Les soins de santé ont connu une révolution technologique au cours des dernières années, et la pandémie de COVID-19 n’a fait qu’accélérer la tendance. L’analyse de données intégrée est une composante essentielle de cette révolution, car elle a le potentiel d’améliorer les résultats pour les patients et de faciliter l’accès aux données relatives à la santé. Dans cet article, nous examinons comment l’analyse de données intégrée peut favoriser des soins de santé Conçus pour l’avenir dans un monde post-COVID-19.
Matthew Salisbury, responsable des soins de santé pour WSP en Australie, affirme ceci : « Le secteur est en constante évolution et, compte tenu des nombreuses considérations techniques et opérationnelles, il exige des concepteurs qu’ils s’adaptent en permanence et qu’ils aillent au-delà des solutions traditionnelles.
Les modèles de prestation de soins de santé sont perturbés à bien des égards : progrès technologiques en matière de traitement, consultations à distance, contraintes physiques des actifs existants, désir de bâtiments plus adaptables et plus résistants, capacités de contrôle des infections, réponse au changement climatique, etc. Il est donc impératif que nous adoptions la technologie pour améliorer les soins de santé. »
La vérité se trouve dans les données. Alors comment l’analyse de données intégrée peut-elle conduire à un secteur de la santé Conçu pour l’avenir et comment pouvons-nous l’exploiter?
L’importance des données mise en lumière par la pandémie de COVID-19
Les modèles statistiques basés sur des données utilisent généralement le passé pour prédire l’avenir, mais personne n’a su prédire la crise sanitaire introduite par la pandémie de COVID-19. Comme il s’agissait d’une crise sans précédent, la plupart des modèles fondés sur des données historiques ont cessé de fonctionner correctement. En effet, les modèles économiques, sociaux, de transport et d’utilisation de l’énergie ont été bouleversés par les réactions des gouvernements, des collectivités et des individus. Les soins de santé n’ont pas fait exception à la règle; des rendez-vous ont été retardés ou annulés et des opérations chirurgicales non urgentes ont été suspendues à plusieurs reprises pour de nombreux patients.
Inversement, la pandémie nous a également donné un aperçu de l’énorme potentiel des données lorsqu’il s’agit de nous aider. L’Australian Institute of Health and Welfare met actuellement en place une plateforme nationale de données liées. Cette plateforme et l’analyse d’ensembles de données toujours plus vastes renforceront notre offre dans le domaine des soins de santé fondés sur des données probantes et détermineront nos réponses face aux crises dans l’avenir. Les informations fournies par les plateformes de ce type permettent également aux concepteurs actuels et futurs de s’arrêter et de se demander si ce qui se fait actuellement est la bonne solution compte tenu de l’objectif unique et unifié visé, soit obtenir de meilleurs résultats pour les patients de la manière la plus efficace et la plus intégrée possible.
La révolution de l’information dans le secteur des soins de santé
Peu de secteurs devraient bénéficier davantage de l’adoption rapide des plateformes et des technologies que celui des soins de santé. De fait, l’un des domaines qui connaît la croissance la plus rapide est l’informatique de la santé, c’est-à-dire l’application clinique des données et de la technologie numérique. John Wall, conseiller technique principal, Metro North Hospital and Health Service de Brisbane, décrit les informaticiens comme étant le pont entre l’informatique et les cliniciens. Ils en savent assez pour parler aux membres des TI, et ils comprennent comment recueillir, gérer et valider les données de recherche, et comment elles peuvent être appliquées pour aider à prendre de meilleures décisions.
Roneel Singh, directeur des systèmes technologiques de WSP, décrit l’analyse de données intégrée comme une combinaison de données cliniques, de données sur l’expérience des utilisateurs, de données sur le flux de travail et de données sur les installations, c’est-à-dire l’ensemble du parcours du patient, son environnement étant pris en compte au même titre que les données cliniques.
Selon lui, « la santé numérique est généralement considérée dans le contexte des hôpitaux intelligents. Ces établissements utilisent les données et la technologie pour améliorer le travail que les professionnels de la santé, les hôpitaux et les services de gestion des installations effectuent déjà en rendant les choses plus efficaces et en contribuant à résoudre les problèmes liés aux soins aux patients, au flux de travail et à l’efficacité opérationnelle. »
« Par exemple, nos experts numériques mondiaux ont travaillé avec le Children’s National Hospital de Washington D.C. pour mettre en place un nouveau centre de commandement de télésanté, qui correspond en quelque sorte à une tour de contrôle de la circulation aérienne pour les cliniciens de l’unité de soins intensifs de cardiologie. Ce centre leur permet de surveiller à distance les diagnostics des enfants en temps réel, à partir d’un seul endroit. »
Le savoir, c’est le pouvoir
La technologie peut rendre plus transparents les flux complexes des soins de santé. Un hôpital intelligent n’est intelligent que s’il répond aux besoins des patients, des cliniciens, des visiteurs, des gestionnaires de l’établissement et des administrateurs. C’est pourquoi les ingénieurs du numérique travaillent avec divers intervenants pour comprendre leurs cas d’utilisation.
