La magie des premières fois
C’est août 2009, après que cinq concepts différents aient été présentés à TPSGC, ce dernier a opté, à la surprise générale, pour l’option la plus audacieuse. La seule solution à n’avoir jamais été expérimentée par WSP: on demandait la conception d’un pont mobile. L’équipe de Transport possédait à ce moment une solide expertise en matière de ponts fixes de toutes envergures, mais n’avait aucune expérience dans les ponts ayant la capacité de bouger.
Peu après le début de la période de conception et après de multiples questions de la part de l’équipe, lesquelles demeuraient sans réponses, Tony Mailhot a pris la décision de faire un pas en arrière pour mieux avancer par la suite. L’ingénieur alors doté de 15 années d’expérience s’est ainsi retiré pour dessiner lui-même les éléments de la structure du pont. Il s’avérait essentiel de bien positionner les divers éléments dans l’espace restreint afin d’en assurer une bonne fonctionnalité, tout en définissant une géométrie harmonieuse et structuralement adéquate. De nombreux calculs préliminaires ont permis à la géométrie de prendre forme. Les analyses structurales et mécaniques ont suivi. «Le processus de conception a duré deux ou trois nuits. Ensuite, le travail s’est poursuivi avec l’équipe avec une géométrie et un fonctionnement bien définis», confie le chargé de projet. Ses nombreuses itérations ont d’ailleurs donné lieu à l’émergence d’équations de mouvement et d’équilibre mécanique nouvelles, ce qui a permis à WSP d’obtenir d’intéressants crédits en recherche et développement.
Un pont mobile et à bascule unique
Dans le cas d’un pont mobile encore plus que dans celui d’un pont fixe, toutes les étapes du processus de conception doivent être abordées avec le plus haut niveau de précision qui soit. À cet égard, le pont no.09 du canal de Chambly s’avère un projet unique grâce à la combinaison de son principe de fonctionnement et de son système de levage à la verticale. En effet, sa géométrie particulière est attribuable à l’espace confiné dans lequel il allait se déployer. Du côté du client comme de celui de WSP, l’idée de modifier la géométrie des routes situées de part et d’autre du canal et de procéder à des expropriations pour construire le nouveau pont demeurait inenvisageable.
D’un point de vue plus technique, il faut savoir que le nouveau pont devait idéalement s’ouvrir verticalement de façon à rester dans son axe. C’est pourquoi WSP a retenu le concept du pont à bascule à deux points de rotation et muni d’un contrepoids comme solution toute indiquée. Bien qu’il s’agisse d’un principe encore peu utilisé sur notre continent, celui-ci a été priorisé puisqu’il rendait possible la construction d’un pont d’une largeur plus importante que le pont initialement en place et ce, dans un espace restreint. Le pont no.09 du canal de Chambly intervient aujourd’hui comme l’un des premiers ponts en son genre en Amérique du Nord.
Nous avons opté pour un pont basculant dont le mouvement est activé par des cylindres hydrauliques. Nos services comprenaient : plans et caractéristiques techniques, supervision des travaux, coordination, surveillance du site, ingénierie des ponts, ingénierie hydraulique, instrumentation, automatisation et contrôles, ingénierie routière, ingénierie électrique et simulations visuelles en 3D.
La structure est à 100 % en acier et a remporté le prix de l'Institut canadien de la construction en acier pour le meilleur projet en acier du Québec en 2012. Ce projet sera un témoignage pour les générations actuelles et futures des avancées techniques associées à notre époque, tout en préservant l'intégrité du site historique.