Les trois clés du succès en conservation de patrimoine

La réussite du projet archéologique de WSP dans la région de Waterloo dans le sud de l’Ontario, au Canada, reposait sur la compréhension de la réglementation gouvernementale et des besoins des représentants autochtones et du client. Le projet s’inscrivait dans l’élargissement d’un corridor de navettage important emprunté par environ 20 000 véhicules chaque jour et traversant la région de Waterloo. Composée de villes et de zones rurales en pleine expansion, la région couvre 1 400 kilomètres carrés et compte une population d’environ 600 000 habitants.

Lorsque des fouilles archéologiques ont suggéré que les vestiges d’un village autochtone subsistaient près de la route, ou dessous, WSP a pris les mesures nécessaires pour s’assurer que le site était protégé, en attendant que les mesures d’atténuation soient réalisées, que les perspectives autochtones soient entendues et guident les recherches et que les solutions équilibrant la conservation patrimoniale et le nouveau développement soient mises en œuvre.

Les étapes mises en place par les archéologues consultants de WSP pour protéger le site et ses ressources s’inscrivent dans trois principales priorités.

Emplacement

Waterloo, Ontario, Canada

Client

Region of Waterloo, Ontario

1. Respecter rigoureusement la réglementation provinciale

Comme de nombreux territoires dans le monde, l’Ontario s’est doté d’une loi qui protège et conserve toute preuve de vie passée, comme les sites, les ressources et les artéfacts archéologiques.

En Ontario, c’est la Loi sur le patrimoine de l’Ontario qui contribue à assurer cette protection. Elle est régie par le ministère des Affaires civiques et du Multiculturalisme.

Les Normes et directives à l’intention des archéologues-conseils du ministère établissent un processus en quatre étapes visant la découverte des ressources archéologiques et l’atténuation des effets de l’aménagement sur ces dernières. La première étape est celle de l’investigation. Les archéologues effectuent une étude à l’aide de cartes historiques, d’images aériennes et de documents afin de déterminer si des zones ont un potentiel archéologique. Lorsque cela est pertinent, l’investigation passe aux autres étapes, en procédant à des activités de prospection de plus en plus détaillées. À la deuxième étape, des méthodes de prospection sont utilisées pour repérer les sites archéologiques sur le terrain. À la troisième étape, on procède à l’excavation pour déterminer le périmètre du site. Le quatrième stade est consacré à « l’atténuation » d’un site. L’atténuation est atteinte en conservant les ressources et les artéfacts archéologiques sur place, ou en consignant tous ces éléments et en les enlevant du site pour les étudier plus en profondeur et les conserver à long terme dans une installation d’entreposage.

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En 2018, la région a demandé à WSP de mener les évaluations des deuxième et troisième étapes du site du village autochtone datant du Sylvicole supérieur (1 400 à 1 600 EC) qui se prolongeait sous la route. Dans le cadre des mesures d’atténuation subséquentes réalisées à la quatrième étape, qui ont eu lieu de 2020 à 2023, on a procédé à l’excavation de plus de 1 690 unités de fouille d’un mètre carré. Résultat : 128 600 artéfacts et restes d’animaux ont été récupérés. Grâce à un travail sur le terrain méticuleux et à de vastes consultations avec des représentants du gouvernement, WSP a respecté les normes archéologiques du ministère et a obtenu le feu vert pour démarrer la construction de la route au nom du client.

2. Répondre aux préoccupations des communautés autochtones

Le site du village du 15e siècle qui était lentement révélé par les recherches archéologiques de WSP a suscité un vif intérêt auprès des communautés autochtones (qui comptent les Premières Nations, les Inuits et les Métis au Canada).

En accord avec les politiques liées à la participation des communautés autochtones de la région, les représentants des quatre Nations, dont les ancêtres ont habité ce qu’on appelle maintenant le sud de l’Ontario, ont été invités à participer aux travaux archéologiques sur le terrain et à examiner les interprétations et les rapports de WSP.

Une partie importante des recherches ont porté sur une ancienne « maison longue » – un bâtiment fait de poteaux et d’écorce d’arbre, qui servait de résidence commune à plusieurs familles.

Les artéfacts récupérés à la suite des mesures d’atténuation réalisées comprennent : des vases en céramique et des pipes autochtones, des pointes de projectiles en pierre taillée, des flèches, des perceuses, des couteaux et des grattoirs, des perles en pierre adoucie, des bijoux en os et en cuivre, ainsi que les restes de cerfs qui ont été abattus, de castors, de tortues et de poissons. La préservation exceptionnelle du site a permis à l’équipe de reconstituer fidèlement la vie dans la maison longue il y a 600 ans et d’établir des parallèles avec les découvertes archéologiques faites ailleurs dans le village et sur les sites de villages voisins.

