Aujourd’hui, environ 2.1 milliards de personnes dans le monde n’ont toujours pas accès à l’eau potable et à l’assainissement.1 Il en résulte que plus de 340 000 enfants âgés de 5 ans et moins meurent annuellement à cause de maladies hydriques, ce qui correspond en moyenne à un décès à chaque deux minutes.1
Le problème ne s’arrête pas au taux élevé de mortalités infantiles. Le manque d’eau entraîne aussi des conséquences sur l’éducation et l’économie, entre autres, car les personnes affectées doivent quotidiennement aller chercher de l’eau pour s’approvisionner au lieu d’aller à l’école ou de travailler. Les sources d’eau et les points de collecte étant plus souvent qu’autrement éloignés des maisons, les risques d’attaques ou d’agressions sexuelles, particulièrement envers les femmes et les enfants qui sont plus vulnérables, s’en voient fortement augmentés.
Impact, au Canada et à l’étranger
Dans le cadre de la tournée d’impact en Bolivie organisée par Water For People, j’ai eu l’opportunité de visiter des communautés qui vivent dans ces conditions. Cette expérience m’a permis de voir la difficulté qu’éprouve ces gens pour combler leurs besoins vitaux, les marques de souffrance dans leur visage et le sentiment de crainte qui les habite. La misère se faisait vraiment ressentir. De telles rencontres ne laissent personne indifférent. Elles font réaliser la chance qu’on a et la futilité de nos problèmes.
Contrairement à la croyance populaire, la crise mondiale de l’eau n’affecte pas seulement les pays du tiers monde ou les pays pauvres et moins développés comme la Bolivie. Il s’avère que nous n’avons pas à chercher trop loin pour le constater.
Le Canada est privilégié de détenir approximativement 7% des ressources renouvelables d’eau douce du monde alors que le pays compte seulement 0.5% de la population mondiale.2 Pourtant, l’eau potable n’est pas accessible pour tous au Canada. En effet, les peuples autochtones sont clairement marginalisés et loin d’avoir les conditions d’approvisionnement en eau qui existent hors des réserves indiennes. En date du 9 mai dernier, 58 avis à long terme sur la qualité de l’eau potable étaient toujours en vigueur à travers le pays.3 Pour vous mettre en contexte, un avis concernant l’eau potable est émis lorsque la consommation, voire même l’utilisation, de l’eau disponible pose un risque pour la santé publique. Ce dernier devient officiellement à long terme lorsque le problème persiste depuis plus d’un an. Le simple fait que des avis puissent demeurer un an sans que personne ne remédie à la situation est selon moi inacceptable. On parle ici d’un droit fondamental étant bafoué. Ceci dit, qu’un total de 58 avis à long terme soient présentement recensés dans un pays développé où les ressources hydriques abondent est tout simplement honteux. Pire encore, certains d’entre eux datent de plusieurs décennies.
Le cas de Shoal Lake
C’est le cas de la tristement célèbre réserve indienne située à la bande 40 du lac Shoal, mieux connue sous son appellation anglaise « Shoal Lake No. 40 », qui chevauche les frontières du Manitoba et de l’Ontario.
Il y a exactement un siècle, la ville de Winnipeg a décidé de construire un aqueduc s’étendant sur 153 km de long pour puiser l’eau du lac Shoal et pallier aux besoins en eau de sa population et de ses activités industrielles qui étaient alors en pleine croissance.4 Pour ce faire, la ville a dû s’acquérir des terres ancestrales qui appartenaient aux Premières Nations et creuser un canal de dérivation qui a littéralement coupé la péninsule du continent, transformant ainsi la réserve Shoal Lake No. 40 en une île complétement isolée du reste de la société. Toujours en 1919, un barrage a été construit pour contrôler la quantité et protéger la qualité de l’eau qui est acheminée vers Winnipeg. D’un côté de celui-ci, le réservoir qui alimente les habitants de la capitale Manitobaine contient de l’eau propre, de l’autre, l’eau qui borde la réserve indienne est désormais contaminée.
Pendant que les résidents de Winnipeg n’ont qu’à ouvrir leur robinet pour s’approvisionner en eau potable, les Premières Nations qui se trouvent à la source en sont privées. Depuis 1997, les résidents de Shoal Lake No. 40 doivent faire bouillir leur eau avant de pouvoir la consommer, sans quoi ils tomberont gravement malades. Ils ont aussi la possibilité d’opter pour de l’eau embouteillée. Or, non seulement ce choix entraîne des coûts supplémentaires, mais le seul moyen d’accéder à l’île correspond à un traversier pendant la saison estivale ou à un pont de glace durant l’hiver. Par conséquent, plusieurs membres de la communauté ont chuté sous le couvert de glace du lac gelé et se sont noyés alors qu’ils tentaient d’aller se ravitailler.

© https://www.winnipegfreepress.com/local/so-near-so-far-113126539.html
Effort collectif
Il y a malheureusement trop d’exemples comme celui-ci qui existent. Il est toutefois possible de venir en aide aux communautés autochtones dans le besoin. La première étape consiste à s’informer sur le sujet pour être conscient de la situation actuelle, d’où le but de ce blogue. Le changement passe également par la sensibilisation des gens. N’hésitez donc pas à en parler à votre entourage ou à partager des articles que vous avez aimés sur vos réseaux sociaux. Ensemble, donnons une voix à ceux qui subissent des injustices sociales, mais qui ne sont pas en mesure de revendiquer leurs droits.
Finalement, il va sans dire que les communautés privées d’un accès à l’eau potable ont besoin d’un appui financier. Donnez généreusement à des organismes sans but lucratif qui sont dédiés à la cause comme Water For People si vous en avez l’occasion.
J’ai été témoin de la différence que cette œuvre de charité a faite, par le biais des dons qu’elle a reçus, dans la vie des familles auxquelles elle est venue en aide et je peux garantir que votre générosité aurait un impact réel dans la lutte contre la crise mondiale de l’eau!
RÉFÉRENCES
- United Nations. (2019). Water, Sanitation and Hygiene. Retrieved May 12, 2019, from http://www.unwater.org/water-facts/water-sanitation-and-hygiene/
- Government of Canada. (2018, September 13). Water and the Environment. Retrieved May 12, 2019 from https://www.canada.ca/en/environment-climate-change/services/water-overview/frequently-asked-questions.html
- Government of Canada - Indigenous Services Canada. (2019, May 10). Ending long-term drinking water advisories. Retrieved May 12, 2019, from https://www.sac-isc.gc.ca/eng/1506514143353/1533317130660
- Environmental Justice Atlas. (2019). Shoal Lake 40 boil water advisory, Canada. Retrieved May 15, 2019, from https://ejatlas.org/conflict/shoal-lake-40-boil-water-advisory