Imaginez un monde où les échos du passé sont intégrés harmonieusement dans l'avenir de l'exploitation minière. Cet article révèle comment les entreprises minières peuvent honorer et protéger le patrimoine culturel lors de la fermeture des mines. 

Le patrimoine culturel est soit tangible, comme les vestiges archéologiques ou les bâtiments historiques, soit intangible, comme les pratiques culturelles telles que le chant, la danse, la langue et les traditions. Sa préservation peut s’avérer complexe, en particulier lorsqu’on ferme un site minier. Il est essentiel d’intégrer le patrimoine culturel dès les premières étapes des plans de fermeture d’une mine pour pouvoir lui allouer les ressources adéquates et adopter une approche intégrée qui tient compte de tous les objectifs de la fermeture. La consultation continue avec les détenteurs du savoir ancestral et la communauté locale fait en sorte que l’information culturelle reste intacte et que les besoins culturels de la communauté soient satisfaits, même s’ils évoluent au cours de la durée de vie de la mine. 

Le patrimoine culturel s’étend bien au-delà des sites et des bâtiments à valeur historique ou symbolique. Il englobe aussi le patrimoine immatériel associé à ces lieux et structures, comme la langue, les rituels et les liens et traditions communautaires. La nature multidimensionnelle du patrimoine culturel rend sa protection complexe, mais sa valeur intrinsèque en fait une nécessité. 

Les exploitants miniers réalisent des études d’impact social et environnemental pour mesurer les effets des projets de développement sur les sites entourant les mines. Ces études constituent la base des plans de fermeture des mines, qui doivent être élaborés avant même le début du développement. 

La gestion des impacts du développement sur le patrimoine culturel local est un aspect essentiel de ces études d’impact et doit aussi inclure des considérations liées à la fermeture future. Le patrimoine culturel doit faire partie intégrante de la mission globale de développement durable dans le secteur minier. Chez WSP, nous avons des équipes dédiées à la fermeture des mines qui opèrent dans plusieurs juridictions partout dans le monde. Nos équipes possèdent une grande expertise en planification de fermeture de mine et font appel à des spécialistes de divers domaines, notamment la transition sociale, le patrimoine culturel, la gestion environnementale et la conception de topographie. Cette diversité d’expertises permet d’établir des objectifs de fermeture qui tiennent compte de diverses perspectives environnementales, techniques, socio-économiques et culturelles.

Le patrimoine culturel mérite toute notre attention  

Gavin Martin, responsable technique, Communautés et performance sociale chez WSP en Australie, a une grande expérience dans la gestion des nombreuses priorités concurrentes liées à la fermeture des mines. « Lors de la fermeture d’une mine, la réhabilitation ou la restauration des terres est une considération majeure. Il est primordial de restaurer l’environnement local autant que possible. Mais il est tout aussi important de déterminer si les travaux de fermeture pourraient avoir des incidences sur le patrimoine culturel qui n’ont pas été envisagées auparavant. » 

Les travaux de terrassement et les démolitions nécessaires pour retirer les infrastructures minières peuvent nuire au patrimoine culturel local en perturbant des monuments tangibles ou les pratiques sociales qui y sont associées. « Même si le résultat peut être positif pour la restauration à long terme, explique Gavin Martin, les sociétés minières doivent prendre en compte l’ensemble de la zone élargie et mettre en place de solides plans de gestion pour protéger tout site de patrimoine culturel pendant ces travaux de démolition, afin de permettre aux communautés locales de continuer à utiliser les terres pour leurs activités culturelles. » 

Comment protéger le patrimoine culturel

Les fermetures de mines induisent des transitions sociales et physiques. De nombreuses zones minières contiennent ou se trouvent à proximité de reliques culturelles, et certaines mines sont même considérées comme des sites de patrimoine culturel. Cela complexifie la gestion du patrimoine culturel au moment de planifier la fermeture des mines. Gavin Martin a plusieurs suggestions pour améliorer le processus :

En faire une priorité:

La première et plus importante recommandation est d’intégrer l’évaluation du patrimoine culturel à la planification à long terme des fermetures dès le début. Lors de la planification du développement minier, la fermeture des mines est souvent perçue comme un objectif lointain. Les organismes de réglementation, les communautés et les exploitants miniers se concentrent généralement sur leurs besoins immédiats. Réfléchir à 10, 20 ou 30 ans dans le futur passe souvent au second plan. Or, le patrimoine culturel peut se perdre au fil des décennies si des mesures de préservation ne sont pas mises en place. La compréhension et l’essence même du patrimoine culturel peuvent être perdues ou diminuées si des générations entières se succèdent sans y avoir accès. 

Le fait de concevoir une nouvelle mine en tenant pleinement compte des implications de sa fermeture pour la gestion du patrimoine culturel permet de réduire les responsabilités futures liées à la fermeture et d’atténuer les incidences sur les communautés et le patrimoine culturel. Si on met en place des mesures d’accès pour les communautés et une protection active continue du patrimoine culturel tout au long de la durée de vie d’une mine, il faudra moins d’effort pour rétablir ces éléments au moment de la fermeture.

Améliorer le stockage des informations:

La longue durée de vie du développement et de l’exploitation d’une mine signifie qu’il est facile de perdre des informations. Les parties prenantes changent au cours de la vie active d’une mine, et les accords conclus au début du projet peuvent disparaître avec elles. Les sociétés minières ont l’obligation de maintenir des pratiques exemplaires en matière de gestion de l’information et de revoir régulièrement leurs données relatives au patrimoine culturel, en les validant activement avec les détenteurs du savoir.

