Outre sa valeur intrinsèque, la nature offre des services essentiels aux humains et aux communautés. Elle soutient la biodiversité, l’un des piliers de la résilience des écosystèmes et de l’adaptation fondée sur ces derniers. De même, chaque secteur ou industrie dépend directement ou indirectement de la nature. C’est pourquoi le déclin constant de la biodiversité naturelle représente un risque majeur pour les entreprises de partout   . 

Selon le Forum économique mondial (en anglais seulement), la perte de biodiversité constitue un risque extrême dont le déclenchement entraînera une série de conséquences à court et à long terme pour l’ensemble des entreprises. Ainsi, c’est toute la communauté des affaires qui doit œuvrer à protéger et à restaurer la biodiversité  .

Voici trois arguments stratégiques pour mettre la nature au cœur des décisions d’affaires :

L’heure est à l’action 

Les entreprises sont mieux outillées que jamais pour adopter des stratégies fondées sur la nature. Les progrès technologiques, la conscientisation environnementale et la demande pour des solutions durables créent des conditions propices à l’instauration de pratiques bénéfiques pour les affaires et la santé de la planète.

Bien que les entreprises ont leur part de responsabilité dans les enjeux environnementaux modernes, elles peuvent aussi faire partie de la solution. En effet, les entreprises ont la souplesse d’agir rapidement, contrairement aux gouvernements qui ont besoin de plus de temps pour se doter de cibles et édicter des lois. En agissant comme des pôles d’innovation, les entreprises ont le pouvoir de rallier les fonds, les technologies et les gens nécessaires pour trouver des solutions créatives en vue de limiter les répercussions sur la nature et la biodiversité.

De nos jours, les entreprises sont étroitement liées et interconnectées, ce qui leur permet de s’échanger des pratiques exemplaires instantanément , d’intervenir rapidement et de joindre leurs forces pour déployer des solutions, tout en s’adaptant continuellement aux attentes environnementales des nouveaux consommateurs et clients. 

Le fait de reconnaître et de gérer les grands risques associés à la perte de biodiversité est avantageux sur les plans financier et éthique. La nature de même que les solutions fondées sur la nature, c’est-à-dire des stratégies qui s’appuient sur les écosystèmes et des processus naturels pour résoudre des problèmes environnementaux, peuvent générer des économies et de nouvelles sources de revenus.

• Optimiser l’utilisation des ressources : en cherchant à travailler en harmonie avec la nature plutôt qu’à l’exploiter, les entreprises peuvent optimiser leur utilisation de ressources (énergie, eau, etc.), ce qui enlèverait une certaine pression sociale, économique et environnementale. Cette approche est également porteuse de processus novateurs, de nouveaux produits et de baisses de coûts.

• Profiter de solutions économiques : les solutions fondées sur la nature peuvent se révéler plus rentables que les méthodes traditionnelles. Elles gagnent l’intérêt d’un nombre croissant de consommateurs soucieux de l’empreinte environnementale de leurs décisions en matière de dépenses. 

• Attirer des investisseurs : l’adoption de stratégies et de pratiques visant à atténuer les impacts environnementaux et à améliorer les écosystèmes naturels permet d’attirer des investisseurs avisés. Les entreprises peuvent ainsi s’ouvrir à des sources de financement autrefois inaccessibles, car de plus en plus d’investisseurs choisissent des partenaires durables et responsables.

Pour s’attaquer à la crise de la biodiversité, les entreprises doivent bien comprendre les exigences des cadres réglementaires et volontaires et s’y conformer. L’un des objectifs du Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal, adopté lors de la COP15, consiste à freiner et à renverser la perte de biodiversité. Le cadre prévoit également une cible à l’horizon 2030 qui encourage les entreprises à évaluer et à divulguer leurs risques, relations de dépendance et incidences sur la biodiversité, afin de promouvoir des modes de consommation durables. Bon nombre de pays et de régions, comme l’Australie, le Canada, l’Union européenne et le Royaume-Uni, adoptent des lois ambitieuses en vue de protéger et de restaurer la biodiversité naturelle. Bien que les paramètres diffèrent d’un gouvernement à l’autre, ces derniers sont guidés par quatre grands objectifs :

• Accroître le nombre et la taille des aires protégées.

• Renforcer les exigences à l’égard de la restauration de la biodiversité.

• Transférer les budgets et les subventions vers les activités en harmonie avec la nature.

• Accroître la vigilance à l’égard des répercussions des entreprises sur la nature.

À ces cadres réglementaires s’ajoutent des initiatives volontaires comme celles du Science Based Targets Network (SBTN) et du Groupe de travail sur les informations financières liées à la nature (Taskforce on Nature-related Financial Disclosures, TNFD). Le SBTN fournit des lignes directrices aux organisations qui souhaitent se doter de cibles pour la nature, aidant celles-ci à se baser sur les plus récentes données scientifiques. De son côté, le TNFD propose un cadre en vertu duquel les organisations peuvent cerner, évaluer et divulguer leurs risques et opportunités liés à la nature. Il permet aux entreprises de déterminer leurs impacts sur la nature et leurs relations de dépendance à celle-ci, afin d’entrevoir les menaces et les occasions potentielles  .

Les entreprises qui suivent ces cadres veillent non seulement à demeurer conformes aux règlements émergents, mais démontrent également leur leadership en développement durable. Par cette approche proactive, elles peuvent rehausser leur réputation, attirer des investisseurs et aller chercher de nouvelles sources de revenus. Voilà de quoi monter un dossier convaincant en faveur du rétablissement de la biodiversité.

Les entreprises ne peuvent plus ignorer l’incidence de leurs activités sur la perte de biodiversité. La restauration de la biodiversité et du capital naturel peut se traduire en un gain net pour toute la communauté des affaires. Ainsi, la protection et le renforcement de la biodiversité trônent au sommet des priorités des entreprises qui s’engagent pour l’avenir.

À propos des auteurs 

Patrick Lafrance:

Patrick Lafrance est vice-président national, Écologie et études d’impact sur l’environnement, chez WSP au Canada. Ce biologiste spécialisé dans les milieux aquatiques compte plus de 22 ans d’expérience dans les consultations environnementales. Il soutient la mise en œuvre de la stratégie de WSP en Sciences de la Terre et environnement au Canada et à l’international et s’implique auprès des clients à la recherche de conseils et de solutions pour développer des projets durables ayant des effets positifs sur la nature.

María Luz Farah: 

María Luz Farah est une ingénieure civile qui possède une maîtrise en développement durable. Forte de plus de 18 ans d’expérience en services-conseils liés au développement durable et aux changements climatiques, María Luz dirige la prestation de services relatifs aux changements climatiques pour WSP au Chili. Elle soutient des entreprises des secteurs public et privé, ainsi que les efforts de coopération internationale, dans les secteurs des mines, de l’énergie, des industries, des finances, de l’agriculture et des déchets en Amérique latine. Elle aide ses clients à déployer des stratégies et des solutions durables.