Les avalanches, les tremblements de terre, les inondations, les ouragans, les glissements de terrain, les violentes tempêtes, les ondes de tempête, les tornades, les tsunamis et les feux de forêt ne sont que quelques-uns des aléas de la nature qui se produisent au Canada. La plupart des gouvernements municipaux et régionaux disposent de services de gestion des situations d’urgence, qui produisent des documents de préparation aux situations d’urgence dans lesquels se trouve la marche à suivre permettant d’atténuer les dommages et les risques liés aux éventuelles situations d’urgence.
Les points de rassemblement existent pour que tout le monde sache où se regrouper en cas d’urgence. Ce sont des lieux de rencontre stratégiques qui permettent de réunir l’ensemble de la population d’une même zone. Or, ces points de rassemblement pourraient être bien plus que de simples lieux de regroupement. À l’heure de l’infrastructure intelligente, il est possible de créer une solution intégrée sous la forme d’une structure de points de rassemblement intelligente. Cette structure pourrait même être incorporée à l’identité de la communauté, de la municipalité ou de la région qui l’utilise et servir d’outil de collecte de données et de partage d’information.
Les points de rassemblement numériques intelligents pourraient faire partie d’une vaste solution industrielle d’Internet des objets qui serait appliquée aux conditions environnementales et météorologiques, aux systèmes d’alerte précoce en cas de tremblement de terre et de tsunami et aux dispositifs de suivi des infrastructures. Cette solution intégrerait également des outils de saisie de données, comme des caméras et des détecteurs.
Les points de rassemblement pourraient servir à diffuser de l’information grâce à des écrans à DEL sur lesquels s’afficheraient les renseignements destinés aux résidents. Ce seraient les autorités locales, comme les municipalités, qui détermineraient les données ou les renseignements à partager. Elles pourraient aussi diffuser un programme de sensibilisation destiné aux plus jeunes sur des écrans à DEL qui seraient installés dans des parcs ou des espaces récréatifs.
Les points de rassemblement intelligents pourraient également servir à appuyer les activités axées sur le bien-être, la santé et la sécurité. On pourrait les équiper de caméras de surveillance à 360 degrés et de systèmes d’éclairage pour améliorer la sécurité des espaces de la collectivité, et ce, même dans les zones reculées ou rurales.
Nous avons demandé à plusieurs experts WSP de divers secteurs de nous expliquer les incidences que les points de rassemblement numériques intelligents pourraient avoir sur leur travail et comment ils pourraient les intégrer aux infrastructures dans un avenir proche.
Brittany Baverstock
Conceptrice-paysagiste, WSP
Compte tenu des défis actuels auxquels nos collectivités et notre environnement sont confrontés, nous devons absolument concevoir des infrastructures qui anticipent les changements. Il est essentiel de mener des stratégies novatrices en adoptant une planification multidisciplinaire qui permette d’atténuer les changements climatiques et environnementaux à venir. L’architecture du paysage est utile, car des stratégies préventives peuvent être appliquées à l’aménagement paysager.
Le service Aménagement, architecture du paysage et design urbain (AAPDU) de WSP peut concevoir des espaces extérieurs multifonctionnels qui renforcent l’identité culturelle du patrimoine canadien tout en intégrant des structures numériques intelligentes. Il crée ainsi des espaces extérieurs résilients dotés d’une technologie intégrée, qui peuvent s’adapter à l’évolution des conditions naturelles due aux perturbations d’origine naturelle et humaine. Ces espaces extérieurs multifonctionnels servent aussi de catalyseurs pour créer des infrastructures urbaines et des espaces urbains plus résilients.
Royce Greaves
Responsable de la gestion d’actifs en transport, WSP
Une fois doté d’un équipement technique adéquat, le point de rassemblement intelligent pourrait fournir des renseignements utiles et précis qui permettraient de savoir comment utiliser les lieux qui l’entourent et de mieux comprendre les besoins des utilisateurs de la zone dans laquelle il se trouve (il fournirait, entre autres, le nombre et le type d’utilisateurs, leur vitesse, le temps qu’ils ont passé au point de rassemblement). Au final, on comprendrait mieux les besoins actuels et prédictibles en matière d’infrastructure pour la zone en question. Cela permettrait également de faire le suivi des données liées aux aménagements de la zone, comme celles liées au bruit et à la présence de polluants urbains courants tels que le dioxyde d’azote.