Qu’il s’agisse des médecins, du personnel infirmier, des aides-soignants ou des administrateurs, la première chose à prendre en considération est la manière dont les données et la technologie peuvent les aider à relever les problèmes auxquels ils font face et à les résoudre. Ensuite, il faut tenir compte des systèmes du bâtiment et des capteurs qui doivent être installés dans un établissement de soins de santé pour obtenir un résultat satisfaisant.
Dès le départ, il est important de poser des questions sur le fonctionnement actuel des soins de santé, ainsi que sur le moment de l’inauguration du bâtiment. La question principale consiste à savoir quels systèmes du bâtiment appuieront les approches actuelles et futures en matière de soins de santé. Il est également essentiel de prévoir une certaine flexibilité afin de pouvoir répondre aux besoins en matière de programmes et de technologies tout au long du cycle de vie de l’actif.
Le nouvel hôpital de Dunedin, qui doit ouvrir ses portes en 2028, constitue un bon exemple d’endroit où le numérique joue un rôle important dans la réussite d’un projet. L’équipe numérique d’experts locaux et mondiaux de WSP travaille en étroite collaboration avec Te Whatu Ora pour mettre en place une infrastructure et des systèmes numériques qui permettront d’assurer l’avenir des installations.
« Lorsque nous parlons d’un idéal à atteindre relativement aux résultats cliniques, pour les patients ou pour les activités d’un hôpital, nous concrétisons ces aspirations en considérant ce qui doit être fait différemment dans le bâtiment, ajoute M. Singh. Par exemple, quels sont les systèmes de contrôle nécessaires et quelles sont les données générées par ces systèmes? »
« Supposons qu’un hôpital dispose d’un système robotisé d’administration de médicaments. À quel endroit les robots vont-ils se recharger? Comment se déplaceront-ils dans le bâtiment? Ces questions (et plusieurs autres) doivent trouver une réponse lors de la conception du bâtiment avant qu’une solution clinique consistant à utiliser des robots pour administrer des produits pharmaceutiques puisse être mise en œuvre. »
Voici un autre exemple : à l’hôpital adventiste de Sydney, en Nouvelle‑Galles du Sud, des étiquettes RFID passives sont apposées sur les cartes d’identité des patients et sur les appareils médicaux. Le personnel peut suivre le traitement des patients sur un écran numérique, et les événements relatifs aux patients sont automatiquement ajoutés à leur dossier médical électronique.
« C’est une question d’efficacité, de transparence de la gestion et d’autonomisation du personnel », explique Barbara MacKenzie, qui a supervisé le projet en tant que responsable de l’infrastructure et des opérations de systèmes d’information pour Adventist HealthCare.
« En cas d’urgence, les membres du personnel adorent le système, car si une personne leur demande où se trouve sa mère, par exemple, ils peuvent simplement jeter un coup d’œil au tableau et confirmer qu’elle se trouve dans l’ascenseur. »
Une autre approche Conçu pour l’avenir consisterait à implanter l’intelligence dans le système. « Lorsque l’on sait où se trouvent les personnes et les objets à un moment précis, on peut déduire de nombreuses informations et commencer à se faire une idée de ce qui se passe », explique Mme MacKenzie.
« Dans l’avenir, l’apprentissage automatique et l’intelligence artificielle pourraient favoriser une meilleure prise de décision en temps réel, par exemple en faisant correspondre les besoins des patients aux capacités en personnel », explique M. Singh.
Il estime en outre que la résilience la plus forte viendra de la combinaison de données provenant de systèmes cliniques, administratifs et du bâtiment dans une base de données tridimensionnelle.
« C’est de cette extension des données dont nous avons besoin. La résilience qu’elles apportent a trait à l’établissement d’un flux de travail qui pourrait aider des personnes, déjà soumises à une pression immense, à prendre certaines décisions d’ordre clinique. »
Les systèmes résilients, une condition préalable essentielle
Tout cela ne sera possible que si la technologie elle-même est résiliente. Le réseau doit être une entité unique, avec une infrastructure convergente, munie d’une bonne redondance, d’une grande disponibilité et de mécanismes de sécurité. Il ne doit comporter aucun appareil ou point d’entrée non géré. L’équipement existant, qui est ancien, rend la tâche difficile, mais elle n’est pas insurmontable. Les mises à niveau peuvent être ciblées sur les points les plus faibles, et les composants plus anciens et moins performants peuvent être déplacés en périphérie du réseau.
