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Nos partenaires commerciaux savent depuis longtemps que le Canada regorge de ressources naturelles variées. Mais avoir remporté la loterie géologique en ce qui concerne le pétrole, les minerais et l’eau potable n’est pas le seul avantage économique majeur lié à notre position géographique. En effet, le Canada jouit en outre du littoral le plus long de la planète, avec 243 042 km.
Ce vaste accès aux plans d’eau et le développement d’infrastructures côtières ont permis au secteur portuaire et maritime du pays de s’épanouir. En 2017, presque 90 milliards de dollars (soit 17 %) de nos exportations et 110 milliards (ou 21 %) de nos importations ont transité par nos installations portuaires et maritimes.
Les ports constituent des maillons essentiels de la chaine d’approvisionnement, aussi bien en ce qui concerne l’expédition que la logistique, pour les sociétés d’exploitation de ressources naturelles comme pour les autres entreprises de n’importe quelle taille. Souvent, les régions côtières favorisent également la diversité et la force des écosystèmes, sur le plan environnemental comme sur le plan économique, au bénéfice des communautés de l’endroit.
Si nos nombreuses zones portuaires et côtières nous procurent d’immenses avantages, elles présentent aussi des risques climatiques prévisibles très élevés : érosion et submersion du littoral, aggravation et multiplication des événements météorologiques extrêmes, diminution de la glace marine servant de protection contre les vents et les vagues en hiver, hausse du niveau des mers et inondations saisonnières, pour ne nommer que ceux-là.
Le secteur portuaire et maritime est très différent des autres, jusque dans les répercussions que les changements climatiques ont sur lui. Les inondations et les phénomènes extrêmes menacent non seulement ses infrastructures, mais également la sécurité des communautés se trouvant à proximité et l’ensemble des chaines d’approvisionnement qui fournissent une grande partie des ressources essentielles à notre quotidien.
Pouvons-nous créer des solutions adaptatives et résilientes au climat quand même nos meilleures modélisations et projections en la matière engendrent parfois plus de questions que de réponses?
Risques climatiques
Bien que la communauté scientifique améliore constamment sa capacité à prédire, par exemple, les hausses du niveau des mers, l’absence de solutions facilement applicables à toutes les situations pose encore problème. La modélisation et les prévisions gagnent en précision à mesure que nos connaissances progressent, mais varient fortement d’une région à l’autre. Par contre, les experts sont d’accord sur certaines grandes tendances. D’abord, la couverture moyenne de glace risque de s’amincir, mais les effets de cette fonte diffèreront selon la région et l’écosystème. L’érosion des côtes découlera sûrement plus de l’augmentation du niveau des eaux, qui ne sera pas uniforme; le niveau montera à l’est et à l’ouest du pays, alors qu’il baissera probablement dans l’Arctique et les Grands Lacs.
La fluctuation du niveau des mers pose de graves problèmes, dont la portée est bien plus étendue qu’on ne peut l’imaginer. Les risques d’inondations et les effets sur l’intégrité structurelle des côtes nous viennent tout de suite en tête, mais il ne faut pas oublier les répercussions sur la navigation, les voies commerciales et l’équilibre écologique. La hausse du niveau des mers modifie effectivement la répartition de l’eau douce dans les fleuves, ce qui pourrait compromettre l’irrigation des terres et même notre accès à l’eau potable.

Évidemment, ces réactions en chaine complexes ont des conséquences fort coûteuses. Nous avons tous lu les gros titres annonçant des milliards de dollars de dommages dans les villes côtières en raison des inondations (parmi les prévisions récentes : 30 milliards de dollars de dommages et 300 000 personnes déplacées* si les problèmes d’inondation ne sont pas réglés dans la région de la Fraser Valley en Colombie-Britannique). Et cela ne tient pas compte des coûts plus difficiles à quantifier, comme ceux associés à la dégradation des habitats naturels.
Mesures préventives
Les experts insistent de plus en plus sur l’importance de la prévention pour éviter les dommages les plus graves et coûteux dus aux changements climatiques. Fait encourageant, les gouvernements fédéral et provinciaux offrent un financement appréciable pour s’adapter à ces changements et en atténuer les effets, y compris dans le cadre de fonds d’urgence. Demander ce genre de soutien peut cependant se révéler complexe puisque l’aide fédérale prend plusieurs formes et qu’il faut répondre à des exigences bien précises pour y avoir droit.