Équilibrer les impératifs sociaux et environnementaux:

Après la fermeture d’une mine, beaucoup d’efforts sont consacrés à la réhabilitation et à la restauration environnementales. Pourtant, les critères liés au patrimoine culturel sont tout aussi importants que les autres objectifs associés à la fermeture de la mine. Si on repère une zone de grand intérêt culturel à la dernière minute, les ajustements nécessaires pour y donner accès à la communauté perturberont les plans environnementaux prévus.

Planification de la fermeture des mines : une approche intégrée

L’évaluation et la planification des incidences sur le patrimoine culturel doivent être intégrées dès le début du processus de fermeture des mines. Si le patrimoine culturel est activement géré pendant l’exploitation minière, alors les valeurs culturelles et les attentes de la communauté seront bien comprises au moment de la fermeture. Ces considérations liées au patrimoine culturel doivent être intégrées à la planification de la fermeture en suivant un processus clair.   

Cette approche permet d’évaluer l’utilisation des terres après l’exploitation minière en tenant compte de la gestion continue du patrimoine culturel ainsi que des objectifs économiques et environnementaux.

Écouter les voix de la communauté

Auparavant, les exigences liées aux plans de fermeture des mines mettaient l’accent sur les impératifs techniques et environnementaux. Ces dernières années, les attentes des gouvernements et du public ont évolué, demandant que les aspects sociaux soient pris en compte plus tôt. Il est tout aussi important d’intégrer les voix de la communauté au processus de fermeture. Tout simplement parce que la communauté restera une fois que les mineurs seront partis. Les besoins et aspirations des communautés locales doivent être pris en compte quand il s’agit de l’utilisation des terres après l’exploitation. La protection continue du patrimoine culturel est souvent un aspect clé pour les communautés locales.  

Les opinions des communautés peuvent évoluer au fil du temps, et les projets miniers durent longtemps. Ils s’étendent sur des décennies, et plusieurs générations d’une communauté peuvent être influencées par leur exploitation. Gavin Martin encourage les sociétés minières à consulter régulièrement les communautés. Ces consultations ne doivent pas se limiter aux étapes de planification ou au début du développement, mais bien faire partie d’un processus opérationnel continu. La communication continue permet de réexaminer et d’adapter le plan de fermeture en fonction de nouvelles considérations. La nature exacte du processus variera selon les lieux et les préférences des communautés, mais la nécessité de rester en communication demeure inchangée.

Poser les bases d’une réussite future

Quand on planifie la transition entre l’exploitation et la fermeture d’une mine, l’objectif principal est de conserver les valeurs économiques et sociales du site. La protection de l’environnement est souvent prioritaire. Les efforts de réhabilitation ont énormément progressé ces dernières années, et les résultats en matière de restauration environnementale sont meilleurs que jamais auparavant.   

Cependant, le patrimoine culturel doit également être pris en compte. Si une zone revêt une certaine importance culturelle autour de la mine, la communauté pourrait exiger d’y avoir accès, même après la fermeture du site minier. Les efforts de réhabilitation doivent être déployés en harmonie avec le patrimoine culturel local. 

Lors de la phase de consultation initiale, un éventail plus large de questions doit être posé pour équilibrer les besoins et les intérêts de la communauté. Gavin Martin imagine une mine hypothétique où on souhaiterait installer des panneaux solaires après sa fermeture. « L’implantation d’un parc solaire est un choix intelligent en matière d’énergies renouvelables, mais ses incidences sur le patrimoine culturel doivent aussi être évaluées. Cela nuira-t-il à la manière dont la communauté utilisait la zone avant le développement? Cela interférera-t-il avec des cours d’eau ancestraux ou des zones de chasse? Y a-t-il d’autres sites de patrimoine culturel importants dans la région? » 

Il est tout aussi important de considérer qu’après 50, 60, voire 100 ans d’exploitation, la mine elle-même pourrait avoir une valeur culturelle. Par exemple, les touristes peuvent maintenant visiter d’anciennes mines dans les montagnes du Trentin-Haut-Adige, dans les Alpes italiennes (Musée de la mine - Emplacement Predoi, Mine de Monteneve et Mine d'argent de Villandro). De même, la municipalité de Virginia City, dans le Nevada, propose la visite d’une mine d’argent et des musées miniers. Le patrimoine culturel et le tourisme peuvent coexister, et le potentiel de bénéfices sociaux et économiques futurs ne doit pas être négligé. Bien sûr, tous les sites de patrimoine culturel ne deviendront pas des attractions touristiques en raison de leur histoire sociale et de leur importance pour les communautés contemporaines. Cela souligne l’importance de réaliser des études intégrées de l’utilisation des terres après exploitation, qui soient adaptées à chaque lieu et qui tiennent compte du contexte local du site en particulier. 

Compte tenu de son expérience en archéologie, qui influence son travail de planification de la fermeture des mines, Gavin Martin comprend bien cette réalité. « Il y a peu d’endroits qui n’ont pas de réglementations conçues pour gérer et protéger la culture. » Chaque communauté a des perspectives et des valeurs uniques liées à l’utilisation des terres et ses impératifs peuvent dépasser les seules considérations économiques. Par exemple, elle pourrait préférer que le site soit laissé intact en raison de son importance sacrée ou religieuse, plutôt que d’être transformé en une nouvelle activité industrielle. Même les projets d’utilisation des terres après exploitation, qui sont bien intentionnés, doivent être intégrés aux valeurs culturelles locales.