La nouvelle normalité, améliorée, sera plutôt faite de technologies déjà connues, mais adaptées au « monde d’après ». Jusqu’à maintenant, des inventions comme les portes à ouverture automatique sans contact ou les détecteurs de présence remplissaient des fonctions d’agrément, mais non essentielles. Installées dans une minorité d’immeubles phares tout neufs ou de bâtiments rénovés à la fine pointe, elles ont été intégrées à la conception dans un but très différent. À l’heure actuelle, la motivation principale passe du domaine de l’hospitalité à celui de la santé et, plutôt que de chercher à optimiser les bâtiments pour favoriser des densités d’occupation toujours plus élevées, nous aurons à établir des limites strictes en la matière.
La COVID-19 donne en fait une nouvelle impulsion à un mouvement qui est resté en coulisses pendant plusieurs dizaines d’années, selon Jim Whalen, chef, Information et technologies chez Boston Properties. « Le terme “bâtiment intelligent” existe depuis plus de 20 ans et l’industrie n’en est qu’à la première ou deuxième manche dans le domaine. On a aujourd’hui des immeubles dotés de technologies intelligentes, mais pas encore de bâtiments intelligents. » En février dernier, Jim Whalen prononçait un discours d’ouverture sur le thème des technologies de l’immobilier (aussi connues sous l’appellation proptech pour property technologies). Le relisant à peine quelques mois plus tard, il pense que les principaux arguments de ce discours tiennent toujours, même si les priorités ont changé. « Avant la COVID, le rapport entre un environnement de bureau sain et la productivité du personnel, démontré par des études scientifiques récentes, commençait à faire son chemin dans les discussions liées à la conception. Aujourd’hui, la notion de bâtiment sain revêt une toute nouvelle signification, d’un ordre supérieur. »
Même si nous évoluons dans un nouveau paradigme, cela ne signifie pas nécessairement que la partie « matérielle » de la solution doive elle aussi être nouvelle. Très souvent, rendre un bâtiment plus intelligent implique la reconfiguration de systèmes existants, l’exploitation de leurs fonctionnalités à d’autres fins, ou une utilisation différente des données récoltées, pour répondre à de nouveaux besoins des entreprises. Une attention plus particulière a été portée récemment aux portes et aux halls d’entrée ainsi qu’aux ascenseurs. Ces endroits où la circulation est la plus intense constituent en effet la première ligne de défense contre l’infection. Les employeurs auront accès à des solutions intelligentes pour limiter le nombre de personnes se présentant au bureau chaque jour; nous en discuterons dans l’article de la semaine prochaine. Toutefois, comme mesure d’appoint pour éviter que de trop nombreuses personnes entrent en même temps aux heures de pointe, il est possible de mettre en place un système de contrôle d’accès qui bloque les tourniquets à l’entrée lorsqu’une certaine valeur limite est atteinte. Avec l’un de ses clients, Colin O’Gallagher a discuté de la possibilité de relier le système de contrôle d’accès à des détecteurs de présence dans le hall d’entrée et au pied du groupe d’ascenseurs, ainsi qu’aux portes automatiques de l’entrée du bâtiment. De cette façon, lorsque l’un ou l’autre de ces espaces atteint un taux d’occupation prédéterminé, le système bloque le fonctionnement des portes d’entrée et des tourniquets jusqu’à ce que les espaces soient moins encombrés. « Nous pourrions aussi utiliser le dispositif d’affichage numérique, qui déclencherait automatiquement un message lorsque l’accès est bloqué temporairement, pour informer les personnes présentes que la porte n’est pas brisée. C’est le type de choses dont nous discutons en ce moment. Nous regardons les systèmes existants, ceux que nous installons déjà dans les immeubles, pour leur ajouter au besoin des fonctions et les intégrer de manière à créer des environnements plus sûrs et plus avisés, à la fois pour les propriétaires et les occupants. »
Lorsque les systèmes sont déjà installés et intégrés, la programmation de telles fonctionnalités supplémentaires est relativement simple. Mais cela dépendra dans les faits des systèmes déjà en place dans un bâtiment et de leur degré de sophistication. « D’un projet à l’autre, il pourrait y avoir d’énormes différences, poursuit Colin O’Gallagher, en fonction de l’espace physique occupé par les systèmes, des fonctions souhaitées et du nombre de systèmes à relier entre eux. »