Près de 10 000 personnes d’environ 200 pays se sont réunies du 7 au 19 décembre 2022 à Montréal lors de la COP15, soit la 15e Conférence des Parties à la Convention sur la diversité biologique des Nations Unies. Des rencontres de haut niveau entre des représentantes et représentants officiels, des entreprises et des institutions financières, des communautés autochtones, des ONG et des groupes de jeunes ont démontré que nous avons tous et toutes un rôle à jouer quant à la conservation de la nature et la perte de biodiversité.
Après près de deux semaines de négociations politiques et financières, les parties se sont entendues sur une série de cibles ambitieuses mondiales visant la conservation des écosystèmes, afin d’aider la planète à conserver, à protéger et à restaurer la nature. Lors de l’événement, des cibles quant à la réattribution et à l’augmentation des ressources financières en faveur de la nature ont été formulées, et des mesures visant l’obligation de rendre compte – que les organisations du secteur privé peuvent utiliser pour évaluer et divulguer leurs impacts sur la biodiversité – ont été présentées.
Points à retenir de la COP15
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Le Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal comporte 23 cibles mondiales pour 2030 et quatre de plus pour 2050. Ces cibles peuvent être divisées en trois grandes catégories. Les cibles 1 à 8 visent à réduire les menaces pesant sur la biodiversité. Les cibles 9 à 13 visent à satisfaire les besoins des populations grâce à l’utilisation durable de la nature et au partage des avantages. Enfin, les cibles 14 à 23 concernent les outils et solutions pour la mise en œuvre et l’intégration.
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En matière de financement de plans de conservation, la nécessité du partage des ressources a été reconnue. Les pays riches doivent offrir un financement d’au moins 20 milliards de dollars annuellement d’ici 2025, qui augmentera à au moins 30 milliards d’ici 2030. L’objectif ultime est de mobiliser 200 milliards de dollars US par année provenant de sources publiques et privées.
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Le fonds du Cadre mondial de la biodiversité a été mis sur pied pour appuyer la mise en œuvre des cibles et veiller à ce que tous les pays, y compris les pays et les petits États insulaires en développement, puissent accéder à des fonds adéquats de façon prévisible et en temps opportun.
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Une participation accrue des entreprises et des institutions financières a été observée lors de la conférence. Ces dernières ont présenté de nouveaux modèles financiers privés et mixtes. Ces solutions novatrices aideront les communautés locales à atteindre leurs objectifs de conservation, par exemple, en concevant des espaces verts en milieu urbain, en réduisant les risques de pollution et en adoptant des solutions fondées sur la nature.
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La cible 15 du Cadre mondial de la biodiversité oblige les entreprises et les institutions financières à réduire les effets néfastes et à augmenter les effets positifs sur la nature en respectant les exigences de divulgation, en transmettant à la clientèle les renseignements nécessaires à une consommation durable, et en rendant compte des méthodes d’accès et de partage des avantages.
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On a aussi reconnu la nécessité d’éliminer progressivement ou de modifier les incitations préjudiciables à la biodiversité de manière proportionnée et équitable. La cible 18 vise à réduire les incitations néfastes d’au moins 500 milliards de dollars d’ici 2030, avec comme objectif ultime de renforcer les incitations durables en faveur de la biodiversité.
À quoi faut-il s’attendre de la COP16
La COP16, première convention majeure sur la diversité biologique depuis l’adoption du Cadre mondial de la biodiversité, se tiendra à Cali, en Colombie, du 21 octobre au 1er novembre 2024. Sous le thème « Paix avec la nature », la 16e Convention sur la diversité biologique réunira diverses parties prenantes engagées pour évaluer la progression de la mise en œuvre des cibles du cadre pour 2030.
Se tenant dans l’une des régions les plus riches en biodiversité de la planète, la COP16 fera avancer les progrès réalisés dans le contexte du Cadre mondial de la biodiversité de Kunming-Montréal. « Cet événement envoie un message de l’Amérique latine au monde entier sur l’importance des actions climatiques et de la protection de la vie », a déclaré Susan Muhamad, ministre de l’Environnement de la Colombie.
