Cette année, la Conférence des Parties de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP29) qui aura lieu en Azerbaïdjan et qu’on surnomme la « COP Finance » sera cruciale, car les pays chercheront à obtenir des financements publics et privés supplémentaires pour mener les initiatives de lutte contre les changements climatiques.
Réunis dans la ville de Bakou pour 12 jours de discussions, des milliers de négociateurs et de dirigeants des secteurs public et privé s’efforceront de faire progresser la mise en œuvre de l’Accord de Paris. Comme lors des COP précédentes, les négociations officielles auront lieu en marge d’un impressionnant éventail d’événements informels axés sur les solutions – allant de la décarbonation des activités industrielles et commerciales à la réduction continue de l’utilisation des combustibles fossiles, en passant par les solutions d’atténuation fondées sur la nature, le renforcement de la résilience aux impacts climatiques inévitables et l’engagement des peuples autochtones dans l’action climatique.
Les négociateurs eux-mêmes aborderont la question cruciale d’un nouvel objectif mondial de financement – sans lequel aucune des solutions ne pourra être pleinement réalisée – et qui pourrait influer sur le caractère ambitieux et la mise en œuvre des futurs objectifs de réduction des émissions des pays en développement.
Cette COP sera particulièrement importante pour le Canada, qui présidera la G7 en janvier 2025 et qui, à ce titre, devra contribuer à coordonner les efforts mondiaux pour mettre en œuvre les décisions prises à Bakou.
Retour sur la COP28
À Dubaï, les pays ont entrepris le premier bilan mondial. Le suivi régulier des progrès réalisés par rapport aux objectifs de l’Accord de Paris, à savoir limiter le réchauffement, atteindre la résilience et transformer le financement de l’action climatique, est prévu tous les cinq ans afin que les Parties à la CCNUCC puissent « faire le point » avant de prendre leurs prochains engagements de réduction des émissions et de soutien. Sans surprise, Dubaï a constaté que les progrès étaient trop lents en matière de réduction des émissions, que des milliards de personnes dans le monde restaient très vulnérables aux impacts des changements climatiques et que, sans l’apport de financement supplémentaire important, nous pourrions accuser un retard par rapport à nos efforts mondiaux de lutte contre les changements climatiques.
Le Canada n’est pas venu à Dubaï l’an dernier avec des engagements financiers majeurs. Les 67 millions de dollars annoncés, tout comme les initiatives plus importantes présentées lors du sommet du G7 en Italie cet été, ont été largement financés par l’engagement antérieur du Canada de 5,3 milliards de dollars en soutien aux pays émergents sur la période 2021-2026.
Le Canada a également pris des engagements pour concilier son rôle de grand producteur de pétrole et de gaz dans un monde où la demande reste forte et où il doit réduire l’impact climatique de l’industrie pour atteindre ses propres objectifs. Le Forum des producteurs net zéro (Canada, États-Unis, Norvège, Arabie saoudite, Qatar et Émirats arabes unis) a préparé une Boîte à outils pour la réduction des émissions de méthane en amont. Selon Ressources naturelles Canada, cette boîte à outils « fournit de l’information sur les mesures prises à ce jour et les leçons apprises au sujet de la mise en œuvre de technologies de réduction du méthane. L’outil vise à mettre en lumière les politiques, les ressources et les initiatives de réduction du méthane prévues parmi les pays membres. »
Le Canada a aussi :
En proposant ou en soutenant ces initiatives, le gouvernement canadien s’est engagé à prendre des mesures et à investir davantage pour réduire les émissions nationales et mondiales.
Financement de l’action climatique : le principal défi
Le principal point sur lequel les Parties de la COP doivent se mettre d’accord cette année est le nouvel objectif collectif quantifié (NOCQ). Le NOCQ vise à s’appuyer sur l’objectif précédent fixé lors du Sommet sur le climat de Copenhague en 2009, lequel engageait les pays développés à mobiliser 100 milliards de dollars américains par an d’ici 2020 pour répondre aux besoins des pays émergents. (Cet objectif fut atteint seulement en 2022 avec un peu moins de 116 milliards de dollars américains mobilisés.)
L’Accord de Paris de 2015 engage les Parties à réviser cet objectif collectif quantifié tous les cinq ans, et un nouvel objectif d’au moins 100 milliards de dollars américains par an a été fixé pour 2025. Selon le Forum économique mondial (en anglais) : « Le NOCQ […] a été adopté en 2015 pour renforcer la réponse mondiale à la menace des changements climatiques […]. Or, même si le monde a commencé à atteindre ce chiffre, l’efficacité de ces fonds pour favoriser un développement écoresponsable sans créer de problème de remboursement de la dette est très remise en question, soulignant la nécessité d’établir un mécanisme financier plus robuste et efficace. » [Traduction libre]
En effet, pour le moment, les dispositifs officiels de la CCNUCC, tels que le Fonds pour l’environnement mondial, le Fonds vert pour le climat et le Fonds pour les pertes et les dommages introduit à la COP28 à Dubaï, ont contribué à financer des projets dans les pays émergents, mais ne répondent pas encore aux attentes de ces pays qui souhaitent accéder facilement à des sources de financement majeures, en complément des fonds qui leur sont fournis par la Banque mondiale et l’aide bilatérale au développement.
