L’industrie minière a joué un rôle essentiel dans l’économie de l’Australie tout au long de son histoire, mais il y a eu peu d’exemples de fermeture de mines réussies à ce jour. Le pays est confronté à une augmentation rapide du nombre de mines en fin de vie. De plus, une grande partie des considérations entourant la fermeture d’une mine en Australie ont rarement dépassé l’attente de base, qui consiste à rendre les terres « sûres et stables » et à les ramener à leur état initial ou à leur utilisation antérieure. De nombreuses approches novatrices sont toutefois disponibles, susceptibles de générer une plus grande productivité et une plus grande valeur pour les collectivités et les investisseurs à long terme.
N’est-il pas temps de trouver des solutions durables après exploitation qui offrent aux propriétaires de mines des solutions de rechange à la gestion des sites à perpétuité, et permettent également d’obtenir des résultats sociaux, économiques et environnementaux positifs?
Pour changer de paradigme en matière de planification de la fermeture d’une mine, il est essentiel de comprendre la valeur inhérente du site minier, de puiser dans le plan régional de développement pour trouver des possibilités de réorientation, de mobiliser un grand nombre d’intervenants et de rechercher des occasions de collaboration ainsi que de nouveaux modèles commerciaux et de transfert de responsabilité.
Quelle est la valeur intrinsèque de votre site?
Une bonne partie de la réponse aux défis liés à l’abandon des mines réside dans l’évaluation objective de la valeur inhérente de l’actif. Cependant, pour comprendre la valeur fondamentale du site, nous devons comprendre pleinement les caractéristiques de celui-ci, le potentiel des terres, les infrastructures qui pourraient être disponibles après la fermeture et le tableau complet des responsabilités et des risques actuels et futurs.
Il peut être difficile de réunir toutes les données accessibles. Puisque la durée de vie d’une mine s’étend souvent sur plusieurs générations, il peut y avoir d’importantes lacunes dans la connaissance du site. Souvent, les principaux risques résident dans la caractérisation des eaux souterraines et des matériaux liés à l’exploitation minière. En savez-vous autant sur vos résidus que sur votre minerai? Comprenez-vous la nature de votre lac de kettle? Pouvez-vous trouver des solutions de rechange pour gérer vos résidus et votre relief afin de les mettre en valeur?
L’accès à la terre et à l’eau est une ressource clé, mais aussi un facteur limitant pour toute utilisation future des terres. En comprenant les caractéristiques de votre actif, vous pouvez rajuster vos objectifs et vos stratégies de fermeture afin d’améliorer le potentiel des terres et de les rendre adéquates pour des utilisations futures. Grâce à la capacité de créer les reliefs requis, de réorienter la fonction des infrastructures et de conserver des services clés comme l’électricité, l’eau et les communications, il est possible de garder et même d’accroître la valeur intrinsèque de votre actif.
Quelles seraient les initiatives d’après-exploitation possibles dans votre région?
La réhabilitation d’un site ou le retour à son utilisation antérieure (souvent comme pâturage) peut ne pas être aussi bénéfique pour la collectivité que l’identification de nouvelles possibilités de « réaffectation » des terres perturbées ou défrichées pour maximiser leur potentiel de productivité et créer de l’activité économique locale et des possibilités d’emploi. Comment voir au-delà de la gestion à perpétuité comme étant la seule option? C’est le moment de penser de façon novatrice aux utilisations après exploitation qui tirent parti de la valeur intrinsèque identifiée.
Envisagez de participer aux cadres de développement régional qui explorent déjà les meilleures façons de gérer la croissance de la population et de répondre aux besoins futurs de votre région. Bon nombre de ces cadres appuient le développement minier, mais aussi la promotion d’un éventail d’activités visant à rendre les régions plus durables, comme l’agriculture irriguée, les énergies renouvelables et le tourisme. Ces nouvelles utilisations productives des terres sont déjà mises en œuvre avec succès dans plusieurs sites miniers australiens. Il peut aussi y avoir des possibilités du côté de la séquestration du carbone dans les sols par l’agriculture ou dans l’industrie spatiale. Quel est le degré de correspondance entre les caractéristiques et la valeur intrinsèque de votre actif et les exigences de ces utilisations possibles des terres?
