines de ressources, de secteurs d’activité et de processus de planification exigés par les administrations gouvernementales.