Heidi Lovett
Chef d’équipe, Terrains contaminés, WSP
En général, dans les secteurs de l’environnement ou de la géotechnique, notre travail consiste à recueillir des données et à en faire le suivi, à travailler avec d’autres scientifiques et ingénieurs afin de préserver l’environnement ou encore à offrir des solutions techniques pour améliorer la qualité de l’air que nous respirons, de l’eau que nous buvons et que nous utilisons à des fins récréatives et de la terre que nous cultivons, ainsi que pour améliorer l’état du sol sur lequel nous construisons des bâtiments, vivons et marchons. Cela fait maintenant plusieurs années que les consultants en environnement et en géotechnique consignent manuellement des données en utilisant des détecteurs à distance, des enregistreurs de données, des systèmes de télémétrie ou des dispositifs d’échantillonnage pour répondre aux besoins particuliers de leurs clients. Nos partenaires gouvernementaux utilisent aussi ce type de technologies et partagent immédiatement les renseignements recueillis avec le grand public.
Tandis que nous développons le concept d’infrastructures intelligentes (en nous appuyant sur la collecte de données géospatiales), les ingénieurs en environnement pourraient recueillir de l’information, comme des données sur la météorologie et la qualité atmosphérique, sur les niveaux des eaux superficielles et des eaux souterraines et leur qualité, sur les mouvements et la stabilité du sol et sur la faune et la flore.
Le concept des infrastructures intelligentes nous amène à nous demander : en quoi ce type d’infrastructures pourrait-il nous aider à mieux gérer nos déchets?
Michael Jackson
Directeur, Génie électrique, WSP
Il me semble que les points de rassemblement intelligents pourraient tirer profit des systèmes de notification de masse, des systèmes d’intervention d’urgence provinciaux, des alertes Amber, des alertes provenant de médias d’information et des alertes météorologiques. Des données sont déjà recueillies aujourd’hui et je m’attends à ce que cela s’accentue fortement grâce à la 5G et à l’Internet des objets. D’après moi, il y aura beaucoup plus de données disponibles dans les années à venir. De plus, la technologie existe déjà pour les dispositifs d’affichage, d’éclairage et de contrôle. Le tout est de relier les données et les résultats disponibles aux appareils. Il faudra réussir à partager de façon logique les données qui sont et qui seront disponibles, sans délai ni interférence humaine immédiate. Il sera essentiel de savoir traiter les algorithmes et les données complexes, ce qui nécessitera l’intervention de services d’ingénierie logicielle en intelligence artificielle. Dans notre secteur, nous savons bien recueillir les données sur nos clients et mettre en place des outils technologiques et nous continuons à nous améliorer sur ces points. Nous nous efforçons toujours d’aider les clients à tirer au maximum profit des données.
Intégrer la culture aux infrastructures
Dans la culture sud-africaine, différentes communautés s’identifient aux totems. C’est aussi le cas des Premières Nations, partout au Canada, qui organisent des cérémonies au cours desquelles elles sculptent des troncs d’arbres, puis érigent des totems.

Les totems font partie des monuments qui permettent aux Premières Nations de commémorer leurs ancêtres, leur histoire, leur patrimoine, leurs peuples et leurs événements.
Et si, après avoir mené une consultation détaillée auprès des Premières nations, nous pouvions concevoir et commander des totems numériques intelligents pour différentes communautés et les placer au centre de nos Plans d’intervention en cas d’urgence révisés dans les zones à haut risque, comme les zones côtières ou celles qui sont vulnérables aux catastrophes d’origine naturelle ou humaine?
Ces totems numériques intelligents pourraient comporter des éléments visuels qui honoreraient et souligneraient la culture locale des Premières Nations. Ils serviraient de structures aux points de rassemblement et seraient placés à des endroits stratégiques, au centre de nos Plans d’intervention en cas d’urgence.
