1. Les problèmes complexes à variables multiples ne peuvent être résolus au moyen de processus classiques
Nous devons mettre à profit la technologie pour les simplifier. Il y a tellement de variables à prendre en compte que le cerveau humain a du mal à tout intégrer. Les concepteurs doivent en effet penser au carbone d’exploitation et au carbone intrinsèque, mais aussi à la résilience, à l’élévation du niveau de la mer, à la résistance sismique, aux facteurs de sécurité ainsi qu’à la possibilité d’intégrer des matériaux recyclés ou de réutiliser des composants lorsque la fin de vie de la structure est atteinte. Tout cela peut créer de la confusion : par où doit-on commencer? À quoi ressemble un projet qui est sur la bonne voie? L’utilisation d’un environnement numérique qui permet à tout le monde de regarder la même chose et de comprendre les paramètres peut faire une grande différence.
2. La réutilisation de structures existantes permet d’éviter 50 à 75 % d’émissions de carbone intrinsèque et la modélisation numérique avancée est cruciale pour déterminer les actifs existants et ce qui peut être conservé
Dans le cas des rénovations, la portée des travaux est souvent ambiguë. C’est comme peler un oignon; on ne voit pas l’intérieur tant qu’on n’a pas traversé toutes les couches. S’il y a déjà un modèle numérique, le projet démarre sur de meilleures bases. Vous pouvez soit retirer l’extérieur d’un bâtiment et examiner la structure, soit créer un jumeau numérique à partir des plans originaux, s’ils sont accessibles. Bien sûr, cela exige plus de temps au départ, mais le processus de conception est ensuite tellement plus rapide.
3. Il est possible d’obtenir une consommation énergétique zéro émission nette grâce à la rénovation de bâtiments, mais un changement fondamental des politiques et d’importants investissements sont nécessaires
Nous devons établir des budgets réalistes fondés sur des évaluations complètes de l’état des bâtiments et tenir compte de nombreuses variables. Nous devons aussi repenser notre définition de la valeur afin qu’elle inclue des facteurs autres que l’argent : l’économie de marché ne permet pas d’obtenir des résultats durables sur le plan de l’environnement. Pourrions-nous parvenir à un paradigme bifactoriel pour les analyses de rentabilité, qui mesure à la fois le coût et les émissions de carbone, afin d’obtenir une solution optimisée? La réalisation d’un tel objectif dépendra de la technologie utilisée par les concepteurs et les décideurs. La modélisation numérique qui allie conception, coûts et données sur le carbone en temps réel permet de concrétiser tout cela.
4. Les économies de carbone intrinsèque ne sont pas toujours justifiées.
Parfois, l’option qui s’accompagne, au départ, des émissions de carbone les plus basses, comme une enveloppe thermique moins bien isolée ou un système de chauffage de moindre qualité, se traduit par des émissions de carbone d’exploitation beaucoup plus importantes au cours de la durée de vie d’un actif. Cette situation est accentuée par le fait que le cycle de vie des actifs est généralement plus long que prévu. La plupart du temps, le processus de prise de décisions n’est pas linéaire et en revient plutôt à évaluer quelle option semble la plus avantageuse. Et le coût est un facteur important pris en compte. Nous pouvons offrir une valeur ajoutée importante en utilisant un logiciel pour analyser les données d’analyses comparatives sur l’ensemble du cycle de vie pour différents scénarios, afin d’équilibrer les coûts d’immobilisations, les coûts d’exploitation ainsi que le carbone d’exploitation et intrinsèque afin de réduire les émissions totales dans la mesure du possible.
5. La conception à elle seule ne permet pas d’atteindre la carboneutralité
Cela fait des centaines d’années que nous utilisons les mêmes matériaux et nous devons maintenant apprendre à utiliser des solutions de rechange à faible teneur en carbone. De telles solutions auront de grandes répercussions, mais présenteront aussi des caractéristiques différentes. Nous devons donc comprendre leurs implications pour nos conceptions et évaluer les options. Le béton, par exemple, a fait l’objet de nombreuses innovations grâce au développement de nouveaux additifs et de solutions de rechange au ciment. Toutefois, les nouveaux produits ne se comportent pas nécessairement de la même manière que ceux auxquels nous sommes habitués. Nous pourrions constater que l’utilisation d’une plus grande quantité d’un matériau à faibles émissions de carbone entraîne une réduction globale du carbone intrinsèque, ou alors qu’il est préférable d’utiliser une moins grande quantité d’un matériau plus résistant, mais à plus fortes émissions de carbone. La modélisation numérique nous permet d’évaluer les options et tous les éléments dont il faut tenir compte.