Dans de nombreuses régions du monde, il devient évident que les projets de développement dans les industries telles que minière, pétrolière et gazière et des transports peuvent obtenir de meilleurs résultats s'ils intègrent la sagesse des personnes qui ont une connaissance intime de la région - les peuples autochtones. Le savoir autochtone, également connu sous le nom de savoir ancestral, peut aider les projets à éviter les problèmes potentiels et à respecter les budgets et les délais.
Elle est également de plus en plus exigée. Au Canada, par exemple, la législation adoptée en 2019 - les projets de loi C-68 et C-69 - exigent la prise en compte du savoir autochtone dans les études de projets proposés et les décisions réglementaires pour les études d'impact fédérales.
En raison des perspectives et des connaissances uniques qu’ont les peuples autochtones au sujet de l’environnement local en fonction de leur relation à long terme avec la terre et l’eau, on reconnaît de plus en plus, partout au Canada, la précieuse contribution des connaissances autochtones aux processus environnementaux et réglementaires des projets de développement.
Cette législation facilitera l’engagement et le partenariat avec les Autochtones et est étroitement liée à la reconnaissance des droits des peuples autochtones ainsi qu’à l’engagement du Canada envers la réconciliation. Utilisée pour promouvoir la transparence dans la prise de décisions, la nouvelle Loi sur l’évaluation d’impact exige également que les rapports d’évaluation d’impact, stratégiques et régionaux décrivent la façon dont les connaissances autochtones fournies sont prises en compte.
Qu’est-ce que le savoir autochtone?
Le savoir autochtone est un ensemble de connaissances, de pratiques et de croyances qui s’accumule au fil du temps par un groupe de personnes vivant en contact étroit pendant des générations avec l’environnement et leurs expériences historiques. Il est cumulatif, dynamique et s’adapte au changement. Les connaissances autochtones font également partie d’un ensemble plus vaste de connaissances qui englobent l’information sur les relations culturelles, environnementales, économiques, politiques et spirituelles et la façon dont ces communautés perçoivent le monde. En raison de la relation étroite et à long terme qu’entretiennent les communautés autochtones avec la terre, elles ont une mine de connaissances à partager sur l’environnement qui peuvent compléter l’information scientifique.
L’avantage de l’intégration du savoir autochtone dès le début
La collaboration avec les collectivités autochtones au moyen d’approches participatives et l’intégration des connaissances autochtones au début du processus réglementaire peuvent appuyer la prise de décisions par les clients et renforcer la crédibilité et l’équité des décisions prises. L’engagement précoce peut aussi faciliter les relations à long terme et favoriser la viabilité sociale et communautaire.
Le savoir autochtone peut être intégré tout au long du processus d’évaluation d’impact et de réglementation. À l’étape de la planification du projet, les connaissances autochtones peuvent aider à cerner les principaux enjeux environnementaux ou culturels; favoriser la sensibilisation et l’évitement des zones importantes sur le plan culturel ou écosensibles; et la mobilisation et la rétroaction précoces peuvent aider à influencer la conception du projet. La détermination des principaux enjeux ou préoccupations dès le début peut également éclairer le choix des composantes valorisées de l’écosystème ou des composantes socio-économiques.
Le savoir autochtone peut aider à cibler et à prioriser la collecte de données de référence grâce à l’établissement de zones d’étude locales ainsi qu’à l’identification de ressources culturelles ou patrimoniales, de zones utilisées par la faune ou les gens ou de sites précis où la collecte de données de référence devrait être axée, comme les voies de déplacement de la faune. Elle peut également éclairer la caractérisation de base des conditions passées ou existantes, y compris l’état de santé actuel de la faune, de la végétation ou du milieu aquatique, ainsi que les changements dans les conditions ou les tendances environnementales au fil du temps.
De cette manière, les savoirs ancestraux soutiennent la biodiversité - une priorité de plus en plus importante, et le principal objectif de la conférence COP 15 à Montréal.
À l’étape de l’évaluation, les connaissances autochtones peuvent aider à déterminer les relations de cause à effet et les liens entre les composantes écologiques et socio-économiques, à établir des seuils d’évaluation ou à préciser les prévisions d’effets. Ces connaissances permettent de mieux comprendre les répercussions potentielles et de renforcer les mesures d’atténuation tout en contribuant à une surveillance à long terme plus efficace des projets.
La mobilisation précoce et la rétroaction de la collectivité peuvent sensibiliser les gens aux répercussions potentielles d’un projet sur le mode de vie d’une collectivité, en plus de faciliter la prise de mesures pour prévenir les effets négatifs ou la perturbation de l’environnement existant.
En fin de compte, l’engagement précoce ainsi que l’intégration significative des connaissances autochtones peuvent aider à identifier les risques sociaux et environnementaux potentiels liés à un projet, à obtenir l’adhésion locale et, éventuellement, à réduire les retards réglementaires ou les coûts imprévus à l’avenir.