Dans de nombreux pays du monde, la modernisation est un élément majeur des stratégies axées sur l’objectif zéro émission nette. Les vieux bâtiments, surtout ceux construits avant l’avènement des méthodes de construction modernes, sont généralement beaucoup moins efficaces que les nouveaux, et leurs enveloppes et systèmes doivent être modernisés afin de réduire la quantité d’énergie nécessaire pour les chauffer et les climatiser. Selon l’International Energy Agency (article en anglais), au moins 40 % de la surface construite dans les économies développées l’a été avant 1980, année où les premières réglementations thermiques sont entrées en vigueur.
Toutefois, pour les Émirats arabes unis, la situation n’est pas tout à fait la même. En effet, il s’agit d’un pays jeune qui a été fondé en 1971, et dont la croissance et l’urbanisation se sont déroulées très rapidement, particulièrement à partir des années 2000.
Les Émirats arabes unis possèdent un riche patrimoine, mais leurs villes ont cherché à présenter au monde un visage résolument moderne en lançant des projets plus grands que nature et en construisant toujours plus d’immeubles de grande hauteur. Au plus fort de l’essor du secteur de la construction, de 2008 à 2010, il se construisait annuellement à Dubaï plus de bâtiments d’au moins 150 mètres de haut que parmi toutes les villes américaines réunies, et ce, même si sa population équivalait à moins d’un centième de celle des États-Unis (article en anglais).
Le pays s’est également positionné comme chef de file mondial sur de nombreux plans. De fait, plusieurs périodes de prospérité ont contribué à renforcer son rôle de carrefour économique et commercial. Ce contexte a entraîné un afflux important de talents mondiaux en quête d’un mode de vie offrant une myriade de possibilités dans l’un des milieux de vie les plus sûrs et les plus recherchés au monde.
En raison de cette expansion rapide et de la croissance de la population, la grande majorité des bâtiments des Émirats arabes unis ont moins de 40 ans. Ce qui soulève non pas un, mais bien deux enjeux en matière de rénovation.
Effectivement, des centaines de milliers de bâtiments devront être rénovés en même temps. Ceci exigera la mise sur pied d’un important plan de rénovation visant à améliorer la performance énergétique, en parallèle avec un plan de réfection visant à maintenir la fonctionnalité des bâtiments – ce dernier pouvant potentiellement se révéler le plus important.
À l’instar d’autres marchés, même les bâtiments relativement récents sont loin d’être prêts pour l’objectif zéro émission nette. Il faudra donc mettre en œuvre un important plan de rénovation pour améliorer leur performance énergétique. Cependant, même si nous tenons compte de l’avenir et entreprenons les rénovations majeures nécessaires pour atteindre notre objectif, nous devrons aussi prendre en compte le passé, et entreprendre en parallèle un projet de réfection pour que nos bâtiments continuent à bien fonctionner, ou du moins, qu’ils demeurent habitables.
Dans le climat chaud et humide des Émirats arabes unis, la demande énergétique provient principalement de la climatisation. Les bâtiments doivent être isolés contre la chaleur, et non contre le froid. Une façade performante, étanche à l’air et à l’eau, joue un rôle essentiel en assurant le confort des espaces et en permettant aux systèmes de fonctionner efficacement. La durée de vie d’un système de façade est d’environ 20 à 30 ans, après quoi il pourrait montrer des signes de détérioration et ne plus constituer une barrière efficace contre les éléments. Aux Émirats arabes unis, des centaines de milliers de bâtiments atteindront donc la fin de cette période en même temps.
Selon le dernier recensement effectué à Abu Dhabi, 97 000 bâtiments ont aujourd’hui au moins 23 ans et, d’ici 2028, il y en aura 20 000 de plus (article en anglais). Et ces données ne concernent qu’une seule ville, dans l’un des sept Émirats, lui-même faisant partie de l’un des six pays du Conseil de coopération du Golfe. Comme la région est relativement jeune, on y trouve très peu d’exemples de projets de réfection et de modernisation. Cependant, l’expertise, l’expérience et la compréhension retrouvées à l’échelle mondiale permettent de pallier ce manque et de relever le défi.
Qu’arrive-t-il lors de l’usure d’une façade?
Le climat chaud et côtier des Émirats arabes unis érode fortement les composants de construction. La chaleur, la lumière intense du soleil et la salinité font des ravages, et ce sont les joints qui sont les plus vulnérables. Dans cet environnement, les polymères vieillissent très rapidement, alors que la durée de vie de matériaux comme l’aluminium, le verre, le ciment et la pierre est beaucoup plus longue. De toutes les composantes d’une façade, ce sont dont les produits d’étanchéité et les joints qui se fragiliseront d’abord, et beaucoup plus rapidement que dans les climats plus froids.