Soulignant la reconnaissance grandissante de la valeur des pratiques de gérance et du savoir traditionnel des peuples autochtones, des organisations autochtones se joindront à la Conférence des Parties pour comparer les états d’avancement et les méthodes de mise en œuvre. Le secteur privé sera également bien représenté. De nouveaux modèles financiers et de financement en matière d’investissement respectueux de l’environnement seront présentés, car pour réaliser de véritables progrès, des approches pangouvernementales et pansociétales doivent être adoptées.
Durant près de deux semaines, les personnes présentes à la COP16 se concentreront sur trois éléments clés :
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Examiner la mise en œuvre des 23 premières cibles du Cadre mondial de la biodiversité
Cette Conférence des Parties cernera les moyens d’atteindre les cibles du Cadre mondial de la biodiversité. Les parties examineront ce que chaque État membre fera pour atteindre ses cibles, sur quels indicateurs baseront-ils leurs divulgations, et comment mesureront-ils leur progression en se fondant sur des faits. Les Stratégies et plans d’action nationaux pour la biodiversité documenteront les indicateurs, les méthodes de mesure et les progrès de chaque partie.
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Investir et collaborer pour mobiliser des ressources en faveur de la nature
Pour atteindre les objectifs de conservation et mettre en place des plans pour la biodiversité, il faut du financement. La COP15 a fixé des cibles financières pour permettre aux pays à économie en transition, et à tous les pays de mettre en œuvre des initiatives en renforçant leurs capacités et en accédant aux ressources financières nécessaires. Lors de la COP16, les ententes sur la façon d’atteindre ces cibles seront officialisées et renforcées et des mécanismes seront mis en place pour mobiliser les bonnes ressources aux bons endroits. Un engagement en faveur d’une coopération technique et scientifique aidera les parties à atteindre les objectifs établis.
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Opérationnaliser les méthodes d’accès aux ressources génétiques et de partage des avantages découlant de leur utilisation
Les avantages du capital naturel et des ressources génétiques n’ont jamais été partagés équitablement. Lors de la COP16, il sera question, entre autres, des mesures visant à s’assurer que les ressources génétiques sont utilisées de façon à ce que les utilisateurs et les fournisseurs profitent des avantages, tout comme les écosystèmes et les communautés locales dans lesquelles elles se trouvent.
Lors de la COP16, les progrès réalisés par les parties et les organisations par rapport à l’accord historique de 2022 seront évalués, mesurés et transmis. Les parties devront communiquer leurs stratégies et plans d’action nationaux pour la biodiversité ainsi que les mesures concrètes adoptées pour évaluer et divulguer les actions en accord avec leurs engagements envers la nature. Des modèles de financement novateurs seront présentés pour stimuler les investissements respectueux de l’environnement, et la performance des mécanismes de surveillance et de responsabilisation sera mesurée.
L’an 2030 arrive à grands pas, et une participation inclusive, des efforts concertés et des gestes ciblés sont nécessaires pour atteindre les cibles ambitieuses et indispensables définies dans l’accord de Kunming-Montréal. La cible 3 (ou 30x30), par exemple, vise à protéger 30 % des terres, océans et mers d’ici 2030. Elle consiste à renverser la perte de biodiversité, à ralentir l’extinction d’espèces et à renforcer les corridors écologiques de l’ensemble de la planète.
La nature est à la base de chaque entreprise, industrie et secteur : inverser la perte de biodiversité et contribuer aux efforts visant à atteindre les cibles internationales améliorera la prospérité économique future et la résilience à l’échelle mondiale.
La COP15 a présenté le cadre, et la COP16 devra y ajouter les plans de mise en œuvre pour atteindre les cibles rapidement pour que nous, en tant que société à l’échelle mondiale, puissions freiner la destruction de la nature et rebâtir nos actifs naturels indispensables.