Ces dispositifs financiers n’ont pas non plus suffisamment contribué à la mobilisation de milliers de milliards de capitaux institutionnels destinés à des projets de lutte contre les changements climatiques dans les économies émergentes. En fait, même dans les pays les plus riches, les investissements dans des projets écoresponsables (en anglais) ne sont pas encore suffisants, même si des progrès ont été réalisés.
Les pays émergents souhaitent que la conférence de Bakou soit un tournant en matière de financement. Ils demandent des milliards de promesses pour le Fonds pour les pertes et les dommages et un NOCQ beaucoup plus ambitieux que le précédent (qui avait été fixé à 100 milliards de dollars par an) et qui reposerait davantage sur des fonds publics que sur la mobilisation de financements privés. Ces pays soutiennent que s’ils ne disposent pas de financement conséquent, il leur sera difficile de se montrer plus ambitieux au moment de présenter leur prochaine contribution déterminée au niveau national (CDN), prévue pour 2025. Après tout, la nécessité de soutien pour pouvoir agir est un principe fondamental de la CCNUCC pour les pays émergents. Les pays développés sont tenus de prendre l’initiative de leur fournir ce soutien en raison de leur responsabilité historique dans les changements climatiques et du droit des pays émergents à poursuivre un développement durable et la réduction de la pauvreté.
Toutefois, des pays comme le Canada, qui doivent gérer des dépenses et des dettes importantes sur le plan national, auront du mal à faire des promesses financières dépassant les engagements qu’ils ont déjà pris. Ils seront également réticents à l’idée de devoir se détourner d’importants capitaux privés qui leur permettraient de déployer beaucoup plus de financements pour appuyer l’atteinte d’objectifs ambitieux, le renforcement de l’architecture internationale, le déploiement de leur politique nationale et un plus grand nombre de projets axés sur la lutte contre les changements climatiques qui sont soutenus par des mesures incitatives auprès du public.
En réalité, en l’absence de financements et de fonds supplémentaires majeurs pour mener des projets nationaux et soutenir l’action des pays émergents, il serait illusoire de penser que nous pourrions maintenir le réchauffement climatique bien en dessous de deux degrés et plus proche de 1,5 degré. Nous risquerions d’être exposés aux conséquences catastrophiques des changements climatiques, qui mettraient nos sociétés en plus grand danger.
Attentes du Canada à Bakou
Pour le Canada, la COP29 pourrait être particulièrement importante. Au-delà des impacts des changements climatiques sur les Canadiens et leurs communautés qui dépendent de la rapidité de l’application des mesures de lutte mondiales, la COP29 aura des répercussions politiques sur le gouvernement (que les libéraux restent au pouvoir pour un mandat complet de cinq ans ou non). Puisque le Canada présidera le G7 en 2025, il n’aura pas d’autre choix que de se positionner comme leader des discussions mondiales sur le climat, et ses actions nationales se retrouveront sous les projecteurs.
Les Canadiens sont encore nombreux à souhaiter que le Canada (en anglais) prenne des mesures ambitieuses pour lutter contre les changements climatiques. Fondamentalement, le Canada reste très vulnérable aux changements climatiques, comme en témoignent les récents incendies de forêt et inondations qui constituent un effrayant présage de ce que l’avenir nous réserve.
Non seulement le Canada n’est pas encore en bonne voie pour atteindre sa CDN, qui consiste à réduire ses émissions de gaz à effet de serre (GES) de 40 à 45 % d’ici 2030 par rapport à l’année de référence de 2005, mais il devra également proposer un engagement pour 2035, en vue d’atteindre la carboneutralité d’ici 2050. Le pays a considérablement réduit l’intensité des GES dans son économie, c’est-à-dire la quantité d’émission de GES par dollar de PIB, mais il doit encore diminuer davantage ses émissions absolues. Des investissements accrus seront essentiels pour progresser sur ces points.
De plus, en tant que président du G7, le Canada devra faire preuve de leadership en prenant des mesures qui garantiront sa crédibilité de champion de l’action mondiale. Le pays subira donc des pressions pour augmenter ses engagements financiers antérieurs (conformément à sa « juste part » dans le cadre du nouvel objectif collectif quantifié). Le Canada dirigera également des discussions menées par les ministres des Finances pour renforcer la capacité du système multilatéral à mobiliser plus de financement. Un problème de longue date qui reste largement non résolu est la nécessité pour des organisations comme la Banque mondiale de prendre beaucoup plus de risques avec le capital dont elles disposent et d’utiliser plus efficacement ce capital pour combler les lacunes du marché dans les flux de financement de l’action climatique. Le rôle d’institutions telles que FinDev, EDC et CCC pourrait permettre de soutenir les efforts du Canada visant à catalyser le financement, en partenariat avec son secteur des affaires et des finances, le cas échéant, tout en respectant son engagement de longue date envers le libre-échange et l’aide sans condition.
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