Pour les participants autochtones – et l’équipe d’archéologues –, la preuve de ce qui semble être une « hutte de sudation », soit une structure ressemblant à un sauna utilisée lors de cérémonies spirituelles de purification, a été l’une des découvertes les plus intéressantes. Cette découverte a été méticuleusement consignée par les archéologues de WSP et les représentants autochtones durant les mesures d’atténuation de la quatrième étape.

Matériaux culturels récupérés

128 600

Mètres carrés excavés

1 690

Pour obtenir les approbations de développement

6 mois

Les bâtiments du village ayant été détruits depuis longtemps, la plupart des renseignements sur le peuplement proviennent des rangées de traces de pieux de maison, de la terre de couleur plus foncée indiquant l’emplacement des supports des murs extérieurs, ainsi que d’autres éléments souterrains tels que des fosses à déchets, des foyers et la hutte de sudation mentionnée plus haut. Les normes archéologiques de l’Ontario exigent que les ressources archéologiques immobiles telles que les traces de pieux et les fosses soient fouillées sur le terrain et leur présence doit être rigoureusement consignée.

Tout au long du projet, l’équipe de WSP a collaboré étroitement avec les représentants autochtones afin de répondre à leurs priorités quant aux recherches et, dans certains cas, perfectionner les méthodes exigées par le ministère.

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Par exemple, pour séparer les artéfacts du sol, le règlement prévoit l’utilisation de tamis dont la maille est de 6 mm, mais à la demande des observateurs, WSP a opté pour des mailles de 3 mm dans de nombreux cas, afin de recueillir des petits objets, comme des perles de traite. À la demande de participants autochtones, WSP a également creusé plus profondément que ne l’exige la réglementation afin de répondre à leurs préoccupations.

WSP a offert au personnel travaillant sur le site une formation favorisant la sensibilisation culturelle envers les peuples autochtones. Les nombreux techniciens sur le terrain recrutés dans les universités locales, qui font partie du programme de sensibilisation et d’engagement communautaire de la région, y ont entre autres participé.

3. Respecter les exigences en matière de construction de route

La troisième priorité était de répondre aux besoins du projet d’élargissement de la route à l’origine de l’investigation archéologique.

Pour ce faire, WSP a collaboré avec la région et ses entrepreneurs pour déterminer où les mesures d’atténuation devaient être réalisées en premier sur le site, afin de respecter la logistique et l’échéancier de construction. L’une des priorités était de réaliser les mesures dans la partie du site où une route temporaire pouvait être construite afin de réduire le plus possible la perturbation de la circulation. En travaillant en étroite collaboration avec la région de Waterloo, le ministère, les peuples autochtones et les ingénieurs de projet, nous avons convenu que les mesures d’atténuation initiales du quatrième stade devaient être axées sur l’espace occupé par la route temporaire. Comme nous avons pu obtenir les autorisations de développement dans les six mois suivant le lancement du projet, la route a été construite en décembre 2020. La route temporaire en place, les autres mesures d’atténuation ont pu être réalisées sans perturber la circulation.

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Vu la taille du site et la nécessité d’effectuer le travail en temps voulu, entre autres, WSP a parfois engagé trois superviseurs de chantier à la fois et plus de 30 techniciens de terrain.

En 2023, trois rapports préliminaires avaient été réalisés. La région et l’équipe d’ingénierie ont donc pu obtenir les approbations requises pour commencer la construction des routes et des voies.

Au moment où nous écrivons ces lignes, début 2024, le projet de construction est terminé. WSP prépare actuellement le rapport final plus détaillé, qui comprend l’ensemble des analyses d’artéfacts requises. Les artéfacts découverts sur le site sont conservés de façon sécuritaire et approuvée par le ministère afin qu’ils puissent être exposés dans un musée local, le cas échéant.

Leçons apprises

Voici quelques leçons apprises grâce au projet :

Lors de projets de construction qui peuvent nécessiter des activités de conservation patrimoniale, établissez un échéancier et un budget qui permettent à une équipe archéologique qualifiée de mener une investigation, en conformité avec la réglementation de votre territoire.
Structurez les projets de construction qui nécessitent des activités de conservation patrimoniale de façon à ce que l’équipe archéologique puisse travailler de près avec les ingénieurs de projet, les peuples autochtones et les autorités réglementaires pour concevoir un programme archéologique qui réponde au mieux aux besoins de tous les participants.
Faites participer les archéologues consultants à la planification dès le début, afin qu’ils puissent effectuer une étude documentaire et déterminer si des zones doivent être étudiées de plus près par un travail sur le terrain.
Lors de projets qui peuvent nécessiter l’excavation d’éléments de culture matérielle autochtone, établissez des relations avec les communautés autochtones locales dès le début afin de répondre à leurs priorités.
Tenez-vous au courant des processus archéologiques. En effet, les réglementations et les meilleures pratiques changent souvent. Par exemple, le GPS et d’autres technologies nous ont permis de réaliser nos travaux de prospection avec une précision au centimètre près. L’archivage informatisé nous a permis de démontrer à tous les intervenants que le travail avait été effectué dans le respect des cultures autochtones et conformément aux réglementations du ministère.