Selon les prédictions du World Green Building Council (en anglais
seulement), le monde pourrait devoir faire face à un écart de 40 % entre la demande et l’approvisionnement en eau douce d’ici 2030. Déjà, une personne sur quatre n’a pas accès à de l’eau potable. Le manque d’eau pourrait même toucher plus de la moitié de la population d’ici 2050.
L’environnement bâti a un rôle crucial à jouer dans cette lutte et dans la concrétisation de nouvelles occasions de renverser la situation. Les bâtiments et l’industrie de la construction consomment à eux seuls 15 % de l’eau douce mondiale. Les réserves d’eau s’amoindrissent, la population et l’urbanisation croissent : il faut donc que cette industrie réduise sa demande en eau et reconstitue les eaux souterraines. Nous devons également accroître la résilience de nos villes et de nos communautés face à la hausse des événements météorologiques extrêmes.
Nos experts mènent de front des projets novateurs aux quatre coins du monde, contribuant ainsi à instaurer un plan d’action pour le changement.
Vers une économie circulaire dans la gestion de l’eau
En adoptant une approche axée sur l’économie circulaire, nous pouvons nous éloigner du chemin linéaire « prendre, utiliser et jeter » et tenter plutôt de réduire notre consommation de ressources vierges et de les réutiliser le plus longtemps possible au maximum de leur valeur. C’est là une approche efficace pour la gestion de l’eau.
« Le tout commence à l’étape de l’élaboration du plan directeur, lorsqu’il est possible d’influencer grandement un projet par l’adoption d’une approche de conception circulaire », explique Maree Marshall, responsable australienne de la gestion des déchets et de l'économie au bureau de WSP à Melbourne, en Australie. « Il suffit par exemple d’opter pour des pratiques de conception urbaine qui tiennent compte de l’eau et de solutions fondées sur la nature pour travailler en harmonie avec l’eau plutôt que l’inverse. À un niveau local, nous pouvons concevoir des aménagements urbains et des bâtiments qui consomment peu d’eau grâce à la collecte des eaux pluviales, à la réutilisation des eaux grises provenant des douches et à l’installation de dispositifs d’économie et de contrôle d’eau comme le comptage de district afin d’éviter le gaspillage. »
En Nouvelle-Zélande, nos experts participent au développement de villes éponges (en anglais
seulement), des aménagements qui s’inspirent des communautés autochtones qui utilisent les infrastructures vertes et bleues comme les étangs et les milieux humides afin d’absorber, d’emmagasiner et de relâcher lentement les eaux pluviales dans le bassin versant, de sorte à protéger la population, l’environnement et la biodiversité.
Les avantages manifestes des eaux grises
L’eau servant à la chasse d’eau correspond à environ 30 à 40 % du volume total d’eau consommé dans les maisons et les bâtiments commerciaux. Les systèmes de traitement des eaux grises sont donc essentiels à la réduction de la demande. Toutefois, des efforts de sensibilisation sont nécessaires afin d’informer les promoteurs et les utilisateurs de bâtiments des avantages de tels systèmes, surtout dans les pays où l’eau est perçue comme une ressource abondante et peu coûteuse, et où il est courant d’utiliser l’eau potable pour des usages autres que pour la consommation (p. ex., chasse d’eau).
Selon Chris Moore, directeur chez WSP au Royaume-Uni, l’adoption d’une législation plus rigoureuse marquera un tournant décisif : « Les nouvelles normes, comme celle du NABERS en Australie, exigent le suivi de la consommation d’eau associée aux opérations, encourageant ainsi les promoteurs à intégrer des mesures d’économie d’eau lors de la conception de leurs projets. Dans certaines régions du Royaume-Uni où l’eau se fait rare, tel qu’à Cambridge, la neutralité en eau est déjà un prérequis à l’obtention d’un permis de planification. »
Helen Bali, cheffe, Eau chez WSP au Moyen-Orient, indique que pour augmenter les avantages associés aux systèmes de gestion des eaux grises et répondre à la demande en eau des bâtiments commerciaux, l’environnement bâti doit être imaginé à l’échelle du quartier ou de la communauté :
« Nos ingénieurs au Moyen-Orient ont installé des systèmes de traitement des eaux grises des toilettes dans les sous-sols des immeubles de grande hauteur d’un quartier complet. Cette innovation a permis de grandement réduire leurs besoins en eau douce. Nous avons également conçu un système d’irrigation pour la zone qui élimine la saumure dans les eaux souterraines salées et très profondes qui auraient autrement été gaspillées. Ces eaux servent maintenant à arroser les plantes et les arbres. »