« Traditionnellement, pour créer un nouvel environnement bâti, la première étape consistait à se débarrasser de l’eau », explique Liam Foster, Kaiarataki Hangarau – Wai (technicien principal, Eau) chez WSP.
« Asséchez le marécage, poussez la rivière dans un ponceau, créez une plateforme et construisez une ville. »
La valeur de l’eau, si on lui en attribuait une, provenait souvent uniquement de sa capacité à transporter des déchets. Ainsi, Waihorotiu, un ruisseau qui coulait autrefois dans la ravine où se trouve actuellement la rue Queen Street à Auckland, était autrefois un chenal de marée, avant d’être transformé en égout à ciel ouvert, puis en véritable égout. Il s’agit là d’un exemple parmi d’autres de la mort de nombreux cours d’eau urbains en Aotearoa-Nouvelle-Zélande.

Source: Auckland Conventions
En raison de la croissance rapide et de l’urbanisation de la population néo-zélandaise et des changements climatiques, les urbanistes doivent effectuer des prévisions au-delà du plan décennal et adopter une vision plus large.
Les promoteurs et les autorités concernées sont obligés de tenir compte des limites imposées par les critères de conception existants pour pallier les changements climatiques et l’imperméabilité maximale (l’eau ne peut plus pénétrer dans le sol à cause du bétonnage). En plus, il semble que les phénomènes météorologiques extrêmes soient plus fréquents et aient plus d’effet qu’auparavant.
« Vous pouvez essayer de maitriser la nature – jusqu’à un certain point, du moins », affirme Liam.
« Toutefois, l’eau finira par aller où elle veut. Toute solution de conception artificielle présente des limites et plus vous utilisez de techniques artificielles, plus les conséquences peuvent être graves lorsque ces limites sont dépassées. »
Les bassins versants représentent un bon exemple pour illustrer l’approche d’aménagement centrée sur l’eau, mais ces derniers ne respectent généralement pas les limites administratives ou les droits de propriété foncière existants.
« Lorsqu’on canalise l’eau pour l’acheminer hors de son bassin versant, des problèmes se produisent ailleurs », explique Liam.
Il ajoute : « Le développement d’un bassin versant capable de fonctionner efficacement, de sorte que l’eau de pluie s’infiltre dans le sol, soit stockée temporairement dans des zones appropriées ou rejoigne un réseau de ruisseaux, permet de réduire le risque d’inondation. Toutefois, toute structure artificielle enfouie présentera toujours moins de capacité et de souplesse qu’un cours d’eau à ciel ouvert. L’approche d’aménagement centrée sur l’eau renforce par ailleurs la santé des cours d’eau, la biodiversité végétale et animale et notre lien avec nos environnements naturels. »
Liam Foster croit que la seule voie viable vers l’avenir consiste à adopter une approche axée sur l’eau qui reconnait que le premier droit à l’eau est détenu par l’eau elle-même (selon le National Policy Statement on Freshwater Management 2020* (NPS-FM 2020). L’aménagement urbain régénérateur (dans lequel la gestion de l’eau joue un rôle essentiel) apporte des avantages sociaux et culturels aux collectivités et favorise la résilience des entreprises et des communautés.
Cela nous aidera également à améliorer et à restaurer la mauri (essence vitale) de nos milieux aquatiques, ce qui s’inscrit dans la tendance de l’industrie à se tourner vers le concept de Te Mana o te Wai (restaurer et protéger l’intégrité de l’eau) (NPS-FM 2020).
Afin de reconnaitre les intérêts, les valeurs et les vulnérabilités des communautés historiquement marginalisées et de nos cours d’eau, il faut non seulement impliquer ces communautés dans la prise de décision et la planification, mais aussi répartir les avantages et les coûts des interventions d’adaptation proposées de manière plus juste et plus équitable.
« Un réseau d’eau sain offre des avantages esthétiques et récréatifs importants aux résidents de la région. Il permet de créer un point de convergence pour la communauté, un endroit où les gens peuvent se connecter les uns aux autres. À titre d’exemple, WSP a récemment réalisé des conceptions tenant compte de l’eau pour les rues Daldy et Halsey* à Auckland. Dans ce projet, l’équipe de WSP visait à intégrer un système complet de gestion des eaux pluviales en milieu urbain public, malgré les contraintes techniques importantes liées au site et à ses anciens usages contaminés. Cette approche d’aménagement axée sur l’eau a permis de forger une identité locale commune pour un environnement urbain emblématique et prestigieux, et de mettre en lumière la transformation étonnante du quartier de Wynyard. » explique Liam.