Les réseaux de soins de santé ne peuvent pas se permettre d’avoir des points faibles, et la plus grande vulnérabilité ne réside pas dans les nouveaux systèmes, mais dans les anciens qui sont obsolètes ou qui ne sont plus adaptés. Outre les atteintes à la réputation et la perte de renseignements personnels, la défaillance d’un système peut avoir des conséquences tragiques dans le monde réel. Par exemple, en 2020, une femme est décédée après que des pirates informatiques aient provoqué la panne des systèmes informatiques d’un hôpital de Düsseldorf.
Il n’y a pas de place pour les compromis lorsqu’il est question de sécurité ou d’expérience utilisateur. L’accès doit être rapide, facile et cohérent d’un appareil à l’autre, et les interactions des utilisateurs avec les nouvelles technologies doivent se dérouler sans heurt dès le premier jour.
Malgré les difficultés de mise en œuvre, la technologie et la numérisation des soins de santé sont en train de révolutionner la conception et la planification des hôpitaux pour offrir une multitude d’avantages à court et à long terme, notamment une amélioration des flux de travail, une utilisation plus efficace des ressources et, au bout du compte, de meilleurs résultats et expériences pour les patients. Et ça, c’est le signe d’un système de soins de santé qui fonctionne bien.
Une infrastructure numérique solide
Une infrastructure numérique solide est au cœur de toutes les solutions d’hôpitaux intelligents. En termes physiques, cela signifie la mise en place d’un réseau sans fil dense et de capteurs pouvant recueillir des données sur l’environnement et suivre l’emplacement des appareils électroniques. Ce système peut être utilisé à de nombreuses fins, qu’il s’agisse d’envoyer une alerte en cas de dysfonctionnement d’un système ou de cartographier des personnes, des équipements et des fournitures. Il peut également favoriser la résilience, c’est-à-dire la capacité à fonctionner en toute sécurité et à fournir des soins en situation de crise. Par exemple, des données de localisation fiables pourraient aider à maintenir deux flux différents pour les patients infectés et non infectés, tout en assurant une gestion plus efficace des ressources limitées.
La cartographie du parcours de l’utilisateur
La compréhension de l’expérience de l’utilisateur est également un élément important de la conception d’hôpitaux intelligents et bien équipés sur le plan numérique. En effet, la technologie numérique peut aider les patients à chaque étape du processus, notamment à l’arrivée, pendant le séjour, au départ ou lors du suivi, mais seulement si elle est utilisable et qu’elle a été bien conçue. Pour créer un véritable hôpital intelligent, des parcours utilisateurs similaires seront créés pour le personnel, les cliniciens, les gestionnaires, etc.
Dans les situations où les soins sont prodigués de manière virtuelle ou avec un personnel clinique restreint, les médecins peuvent avoir besoin de salles de télémédecine particulières, par exemple, ou même d’installations spécialisées à moindre coût. Le personnel infirmier peut bénéficier d’une technologie de traitement du langage naturel pour remplacer les notes manuscrites au dossier des patients.
Les soins de santé et la technologie sont de plus en plus inextricablement liés; on le constate avec l’acquisition par Microsoft de la société d’intelligence artificielle clinique Nuance, l’acquisition par Oracle de la société de gestion de dossiers médicaux Cerner, et l’acquisition par Amazon de la société de télésanté One Medical, entre autres.
Le dénominateur commun est donc les données, qui sont, au bout du compte, le moteur de l’ensemble du secteur de la santé. En ayant une meilleure compréhension des données, les administrateurs et les professionnels de la santé peuvent déterminer les facteurs de risque ou les points à améliorer. Forts de ces informations, ils peuvent s’efforcer d’améliorer la qualité de l’expérience des patients.
Il n’existe pas de recette miracle pour assurer la réussite d’un hôpital numérique, mais une chose est sûre : les soins de santé subissent une transformation numérique dans le cadre de laquelle les données et l’interopérabilité des systèmes technologiques jouent un rôle de plus en plus important dans les soins aux patients et dans le fonctionnement sans heurt et durable des établissements hospitaliers.
« Puisque les pandémies ne pourront jamais nous appeler directement pour nous prévenir de leur arrivée, il n’y a vraiment pas de temps à perdre, conclut M. Salisbury. Nous sommes sur la bonne voie pour offrir des soins de santé intelligents et conçus pour l’avenir. »