L’énoncé de position sur la nature de l’ICMM s’accorde avec les objectifs du domaine de performance 19 (Biodiversité, services écosystémiques et nature) de la Norme consolidée relative à l’exploitation minière, dont une ébauche a récemment été publiée à des fins de consultation publique. 

Le défi de ces engagements positifs pour la nature 

L’énoncé de position de l’ICMM s’appuie sur la structure des engagements précédents en matière de réduction de l’empreinte carbone. Même si l’approche est similaire aux initiatives antérieures, le processus lui-même est très différent.

« Les enjeux de la biodiversité ne sont pas les mêmes que ceux liés au carbone, explique Kyle Knopff, écologue principal en chef chez WSP. Ils sont intrinsèquement locaux. Il n’existe aucune unité mondiale de valeur de la biodiversité qui soit interchangeable partout dans le monde. » En tant qu’écologue terrestre expérimenté, Kyle Knopff (Ph. D.) sait que la biodiversité est propre à chaque site minier. D’après lui, « si votre entreprise a un site en Afrique de l’Ouest, un site en Australie et un site dans le nord du Canada, la biodiversité sera différente et unique pour chacun d’eux. »  

Les solutions que les entreprises retiennent pour chaque site sont donc tout aussi distinctes les unes des autres. Toutefois, certains éléments sont communs à tous les sites, ce qui permet d’établir un point de départ pour les entreprises.  

Prenons l’exemple de l’eau.

Double importance relative et engagements de divulgation 

L’eau est fondamentale pour le processus minier. Elle illustre bien le concept de la double importance relative : la capacité à affecter la nature et à être affecté par la nature. L’exploitation minière influe sur la qualité de l’eau locale, et a donc des incidences supplémentaires sur la vie associée à cette eau. Et l’exploitation minière dépend aussi de l’eau pour fonctionner.  

À l’avenir, les entreprises minières devront non seulement faire un suivi précis de leurs dépendances à la nature, mais aussi en rendre compte et considérer comment aborder et atténuer les risques de celles-ci pour leurs activités actuelles et futures. Parfois, l’impact l’emportera sur les dépendances, ou inversement. Kyle Knopff explique : « Dans de nombreuses régions du nord du Canada, par exemple, l’eau est omniprésente. L’impact peut être important : les entreprises d’exploitation et d’exploration minières doivent démontrer qu’elles ne polluent pas les lacs et les rivières et qu’elles gèrent correctement les eaux de surface. Or, pour ce qui est de leurs dépendances, comme l’eau abondante est facilement disponible, sa disponibilité ne constitue pas un grand risque pour leurs activités. La quantité d’eau à gérer variera toutefois avec le temps en raison des changements climatiques. À l’avenir, les inondations de sites miniers pourraient devenir un problème. Ces risques futurs doivent également être pris en compte. » 

À l’inverse, dans les régions arides du monde, là où d’autres usagers ont besoin d’eau (par exemple, pour l’agriculture ou l’eau potable), la disponibilité de l’eau peut poser un risque important. Les changements climatiques et la demande humaine croissante font de l’eau une ressource précieuse dans de nombreuses régions où l’approvisionnement était auparavant stable. En 2024, Phoenix a enregistré des températures dépassant les 100 °F pendant 100 jours de suite (en anglais). Le fleuve Colorado produit moins d’eau qu’avant, alors que la demande est nettement plus élevée aujourd’hui. Dans ces circonstances, la dépendance devient alors un enjeu majeur et les risques liés à la disponibilité de l’eau prennent de l’importance, en plus des enjeux liés à la gestion des événements météorologiques extrêmes.

Par où commencer

Le secteur minier dispose actuellement de grandes connaissances et capacités qui peuvent être exploitées pour répondre aux nouvelles exigences. Les acteurs miniers mesurent et suivent les indicateurs liés à la nature depuis des décennies et sont donc bien plus préparés que d’autres secteurs. La prochaine étape consiste à extraire les données pertinentes qui sont déjà en train d’être recueillies, à mettre en place les activités nécessaires sur le terrain et à obtenir des résultats bénéfiques.  

Nous travaillons depuis plus de dix ans avec les leaders du secteur minier et les premiers acteurs à avoir adopté cette approche, en encourageant les entreprises à comprendre que la biodiversité est un atout essentiel à protéger. « Nous aidons les entreprises à gérer les complexités pour faire avancer ce processus », explique Kyle Knopff. Il est essentiel de comprendre les incidences de l’engagement envers l’absence de perte nette pour ce processus, et WSP est particulièrement bien positionnée pour fournir l’information nécessaire et permettre la définition d’objectifs réalistes, comme elle l’a fait avec IAMGOLD. « Nous avons de l’expérience pratique avec nos clients, ce qui nous permet de définir leurs conditions de référence et de fusionner leurs données actuelles pour exprimer efficacement ces conditions. » En utilisant des outils SIG de pointe pour maximiser les données de nos clients, notre équipe aide les entreprises à quantifier leurs impacts et à établir les mesures nécessaires pour atteindre leur objectif d’absence de perte nette à l’issue de la fermeture des sites.  

Il est possible d’atteindre cet objectif. Ambatovy (en anglais), une importante mine de nickel et de cobalt de Madagascar, est en bonne voie pour atteindre l’objectif d’absence de perte nette de forêts sur son site. WSP a mené une évaluation de la biodiversité et planifié les mesures d’atténuation pour le projet. « Ambatovy est un exemple de mine où l’on cherche déjà à atteindre les résultats présentés dans l’énoncé de position de l’ICMM. C’est à ça que nous faisons référence quand nous affirmons que le secteur minier est en avance sur cette question, à bien des égards », déclare Kyle Knopff. Il sera utile de disposer de données fiables, surtout que certaines échéances pour l’énoncé de position de l’ICMM sont pour bientôt. 

Commencer dès maintenant

« L’énoncé de position du Conseil International des Mines et Métaux a introduit des échéances qui approchent rapidement, précise Kyle Knopff. D’ici 2026, ses membres devront déjà être en train d’appliquer des mesures pour leurs activités actuelles. Ils devront faire des choix rapidement, comme utiliser une référence de 2020 ou antérieure et sélectionner exactement quelles activités entreprendre, et dans quel ordre. Une fois que le plan stratégique sera établi et que les mesures seront appliquées, les membres devront présenter un rapport à l’ICMM sur leurs activités directes d’ici 2026. D’ici 2030, ils devront également rendre compte de leurs impacts et de leurs dépendances dans l’ensemble de la chaîne de valeur. »  

Il est temps de commencer. C’est aussi ce que pense Kyle Knopff : « Si vous avez l’intention de suivre les directives de l’ICMM et de divulguer de l’information en 2026, il est préférable de vous y mettre dès que possible. En plus des exigences de l’ICMM, les gouvernements exercent aussi des pressions constantes. En Europe, la directive CSRD comprend des exigences de publication d’informations obligatoires en matière de biodiversité, d’écosystèmes et d’autres questions environnementales. Dans le même ordre d’idées, le Groupe de travail sur les informations financières liées à la nature, appelé TNFD, présente de solides directives pour s’y mettre, même si la divulgation d’information reste volontaire. Si vous souhaitez réussir dans cette initiative, commencez dès que possible, avec de l’aide. »