À partir de maintenant, les gens se préoccuperont bien davantage de la qualité de l’air du milieu dans lequel ils évoluent. Le virus a attiré l’attention sur le rôle que jouent les systèmes de traitement de l’air dans la propagation des infections et sur les incidences de la recirculation de l’air. Dorénavant, nous devrons adopter une approche bien plus réfléchie pour nous assurer que l’air qui circule dans les bâtiments commerciaux soit de bonne qualité. Ce sera l’une des décisions d’ingénierie les plus importantes pour la conception d’immeubles de bureaux.
Afin de réduire la consommation énergétique, les systèmes de climatisation de l’air des bureaux limitent le niveau de filtration et la part de l’air extérieur qui pénètre dans le bâtiment à un seuil jugé suffisant pour éviter les mauvaises odeurs et rafraichir l’espace.
Dans les hôpitaux, les espaces essentiels comme les salles d’opération ou les services de soins intensifs sont dotés de systèmes de filtration hautement performants, capables de ventiler l’air intérieur en utilisant 100 % d’air extérieur. Dans une salle de théâtre, l’air est renouvelé 20 fois par heure, contre deux fois seulement dans un bureau.
Les pandémies ne sont pas des événements récurrents, mais restent possibles.
Nous devons donc élaborer nos conceptions avec soin en veillant à ce que l’air soit de grande qualité dans les bureaux. Il pourrait être trop coûteux de ventiler en utilisant uniquement de l’air extérieur, car cela voudrait dire qu’il faudrait rafraichir ou réchauffer de grandes quantités d’air à chaque fois. Néanmoins, on devrait pouvoir adapter les systèmes de traitement de l’air pour y ajouter des niveaux de filtration. Les systèmes de distribution de l’air pourraient être dotés d’un second mode de fonctionnement, qui permettrait de les réviser facilement si nous devions revivre une situation semblable à l’avenir.
Nous devrons utiliser des capteurs pour connaitre la qualité de l’air d’un espace.
En général, les capteurs de ce type n’ont pas leur place dans les espaces de bureau et ne font pas partie d’une routine de test hebdomadaire ou mensuelle. Dans les conceptions actuelles, on limite les niveaux de substances toxiques, comme les composés organiques volatils (COV) et le formaldéhyde, mais il faut maintenant aussi mesurer le degré de contamination et la présence de bactéries dans un bâtiment. De plus, les codes et les lignes directrices liés aux bâtiments doivent être mis à jour pour fixer un niveau de contaminants acceptable pour les habitations résidentielles.
La qualité de l’air insufflé dans un espace dépend de l’équipement utilisé.
Il faut aussi tenir compte de la durée de vie des systèmes de traitement de l’air et des autres équipements qui sont utilisés dans les bureaux. Faute d’entretien régulier, les systèmes sont souvent amenés à se dégrader et les filtres ne sont pas changés régulièrement, ce qui nuit à leur efficacité. Parfois, les propriétaires de bâtiments ne remplacent pas l’équipement en fin de vie en raison du coût que cela représenterait. Ils essaient plutôt de trouver des moyens de prolonger la durée de vie de l’équipement, espèrent que tout ira pour le mieux et attendent que les systèmes tombent en panne. Au fil du temps, les matériaux finissent par rouiller et les surfaces métalliques à l’intérieur des vieux systèmes de traitement de l’air ne sont donc plus protégées. La rouille retient davantage les moisissures et les bactéries, qui finissent par se retrouver dans les conduits, puis dans les espaces où se trouvent les usagers du bâtiment.
Il faut aussi s’assurer de nettoyer régulièrement les conduits d’air.
Un bâtiment est conçu pour durer entre 20 et 30 ans, mais les conduits d’air ne sont nettoyés qu’au moment de la construction ou quand vient le temps de faire des rénovations. Lorsqu’on teste la qualité de l’air d’un conduit ou qu’on l’ouvre pour le rénover, c’est là que l’on constate à quel point l’air peut être de mauvaise qualité. Pour les nouveaux systèmes qui sont installés dans les immeubles de bureaux, les ingénieurs recommandent par écrit à l’entrepreneur de faire entièrement nettoyer les conduits avant de remettre le bâtiment aux mains du propriétaire, mais rares sont ceux qui suivent cette recommandation. C’est une étape que nous devons faire appliquer au niveau de la construction. Du point de vue de l’exploitation, il faut aussi s’assurer que les conduits sont régulièrement nettoyés et désinfectés. Je recommanderais de le faire au moins une fois par trimestre.
Dans les laboratoires, tous ces éléments sont régulièrement testés.
Les laboratoires doivent répondre à certaines normes ISO. Pour que les expériences fonctionnent, il est essentiel que la température et la qualité de l’air qui y circule soient maitrisées. Je me dis toujours que si nous sommes capables de contrôler l’air utilisé pour les produits chimiques, l’équipement scientifique ou les animaux de laboratoire, il n’y a pas de raison que nous ne puissions pas le faire aussi pour les humains!