Êtes-vous en collaboration avec les bons intervenants?
Une après-exploitation réussie dépendra toujours de l’identification et de la mobilisation des bons intervenants, mais qui sont-ils? Il est utile de caractériser les groupes d’intervenants du point de vue de l’intérêt et de l’influence.
Bien que les sociétés minières consultent couramment les organismes de réglementation, les propriétaires fonciers et les membres de la collectivité lors de la fermeture d’une mine, l’industrie minière profitera de l’élargissement de cette sphère d’interaction pour faire appel à d’autres réseaux d’influence, comme les investisseurs, les sociétés de capital de risque, les promoteurs et les groupes à la recherche de nouvelles possibilités de développement. Ces intervenants potentiels auront leurs propres budgets et stratégies, qui pourraient réduire les coûts de fermeture, les risques et les responsabilités.
Pour la planification de la fermeture, collaborez-vous avec les autorités responsables de l’élaboration des cadres de planification régionaux? Communiquez-vous également avec les sociétés minières voisines, qui représentent une variété de possibilités de collaboration? Certaines possibilités de réaffectation peuvent être mal adaptées pour un site individuel, mais elles pourraient être viables si l’on regroupe plusieurs sites.
Y a-t-il des possibilités d’adoption de nouveaux modèles commerciaux et de transfert de responsabilité?
La réaffectation ou l’abandon d’un site minier comporte toujours un certain risque résiduel. Cependant, il y a des façons de gérer, de réduire et de transférer ce risque qui n’ont pas encore été largement utilisées dans l’industrie minière. De quelle façon les instruments de transfert de responsabilité pourraient-ils faciliter la réaffectation de votre actif ou même le rendre avantageux?
Le transfert de responsabilité d’un actif nécessite une entité juridique (un investisseur), un plan de transition et de transfert de site, une compétence démontrée en gestion de problèmes et un financement protégé par une assurance. Lorsque la réaffectation est possible, la responsabilité peut être transférée au prochain utilisateur des terres et peut être gérée et régie en vertu de différentes lois. Cela exige toutefois un changement de paradigme en matière de risque et de fermeture.
TLe moment est venu de changer notre façon d’envisager ce qui peut se passer au-delà de la durée de vie d’une exploitation minière. Il existe de nombreuses possibilités d’évaluation objective et de maximisation de la valeur intrinsèque d’un site minier par sa réaffectation, ainsi que d’adoption de nouvelles perspectives sur la fermeture de sites miniers. Au cours de la prochaine décennie, nous pouvons nous attendre à voir plusieurs nouveaux exemples de réaffectation réussie, et l’industrie bénéficiera d’un éventail de recherches provenant d’organismes comme le Cooperative Resource Centre for Transformations in Mining Economies (CRC-TiME [en anglais uniquement]).
Grâce au leadership et à la collaboration au sein de l’industrie et des gouvernements, l’industrie minière a la possibilité de cerner et de mettre en œuvre des scénarios après-exploitation avantageux qui réduisent les risques, améliorent l’acceptabilité sociale et la réputation et créent de nouvelles possibilités productives et durables pour les collectivités australiennes.
À PROPOS DE L’AUTEUR
Darren Murphy est consultant principal des fermetures de mine au bureau de Perth, Australie. Avec plus de 30 ans d’expérience en Australie et à l’étranger, il est un chef de file reconnu de l’industrie pour ce qui est des études de gestion et de fermeture des mines. Il a assuré la gestion de projet et la direction de nombreuses études multidisciplinaires concernant la fermeture de mines pour des clients tels que Rio Tinto, BHP Billiton, MMG, Iluka et AngloGold Ashanti. À titre de praticien en environnement certifié, Darren représente l’Environment Institute of Australia and New-Zealand au sein du comité parallèle pour l’élaboration de la norme ISO sur la fermeture des mines de Standards Australia. Il est également membre du comité directeur pour l’élaboration de la certification de l’EIANZ en matière de réhabilitation des terres et membre fondateur de la Closure Planning Practitioners Association.