Une partie de la solution résidera toujours dans la gestion des comportements humains – c’est le cas même dans les milieux très techniques des soins de santé, signale Jonathan Ramajoo, chef du secteur de la santé chez WSP en Australie. « Chaque fois qu’une infirmière entre dans la chambre d’un patient, avant de faire quoi que ce soit, elle se désinfecte les mains, puis les lave à nouveau avant d’en ressortir. Une bonne hygiène des mains est fondamentale », dit-il.
Jusqu’à ce qu’on dispose d’un vaccin ou d’un traitement efficace, des mesures de distanciation physique devront rester en place. La réduction du nombre de personnes présentes dans le bureau à un moment donné, l’installation de systèmes de traitement de l’air unidirectionnels et des limites au nombre d’occupants dans les espaces confinés comme les salles de conférence ou de réunion pourraient aider à limiter les contacts. Certaines technologies comme le balayage thermique pourraient aussi être utilisées pour identifier les personnes qui pourraient être infectées – nous examinerons l’efficacité de ses approches (ainsi que les questions éthiques s’y rapportant) plus tard dans la série.
Les bureaux existants pourraient ne pas se prêter facilement à ces approches : idéalement, il y aurait des voies d’entrée et de sortie distinctes, mais de nombreux immeubles n’ont pas deux entrées, et une telle modification serait dispendieuse. Les escaliers pourraient s’avérer une option plus intéressante que l’ascenseur, mais cela pose problème pour les personnes en fauteuil roulant ou à mobilité réduite et, au-delà de trois ou quatre étages, pour presque tout le monde sauf les personnes en très bonne forme physique. Nous examinerons les défis du transport vertical en détail dans un autre article.
Austin Wikner suggère que les plans d’aménagement pourraient être plus décentralisés pour faire en sorte que les espaces communs comme les lieux de préparation du thé ou du café soient utilisés par un moins grand nombre de personnes. « Là où il y en avait un par étage servant 100 personnes, il serait pertinent de prévoir quatre ou cinq points répartis sur l’étage qui ne servent chacun que 10, 20 ou 30 personnes », dit-il.
Plus on retirera de points que doivent toucher les gens qui se déplacent dans l’immeuble, plus le risque sera faible. Les portes automatiques et les dispositifs de sécurité sans contact pourraient aider, tout comme les robinets, distributrices de savon, séchoirs à mains et chasses de toilette à détection de mouvement, ou encore les cafetières à commande vocale. « Il ne s’agit pas de nouvelles technologies, et ce n’est pas particulièrement difficile à installer, mais tout est une question d’argent, affirme Austin. Un robinet sans contact est plus dispendieux qu’un robinet normal. Intégrer un moteur et un capteur de mouvement à une porte a un coût et prend de l’énergie. »
Quand le toucher ne peut être évité, des revêtements ou matériaux antimicrobiens comme le cuivre et des alliages comme le laiton ou le bronze peuvent désactiver les microorganismes qui s’y déposent. « Ces solutions utilisées dans le secteur de la santé peuvent facilement être transposées », affirme Tomer Zarhi, gestionnaire en mécanique dans l’équipe du secteur de la santé chez WSP au Canada. « Si des surfaces antimicrobiennes pourraient être aménagées, les surfaces lavables et durables sont encore plus importantes. »
Mais les différentes options ont toutes des avantages et des inconvénients. Les armoires de cuisine devraient-elles être remplacées par des tablettes pour réduire les points de contact? Ou est-ce que ça exposerait la vaisselle aux gouttelettes dans l’air? Devrait-on fermer les cuisines quand le risque de transmission est élevé? Ou est-ce que cela rehausserait le risque parce que les occupants entreraient et sortiraient plus souvent de l’immeuble pour aller s’acheter un café?
Et que dire des déplacements de la maison au bureau? Dans les grandes villes, de nombreux employés de bureau utilisent les réseaux de transport collectif bondés. « Voilà le point faible », constate Justin Turnpenny, qui dirige l’équipe d’aménagement des bureaux de WSP à Londres. « Mon trajet consiste en un déplacement en train d’une demi-heure, et la plupart du temps, c’est bondé. Vous pouvez créer un milieu de travail sécuritaire de neuf à cinq, mais en ce qui concerne les déplacements pour s’y rendre, c’est beaucoup plus difficile ». (Pour en apprendre davantage sur les mesures prises dans les transports collectifs en réponse à la COVID-19, consultez le livre blanc de WSP pour l'Australie.)
Une solution pourrait être la mise en place d’horaires de travail souples pour permettre aux employés d’éviter les heures de pointe – mais cela aurait un effet sur le travail en équipe et pourrait donc limiter l’intérêt de se rendre au travail.