Comment se fait-il que malgré l’adoption rapide du drainage durable à l’échelle mondiale, beaucoup de nouveaux projets soient encore enlisés dans les paradigmes traditionnels?
La gestion de l’eau est un problème majeur dans les sociétés modernes. Pourtant, les gens présument que ce problème est réglé tant qu’ils n’ont pas de l’eau jusqu’aux genoux, que l’eau n’arrête pas de couler du robinet et qu’elle est propre. C’est lorsque ce n’est pas le cas qu’ils blâment les concepteurs, les promoteurs, les autorités et les organismes de réglementation de n’avoir pas adopté des pratiques de gestion durables des infrastructures et de l’eau. Aucune eau ne peut alors laver la réputation de ces intervenants.
Étant donné que les projections climatiques annoncent des évènements météorologiques plus intenses et plus fréquents, comme des inondations, des sécheresses et des vagues de chaleur, et que les organismes de réglementation et les autorités imposent des sanctions environnementales de plus en plus sévères, tout projet d’aménagement doit prendre en compte la durabilité et la résilience dans sa conception relative à l’eau et au drainage, sans quoi le coût du projet pourrait être accru.
Au cours des dernières décennies, notre connaissance des systèmes de drainage durable (SuDS) et des méthodes et techniques d’aménagement urbain axées sur la conservation de l’eau (WSUD) a évolué, et de nombreux exemples de belles réussites dans le monde ont démontré les avantages pour l’environnement et les communautés. Les avantages environnementaux et sociaux sont bien réels, et ils sont certainement appréciés par les communautés et par les organismes de réglementation, mais ils peuvent être difficiles à quantifier sur le plan monétaire autrement qu’en envisageant le coût des travaux parfois nécessaires dans d’autres scénarios, par exemple lorsqu’il faut dépolluer ou réparer les dommages causés par les inondations.
L’adoption lente des solutions durables par les concepteurs et par les promoteurs est probablement attribuable à une combinaison de facteurs, notamment une préférence pour ce qui leur est familier, des coûts de construction perçus comme étant plus élevés par rapport aux approches habituelles et un manque de compréhension globale des interactions dans un bassin de drainage plus vaste.
La bonne nouvelle, c’est que des éléments de drainage durable peuvent aisément être intégrés à l’aménagement urbain sans coûts supplémentaires trop élevés. Même à très petite échelle, le drainage durable peut offrir des avantages importants sur le plan de la quantité d’eau, de la qualité de l’eau, de l’agrément et de la biodiversité.
Définition des solutions durables de drainage urbain
Essentiellement, le drainage durable consiste à gérer la quantité d’eau (par exemple en trouvant des moyens de gérer de grands volumes de pluie et d’eaux de ruissellement de façon à éviter les inondations), ainsi qu’à préserver ou à améliorer la qualité de l’eau (par exemple en filtrant les eaux pluviales pour en retirer les polluants et les contaminants avant qu’elles ne retournent dans les cours d’eau).
L’aménagement urbain remplace les surfaces naturelles par des surfaces artificielles lisses et non absorbantes. La pluie et les eaux de ruissellement ne peuvent plus pénétrer dans le sol; elles doivent plutôt être captées et réacheminées. Les systèmes de drainage ordinaires n’empêchant pas vraiment les sédiments et les polluants de se mélanger à ces eaux, il faut donc traiter celles-ci adéquatement, ce qui s’assortit d’un coût important.
Les solutions de drainage durables permettent l’intégration de surfaces naturelles, qui peuvent agir comme des éponges et des filtres. Cela rétablit certains des éléments naturels du cycle de l’eau. L’eau peut être emmagasinée ou ralentie dans sa course, ce qui aide à prévenir les inondations et favorise l’absorption. Les surfaces perméables et la végétation effectuent également une série de traitements simples qui maintiennent ou améliorent la qualité de l’eau, entre autres la filtration, l’activité des insectes et des microorganismes ainsi que les rayons UV.
Le drainage durable des routes nécessite une plus grande utilisation des rigoles ou des revêtements perméables, ou les deux. Dans le cas des bâtiments, les pratiques de drainage durable vont au-delà des méthodes habituelles de détournement de l’eau des toits et des entrées vers le réseau d’égouts pluviaux, adoptant des éléments comme les toits verts et les jardins pluviaux, qui réduisent le débit et la quantité des eaux de ruissellement tout en assurant une filtration naturelle qui améliore la qualité de l’eau. Des bassins de rétention peuvent être combinés à ces éléments pour recueillir les eaux de drainage des bâtiments.
Bon nombre de ces éléments peuvent être intégrés à des coûts de construction et d’entretien comparables à ceux des approches habituelles.