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Kris VanderBurg
Directeur, Affaires autochtones, WSP
WSP travaille depuis longtemps avec un groupe autochtone qui comprend des communautés des Premières Nations, des Métis et des Inuits de tout le Canada. Nous sommes le partenaire de confiance de bon nombre de ces communautés au pays, à qui nous offrons de l’expertise en solutions d’infrastructure, d’environnement, de géomatique et de transport. Nous travaillons avec ces communautés pour résoudre certains problèmes et nous leur apportons des solutions d’avant-garde qui auront des incidences bénéfiques pour les générations actuelles et à venir. Les totems sont au cœur de l’histoire et de la culture des Premières Nations. Nous avons intégré des technologies novatrices et collaboré avec des groupes autochtones partout où nous menions déjà des activités au Canada, ce qui nous a permis de tisser de solides relations. Nous sommes donc convaincus de pouvoir contribuer à créer une nouvelle solution de collecte de données qui intégrera une partie importante de la culture autochtone, et nous sommes ravis de participer à cette aventure.
Om Joshi
Gestionnaire, Planification municipale, WSP
Je crois que nous avons l’occasion de mettre l’accent sur les points de rassemblement et de les rendre plus visibles pour la communauté. On pourrait utiliser une structure de point de rassemblement qui ressemblerait à un totem pour localiser un lieu stratégique de notre Plan d’intervention en cas d’urgence de la communauté, comme un parc ou un autre lieu de rencontre. Les totems numériques intelligents qui seraient intégrés aux parcs ou aux lieux de rassemblement permettraient de mettre l’accent sur le Plan d’intervention en cas d’urgence et de sensibiliser la communauté tout en soulignant son histoire et son patrimoine uniques. En planification urbaine, c’est ce qu’on appelle créer des lieux de rencontre.
Architecture de système
En gardant à l’esprit les visions conceptuelles et les réflexions de nos experts, comment pourrait-on concevoir ces points de rassemblement? Une solution pourrait être d’utiliser ces points de rassemblement comme des outils de suivi des données en temps réel. L’architecture de système complexe présentée ci-dessous montre comment l’utilisation d’un relai et d’une unité de contrôle permet de simplifier le suivi des données en temps réel. Certains événements, comme les alertes Amber, les alertes précoces en cas de tsunamis ou encore la détection de taux élevés de pollution atmosphérique ou de contamination, peuvent être configurés pour enclencher un dispositif relais qui transmet l’information à une unité de contrôle. Cela permet de faire le suivi des événements en temps réel et de prendre des mesures appropriées en fonction des données recueillies sur le terrain par les différents détecteurs installés dans la structure intelligente.

Une autre solution consisterait à créer ces points de rassemblement comme des outils permettant de recueillir et de partager les données. L’architecture de système complexe présentée ci-dessous montre comment les résultats des détecteurs installés sur le terrain peuvent être connectés à un modem ou à un routeur pour envoyer de l’information par l’intermédiaire d’un VPN à des bases de données de différentes catégories. Les renseignements peuvent être récupérés en faisant des recherches dans les bases de données afin de modéliser les tendances. Ils peuvent même être renvoyés à la structure intelligente pour être partagés comme de l’information utile dans les communautés où se trouvent ces structures.

Les points de rassemblement numériques intelligents pourraient servir d’outils multifonctionnels pour améliorer la sécurité du public, la gestion des urgences, la sensibilisation de la communauté, l’aménagement de l’espace et le partage des informations, ainsi que pour rendre hommage à la culture de la communauté. En plus de permettre de centraliser l’information, les points de rassemblement pourraient littéralement changer des vies s’ils servaient de systèmes d’alerte précoce. L’utilisation de tels systèmes permettrait d’atténuer grandement les dommages causés par des événements tragiques, comme le récent cyclone tropical Idai en Afrique du Sud. Dans les communautés reculées et mal desservies tout particulièrement, le fait de recourir à un centre d’intervention en cas d’urgence numérique et centralisé et à un système d’alerte précoce pourrait réduire les effets néfastes des phénomènes météorologiques extrêmes et les autres risques qui y sont associés.
La technologie qui permet de mettre en place ces infrastructures existe déjà. Il suffirait de la proposer aux groupes d’intervenants et aux communautés. Grâce à ce type d’innovations, de petits changements peuvent avoir de grandes incidences. Au fur et à mesure que nos infrastructures générales deviennent de plus en plus connectées et intelligentes, il est important que nous continuions à trouver des occasions synergiques comme celles-ci pour protéger et valoriser nos communautés.