Les outils tels que les cartes détaillées des zones inondables ou à risque s’avèrent utiles, mais seulement si l’on dispose du financement nécessaire pour construire ou réhabiliter des infrastructures clés comme des digues, des revêtements et des brise-lames. Bien que les gouvernements desserrent de plus en plus les cordons de la bourse, les investissements proactifs demeurent minimes quand on les compare aux pertes financières associées aux inondations majeures des dernières années. Les différents paliers gouvernementaux et les municipalités doivent bonifier leurs apports pour se préparer aux conséquences des changements climatiques qui s’annoncent à l’horizon.
Répercussions sur les chaines d’approvisionnement
Investir dans la résilience de nos régions côtières garantit aussi celle de nos chaines d’approvisionnement. Les ports sont le maillon central des chaines d’approvisionnement et les effets d’une crise, qu’elle soit ou non liée au climat, peuvent fortement ébranler le quotidien des consommateurs.
La pandémie de COVID-19 constitue un cas intéressant de perturbation de la chaine d’approvisionnement, car elle nous a fait réaliser les défis auxquels sont confrontés les navires venant de Chine et d’autres pays qui nous vendent des produits d’importance. Si les livraisons par bateau ne peuvent plus se faire, que ce soit à cause de mesures relatives à la COVID-19 ou de l’inondation d’un port, le résultat est le même : toute la chaine d’approvisionnement canadienne s’effondre.
Une chaine d’approvisionnement ne peut pas être plus solide que son maillon le plus faible, et les ports posent des défis bien particuliers puisqu’il n’y a pas de solution de rechange viable dans ce secteur. Nous n’avons en effet tout simplement pas la capacité de transporter autant de conteneurs par avion, train ou camion.

Dès que la chaine d’approvisionnement ralentit ou s’interrompt, les étagères des commerces commencent à se vider, ce qui fait monter les prix. Il y a aussi des répercussions économiques, puisque les travailleurs touchés perdent soudainement leur emploi. Nous pouvons néanmoins appliquer des mesures d’atténuation, qui sont d’ailleurs mises à l’épreuve présentement dans le cadre de la pandémie. Beaucoup impliquent de construire des infrastructures temporaires.
Des solutions d’avant-garde pour assurer la résilience du littoral
La pandémie de COVID-19 constitue un bel exercice d’invention de mesures adaptatives urgentes et très probablement temporaires. Or, les défis liés aux changements climatiques exigent des solutions novatrices et durables. Nombre d’experts recommandent, entre autres, de construire des digues et des brise-lames en guise de protection contre les grosses vagues, d’installer les infrastructures portuaires et les bâtiments à l’abri des inondations et de surélever les routes et chemins de fer permettant d’accéder aux ports. Déplacer les infrastructures clés en fonction des données fournies par les cartes des zones inondables ou à risque peut beaucoup contribuer à en réduire la vulnérabilité. Il est aussi conseillé d’imperméabiliser les entrepôts et autres installations de stockage afin de protéger les marchandises au cas où la montée des eaux dépasserait les prévisions.
Même en ayant en main les meilleures recommandations et un budget illimité, les professionnels doivent effectivement laisser la place aux imprévus dans leurs conceptions. Étant donné la grande ambiguïté de certaines projections climatiques, nous devons trouver des solutions innovantes et suffisamment souples pour s’appliquer à différents scénarios. Les infrastructures que nous bâtissons aujourd’hui doivent donc être conçues pour l’avenirMD si nous voulons avoir moins de difficulté à les mettre à niveau dans 30 ou 40 ans.
Un autre moyen d’accroitre la résilience et la capacité d’adaptation des côtes canadiennes consiste à construire en tirant parti de la nature plutôt qu’en luttant contre elle. En fait, en plus de déplacer les infrastructures clés et d’améliorer les mesures de protection du littoral comme les digues et les brise-lames, on peut instaurer des solutions basées sur la nature qui rendront les écosystèmes plus résilients. Le principe est simple : travailler avec l’environnement local pour créer le long des côtes des zones tampons qui atténueront les risques posés par les changements climatiques. À titre d’exemple, on peut intégrer aux espaces verts des milieux humides, de la végétation et des infrastructures écologiques dans le but de former des plaines inondables qui absorberont plus facilement la montée des eaux, réduisant du coup les conséquences des inondations sur les quartiers environnants. On trouvera un exemple* d’une telle zone tampon à New York. Dans la plupart des cas, ces zones jouent plusieurs rôles puisqu’elles comprennent des parcs, des pistes cyclables et d’autres installations qui contribuent au bien-être de la population.
En fin de compte, toutes les strates de l’écosystème bénéficient de ces solutions, que ce soit la communauté mieux desservie, l’économie soutenue en conséquence ou l’environnement enfin respecté.
Pour en savoir plus sur l’expertise de WSP en matière de ports et de milieux marins, consultez la page présentant nos services ou lisez notre brochure sur le sujet.
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