Ces faits soulignent l’ampleur du défi que NHS England et NHS Improvement cherchent à relever par l’intermédiaire de la publication de leur plan NHS Net Zero plus tôt ce mois-ci.
Le plan souligne la volonté du NHS d’atteindre la carboneutralité d’ici 2040. Il présente également le même objectif de réduction des émissions pour sa chaîne d’approvisionnement et les déplacements de ses patients et visiteurs d’ici 2045, un projet que le NHS a surnommé Carbon Footprint Plus.
Plus de 50 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) pour lesquelles le NHS est responsable, au sens large, viennent de sa chaîne d’approvisionnement : les appareils d’imagerie par résonance magnétique, les seringues, la nourriture, les inhalateurs, les médicaments et autres.
Cela signifie que d’ici 2045, le NHS devra éliminer environ 30 mégatonnes d’équivalent carbone, ce qui correspond plus ou moins aux émissions de la Croatie (qui compte une population de 4 millions d’habitants).
Le plan divise les actions en mesures directes et habilitantes que le NHS peut prendre et qui impliquent d’autres entités. J’ai défini cinq domaines clés sur lesquels nous allons nous concentrer :
1. Le patrimoine du NHS : Le patrimoine du NHS est important et diversifié, et reflète la grande gamme de services offerts par le système de santé. Dans le rapport Naylor de 2017, il est indiqué que la NHS Trust occupe 1 200 sites sur un total de 6 500 hectares, et ce, sans compter les plus de 7 000 sites où les généralistes offrent des soins de santé primaires. Le rapport sur la carboneutralité du NHS indique que son patrimoine actuel est responsable de 15 % des émissions totales.
Le plan pour l’infrastructure de la santé offre l’occasion de justifier le renouvellement du patrimoine afin d’améliorer les matériaux des bâtiments, d’installer de nouveaux systèmes de chauffage décarbonés et de se débarrasser des biens à forte empreinte carbone. Mais pour atteindre l’objectif de 2040, les 40 nouveaux hôpitaux promis par le gouvernement en place d’ici 2030 devront être construits dans une optique de consommation énergétique nette zéro.
Est-ce réaliste? Une nouvelle norme pour des hôpitaux carboneutres sera lancée au printemps 2021. Son ambition donnera le ton pour les nouveaux hôpitaux dont la conception, pour certains, sera déjà bien avancée d’ici le printemps.
Elle constituera un bon indicateur des objectifs visés pour la modernisation du patrimoine existant qui éclipse les 40 nouveaux hôpitaux en termes d’ampleur, de complexité et d’incidence. Une prise en compte active de la décarbonation est donc déjà nécessaire dans les stratégies concernant le patrimoine.
2. Le transport et la mobilité : 3,5 % des déplacements sur la route au Royaume-Uni sont liés au NHS, ce qui représente 14 % de ses émissions totales. L’électrification du parc de véhicules de transport du NHS d’ici 2032 est essentielle et des précédents dans les secteurs public et privé appuient le renouvellement du parc et le développement des infrastructures. Cela contribuera également à réduire les coûts opérationnels et à améliorer la qualité de l’air. Le NHS peut également se féliciter des avantages qu’il tire du changement de mentalités des gens, qui privilégient dorénavant la marche et le vélo. Cette transition s’aligne sur l’importance qu’il a accordée aux mesures de soins préventifs qui peuvent éviter aux patients d’avoir à se déplacer vers les établissements de soins de santé.
3. Les changements de comportement : Le rapport fait référence au fait qu’« un effectif avec de meilleures compétences sera nécessaire pour favoriser et mettre en œuvre les interventions indiquées dans ce rapport ». Parmi ces interventions, on retrouve le lancement d’une nouvelle trousse de formation pour le personnel travaillant dans les bâtiments.
Le rapport cite l’incitation au changement et la science du comportement qui demeurent des outils essentiels pour appuyer la réduction des émissions de gaz à effet de serre dans tous les secteurs.
La fiducie du NHS mène ses activités sur un patrimoine de plus de 26 millions de mètres carrés, donc le simple fait d’éteindre les appareils, de vérifier les contrôles et de mieux gérer les systèmes permettra de réduire les émissions. De plus, de telles mesures s’appuient sur les essais comportementaux existants ailleurs dans le système.
4. La numérisation : Le passage au numérique présente d’énormes possibilités, des répercussions des services de télémédecine (qui ont été utilisés de manière considérable cette année en raison des restrictions posées par la COVID-19) jusqu’aux tendances en matière de mobilité qui redéfinissent la santé. Si nous pouvons assurer la sécurité des interactions numériques et leur accès à tous les utilisateurs, nous pouvons améliorer considérablement la qualité des services et utiliser les technologies numériques pour appuyer les mesures de prévention qui permettront de réduire la demande de traitements et de soins. Sans aucun doute, la numérisation permettra d’offrir des soins moins coûteux et plus efficaces tout en favorisant la réduction de l’empreinte carbone. La technologie des bâtiments intelligents qui gère et optimise les systèmes comme le chauffage, la ventilation et l’éclairage est prête à être commercialisée et présente une autre occasion d’améliorer l’efficacité dans les bâtiments neufs et existants.
5. La chaîne d’approvisionnement : La chaîne d’approvisionnement est responsable de plus de la moitié des émissions de gaz à effet de serre du NHS. L’objectif zéro émission nette de ce dernier vise à intervenir directement sur l’approvisionnement et, plus largement, à s’engager auprès de la chaîne d’approvisionnement pour favoriser sa carboneutralité. Cela représente des centaines d’entreprises traitant 4,5 millions de commandes par an, allant des grandes entreprises pharmaceutiques aux petites PME de niche. Au Royaume-Uni, 11 500 entreprises sont tenues de signaler leurs émissions de GES et plusieurs profiteront des tendances en matière de numérisation, de mobilité et d’économie circulaire. Les signes démontrent que 2020, marquée par la COVID-19, pourrait également susciter un changement dans la façon de penser.
Comment faut-il financer tout cela?
Un tel investissement nécessite du financement. Le rapport aborde la possibilité d’utiliser l’argent des financements internes destinés à la réduction du carbone et d’avoir recours à l’approvisionnement pour favoriser la réduction des émissions de GES.
Les budgets et les plans de coûts des projets de construction et des carnets de commandes devront tenir compte de tout investissement supplémentaire pour fournir des solutions en matière de carboneutralité.
Le travail réalisé par WSP indique que les stratégies zéro émission nette peuvent être optimisées en fonction des coûts : ainsi, une analyse des bénéfices et des interventions en faveur de la consommation énergétique nette zéro peuvent souvent être autofinancées, ce qui pourrait se révéler important.
Est-ce viable?
Il y a de bonnes nouvelles. Notre expérience en soins de santé et avec l’environnement bâti nous permet d’être optimistes. La technologie derrière les systèmes de chauffage et la mobilité carboneutres, de même que la croissance des énergies renouvelables sur le réseau, nous permettent de penser que la carboneutralité est réaliste.
Il est en effet logique de l’adopter sur les plans financier et environnemental, ce qui pourrait appuyer un futur NHS plus efficace et rentable. Un NHS qui donne de meilleurs résultats en matière de santé, dont les coûts d’exploitation sont moins élevés et qui vise l’objectif zéro émission nette. Voilà quelque chose que nous pouvons tous appuyer.
Andrew Wildgust est directeur des services-conseils en soins de santé chez WSP.