Les parcs immobiliers sont responsables d’environ 13 % des émissions de gaz à effet de serre du Canada. Pour atteindre son but de carboneutralité d’ici 2050, le pays devra donc changer la manière employée pour rénover ses bâtiments résidentiels, commerciaux, industriels et institutionnels.
Si on veut comprendre comment réduire les émissions associées à nos parcs immobiliers, il faut cibler correctement l’origine de ces émissions.
« La plupart des exploitants de bâtiments n’ont pas fait l’inventaire d’émissions de leur installation », explique Melissa Lecznar, experte en analyse énergétique et émissions de carbone des bâtiments chez WSP Canada. « La première étape vers la décarbonisation des bâtiments existants consiste à ce que chacun comprenne la responsabilité carbone associée aux activités de ses bâtiments. Après tout, il est impossible de gérer ce qu’on ne peut pas mesurer. »
Sans l’expertise adéquate, il peut s’avérer difficile de comprendre notre responsabilité en matière d’émission de carbone. On peut aisément cerner les émissions produites par la combustion de combustibles fossiles ou les émissions associées à la consommation d’électricité du réseau, mais il existe d’autres sources d’émissions, parfois plus importantes, qui peuvent être négligées. Par exemple, l’une des sources d’émissions de niveau 1, défini par l’EPA des É.-U. comme « des émissions de gaz à effet de serre directes provenant d’installations gérées par une entreprise ou dont elle est propriétaire », à plus fort potentiel de réchauffement planétaire est les fluides frigorigènes utilisés dans les systèmes de refroidissement des bâtiments. Ces émissions se doivent d’être évaluées dans le cadre de l’empreinte carbone globale d’un bâtiment.
Les dangers des mesures à effet rapide
Une fois l’inventaire des émissions établi, les propriétaires de bâtiment peuvent commencer l’élaboration d’une stratégie globale de décarbonisation de leur portefeuille de bâtiments. Il n’existe pas de solution unique pour décarboniser les bâtiments existants. Les propriétaires de telles structures sont souvent aux prises avec des priorités concurrentes pour leurs budgets d’investissement existants, budgets qui souvent ne tiennent pas compte du coût de la décarbonisation ou des risques associés à leur responsabilité carbone. Il est tentant de se tourner vers des mesures à effet rapide pour commencer le parcours vers la décarbonisation, puis de fixer comme cible à long terme les rénovations plus importantes. Selon Melissa Lecznar, cette approche entraine souvent des défis plus complexes lorsqu’elle est mise en œuvre indépendamment d’une stratégie globale.
« Quand les gens pensent à des rénovations, ils n’envisagent souvent que les projets rapides comme de remplacer des luminaires ou des systèmes existants par des modèles plus écologiques, mais il est crucial de ne pas se contenter de ces mesures. Nous devons les utiliser pour aider à compenser les retombées négatives associées aux rénovations majeures qui ont généralement une incidence beaucoup plus importante sur la décarbonisation d’une installation existante. Cette stratégie exige une compréhension approfondie de l’inventaire de base des émissions de l’installation, des défis posés par la décarbonisation des systèmes uniques d’un bâtiment et de la modélisation des diverses voies visant la réfection des infrastructures vieillissantes, tout en offrant des possibilités de réduction des émissions. L’industrie doit passer d’une vision où les projets de rénovation sont considérés individuellement et faire la transition vers une approche en fonction de l’installation ou du portefeuille qui envisage de regrouper ou d’échelonner les projets à mesures multiples pour cibler efficacement les défis auxquels sont confrontés les exploitants de bâtiments d’aujourd’hui.
Les défis posés par le gouvernement
En plus des défis budgétaires posés par la réduction des émissions produites par le parc immobilier canadien, une série de difficultés sous le contrôle du gouvernement ont émergé.
Les politiques de transition vers la carboneutralité sont fragiles et susceptibles de subir des modifications importantes, de manière favorable ou défavorable, selon le parti au pouvoir. Certains propriétaires de bâtiments sont peu enclins à investir de manière importante dans des initiatives telles que la réduction des émissions de GES s’ils ne sont pas mandatés ou récompensés financièrement pour le faire. Cette récompense, autrement dit un programme de subventions, peut grandement motiver les propriétaires à envisager un projet de réduction des émissions pour leurs bâtiments, sachant, comme nous l’avons mentionné précédemment, qu’il peut être trop coûteux de réaliser des rénovations majeures. Enfin, les politiques et les réglementations sont incohérentes et ne fournissent pas un cadre clair à long terme qui encouragerait l’innovation et l’action dans le secteur.
La décarbonisation du parc immobilier actuel du Canada pose de nombreux défis, mais avec la bonne expertise pour vous aider à comprendre votre inventaire d’émissions et à élaborer une stratégie globale visant à explorer les possibilités de décarbonisation de votre installation, vous serez en mesure d’atteindre les cibles de réduction des émissions de votre entreprise.
Besoin de conseils pour savoir où commencer votre parcours vers la décarbonisation de votre bâtiment? Communiquez avec Melissa Lecznar et consultez la page Changements climatiques, résilience et développement durable de WSP Canada.
N’hésitez pas à lire les autres articles qui composent notre série explorant comment atteindre la carboneutralité dans divers secteurs de l’industrie canadienne :
Comment atteindre la carboneutralité dans le secteur agricole?
Comment atteindre la carboneutralité en matière de matériaux de construction?
Comment atteindre la carboneutralité dans l’ensemble de nos secteurs?