La demande relative aux infrastructures bâties continue de croître à mesure que les populations et les besoins de systèmes plus efficaces pour déplacer les biens et les personnes augmentent. Les infrastructures linéaires, comme les routes et les lignes de transport d’électricité, modifient les conditions écologiques et fragmentent les habitats naturels. Elles peuvent donc réduire les populations de nombreuses espèces d’animaux sauvages. Ces infrastructures peuvent aussi rendre accessibles aux activités humaines des zones qui ne l’étaient pas auparavant, ce qui accroît la vulnérabilité de certains milieux naturels aux perturbations causées par l’être humain, comme les changements d’utilisation du territoire, l’augmentation des activités de chasse ou de braconnage et l’introduction d’espèces exotiques.
C’est l’un des plus grands défis que doivent relever les pays développés et en développement : préserver et stabiliser des écosystèmes fragiles tout en créant des actifs modernes dans les domaines de l’énergie, du transport et des télécommunications.
Au Canada, différentes pressions en matière de développement créent des ravages pour notre biodiversité actuelle. La pénurie de logements abordables qui touche de nombreuses grandes villes du pays incite les gouvernements à étendre les frontières des municipalités sur les propriétés agricoles, les zones humides, les forêts, les prairies et d’autres lieux où la faune sera affectée par cette expansion. Le besoin d’accroître les réseaux de télécommunications et d’énergie propre signifie que des terres seront dédiées aux infrastructures électriques, qui passeront souvent dans des zones naturelles fragiles.
La manière dont le climat change déjà et ses incidences sur les infrastructures canadiennes soulèvent aussi des questions importantes en matière de biodiversité. Dans le nord, la période pendant laquelle les routes verglacées sont praticables est de plus en plus courte, ce qui nécessite de construire de nouveaux axes plus permanents. Beaucoup de ces routes devront être construites sur du pergélisol dont la profondeur commence à fluctuer aussi en raison de l’augmentation des températures dans ces parties du pays.
Il existe des défis similaires dans d’autres régions du monde. Les pays africains connaissent actuellement un essor dans le développement de leurs infrastructures linéaires, avec la construction rapide de plus en plus de routes, de voies ferrées, de lignes électriques et de pipelines. Toutefois, dans ces pays en développement, la construction des infrastructures publiques dépend le plus souvent du financement d’institutions financières internationales, qui uniformisent de plus en plus la préservation de la biodiversité dans leurs projets.
Trouver l’équilibre
De multiples approches permettent d’éviter ou de réduire les incidences des infrastructures sur la biodiversité. Notre équipe travaille avec les parties prenantes chargées des infrastructures à repérer les mesures à prendre à cette fin :
- Pour limiter les incidences sur les ressources clés de la biodiversité, WSP repère et étudie des itinéraires détaillés pour des projets de ligne de transport d’électricité en tenant compte de la biodiversité dès le début de la définition des itinéraires et en utilisant des données SIG générales.
- Afin de diminuer les éventuelles incidences des lignes de transport d’électricité sur les populations d’oiseaux, WSP effectue des enquêtes détaillées d’oiseaux, en rassemblant de l’information sur leur population, leur habitat et leurs déplacements. Nous repérons les zones sensibles où installer des déflecteurs d’oiseaux sur les lignes de transport d’électricité pour leur éviter d’entrer en collision avec les câbles et de s’électrocuter.
- Au Kenya, WSP a contribué à définir la conception et l’emplacement de structures permettant le passage de la faune pour un important projet d’autoroute afin de réduire les perturbations de connectivité pour les animaux sauvages. Pour ce faire, des données sur la biodiversité ont été recueillies et l’adéquation de l’habitat pour la faune a été modélisée. Ce travail s’est appuyé sur de nombreuses innovations, qui établiront une norme pour les futures études d’impact environnemental et social (EIES), à savoir la mobilisation formelle d’écologues spécialisés en transport en Afrique en tant que « groupe d’experts », le déploiement de pièges dotés de caméras fonctionnant en ligne à distance, l’utilisation de l’intelligence artificielle (IA) pour repérer la faune ciblée, le recours aux levés systématiques, aux données existantes et aux opinions d’experts pour développer des modèles d’adéquation de l’habitat afin de prédire l’occurrence de la faune et les itinéraires qu’elle emprunte, et l’utilisation de méthodes statistiques rigoureuses pour repérer les lieux de passage de la faune.
En mobilisant les parties prenantes, nous pouvons trouver des solutions pour nous aider à adapter l’écosystème et à atténuer les incidences des infrastructures qui y sont construites.
Prochaines étapes
La biodiversité peut être intégrée au développement des infrastructures de nombreuses manières, y compris grâce à la planification stratégique, à l’évaluation des incidences, à la mise en œuvre des mesures d’atténuation selon l’ordre établi et à la collecte et à l’utilisation de données liées à la biodiversité dans les prises de décision. Il est aussi important d’élaborer des plans de gestion environnementaux complets et faciles à mettre en place ainsi que des plans d’action liés à la biodiversité et aux espèces, au besoin, selon l’écosystème dans lequel les infrastructures sont bâties.
Dans les pays en développement, où le financement provient du secteur financier, les exigences de zéro perte nette et de gain net en biodiversité fixées par les normes internationales des bailleurs de fonds sont particulièrement pertinentes aux projets d’infrastructure, et ils contribuent à intégrer les considérations liées à la biodiversité aux projets. Le secteur financier a un rôle important à jouer afin d’assurer la protection des écosystèmes dans le cadre des exigences de financement.
Notre manière de gérer les besoins grandissants de réseaux d’énergie et de transport ainsi que les besoins de protection et de restauration de notre biodiversité dans le cadre de notre objectif de carboneutralité pour 2050 représente un délicat équilibre à trouver.