Selon le Forum économique mondial (FEM), près de la moitié du PIB mondial dépend directement de la nature et l’autre moitié en dépend indirectement (lien en anglais). Les personnes et les communautés, et par extension, les entreprises qui les soutiennent dépendent intrinsèquement de la nature. La perte de biodiversité et la perturbation des fonctions de l’écosystème sont en train de pousser la nature au-delà du point de bascule, entraînant des effets dévastateurs pour les entreprises et la société en général, comme en témoigne la pandémie de COVID-19.
En reconnaissant les impacts potentiels de la perte de biodiversité sur nos entreprises, nous serons non seulement capables de prévenir et de résoudre les risques globaux de demain, mais nous ouvrirons également la porte à une multitude d’occasions d’affaires. Pour se préparer à l’avenir, les entreprises doivent être sensibilisées aux enjeux, mais aussi être conscientes des gains qui découlent de l’intégration de la biodiversité dans leurs évaluations courantes des risques et des occasions.
Se repositionner pour affronter l’avenir
En intégrant la biodiversité dans leurs stratégies, les entreprises peuvent se protéger contre :
- Risques opérationnels : La perte ou la dégradation des actifs naturels ou des services écosystémiques peut affecter les performances financières de secteurs entiers. On estime par exemple que le secteur agricole enregistrera des pertes annuelles de 235 à 577 milliards de dollars en production alimentaire mondiale en raison de la réduction du nombre d’insectes pollinisateurs (lien en anglais).
- Risques réglementaires : Les règlements axés sur la biodiversité feront bientôt leur entrée. La COP15 déclenchera une avalanche de règles plus strictes concernant l’utilisation d’habitats particuliers, d’exigences en matière de signalement et de réformes des subventions, pour ne citer que quelques changements. Plusieurs pays ont d’ailleurs déjà commencé à mettre de tels règlements en place. Ainsi, le Royaume-Uni a imposé une nouvelle exigence que tous les projets de développement doivent respecter, soit générer des gains nets de 10 % en matière de biodiversité. Une adoption précoce pourrait permettre aux entreprises d’éviter des coûts importants liés à la conformité réglementaire.
- Risques d’investissement : Les banques et les investisseurs sont de plus en plus nombreux à adopter des exigences rigoureuses concernant la biodiversité dans le cadre de leurs politiques de prêt et d’investissement, et ce, dans le but de garder une longueur d’avance en matière de réglementations et d’éviter de se retrouver avec des actifs délaissés dus à de nouveaux règlements relatifs à la biodiversité. En omettant de prendre en compte la biodiversité dans leurs évaluations et leurs stratégies, les entreprises risquent d’être confrontées à des coûts en capital plus élevés et de se buter à des obstacles lorsque viendra le temps d’acquérir des emprunts ou des capitaux propres.
- Risques pour la réputation : L’incapacité d’une entreprise à reconnaître les impacts négatifs, directs ou indirects, sur la biodiversité peut à son tour nuire à son image. Ces risques pour la réputation deviennent de plus en plus importants, car les consommateurs, les employés, les investisseurs, les décideurs politiques et les communautés locales choisissent quelles entreprises soutenir en fonction de leur comportement vis-à-vis des questions sociales et environnementales.
Par ailleurs, les entreprises qui prennent en compte la biodiversité de manière proactive dans leur processus décisionnel découvriront d’innombrables possibilités. Selon le FEM, contribuer à restaurer la nature pourrait débloquer 10 billions de dollars et créer 395 millions d’emplois d’ici 2030 (lien en anglais). Dans un contexte d’affaires, pour chaque risque décrit ci-dessus, il existe une occasion équivalente à saisir.
- Économies en matière de coûts d’exploitation : Les entreprises peuvent réussir à réduire leurs coûts d’exploitation et obtenir de multiples autres bénéfices. Pour ce faire, elles n’ont qu’à adopter des solutions fondées sur la nature et ainsi soutenir la restauration et renforcer la résilience des actifs naturels et des services écosystémiques. Par exemple, pour une entreprise de distribution de l’eau, aménager une roselière est une solution axée sur la nature moins coûteuse que les options conventionnelles d’ingénierie. En effet, elle permet non seulement de réduire les coûts de traitement des eaux et d’améliorer la fiabilité de leur distribution, mais également d’enrichir la biodiversité, de renforcer la résilience des écosystèmes locaux et d’améliorer la qualité de vie des communautés.
- Conformité réglementaire : Tandis que les politiques en matière de biodiversité deviennent de plus en plus rigoureuses et sont introduites, les entreprises ont la possibilité de collaborer activement avec les gouvernements pour élaborer ces politiques et mesures incitatives, et ainsi obtenir des résultats qui profitent à la nature comme aux entreprises.
- Des investisseurs qui vous font confiance : Les entreprises qui s’imposent comme figure de proue de la mise en œuvre de politiques en matière de biodiversité inspirent la confiance des investisseurs. Ils sont donc nombreux à vouloir travailler avec ces entités et leur offrent des modalités de financement plus favorables.
- Une réputation qui inspire confiance : Les entreprises qui adoptent et établissent des mesures concrètes (et approuvées) ayant des répercussions positives sur la biodiversité amélioreront leur réputation au sein des communautés. Les gens sont de plus en plus conscients de l’environnement et choisiront donc de travailler pour des entreprises qui partagent ces mêmes valeurs ou d’acheter les produits de telles compagnies. Les communautés locales soutiendront les projets de développement qui améliorent leur milieu local. Enfin, les décideurs verront d’un œil favorable les projets qui les aideront à atteindre leurs objectifs en matière de biodiversité.
Pour résumer, il y a beaucoup à perdre en négligeant la biodiversité, mais beaucoup à gagner en la préservant.
Quant à la COP15 et à l’avenir, les entreprises seront de plus en plus tenues de divulguer leurs répercussions sur la nature et les mesures qu’elles adoptent pour y remédier. Grâce à une réflexion stratégique et à une planification minutieuse, la nature et la biodiversité peuvent être liées de manière positive à toutes les facettes des activités d’une entreprise. Il est donc dans l’intérêt de ces dernières de commencer à tenir compte de la biodiversité dans leurs activités normales.