Les conséquences des changements climatiques représentent une menace pour les côtes du Canada. Entre autres, les communautés côtières pourraient se retrouver submergées d’ici les prochaines décennies si le niveau de la mer continue d’augmenter.
Et, au-delà des répercussions sur les communautés, les ressources de carbone bleu du Canada sont mises à risque par les changements climatiques. C’est donc un autre élément important à prendre en compte lors des discussions sur la protection des côtes canadiennes.
Le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) définit le carbone bleu comme le « carbone emmagasiné par les organismes vivants dans les écosystèmes marins et côtiers (mangroves, marais salants, herbiers) et stocké dans la biomasse et les sédiments. » Lorsqu’on pense au carbone mondial, il importe de noter que les océans en transportent environ 83 % (article en anglais seulement), tandis qu’à peu près 50 % est emmagasiné dans les sédiments marins (article en anglais seulement). Cependant, les principales conversations au sujet du carbone bleu se concentrent sur les terres littorales, car les pays comme le Canada peuvent agir directement sur celles-ci.
Selon le National Ocean Service des États-Unis, « les études actuelles suggèrent que les mangroves et les milieux humides côtiers emmagasinent le carbone annuellement à un taux dix fois plus élevé que les forêts tropicales matures. Et de plus, pour la même superficie, ils emmagasinent de trois à cinq fois plus de carbone que ces forêts. »
Il s’agit donc de puits de carbone vitaux qui doivent absolument être protégés tout le long des littoraux de la planète.
Le carbone bleu au Canada
Les herbiers marins et les marais salants sont les principales ressources de carbone bleu au Canada.
À l’échelle mondiale, de 1 à 2 % (article en anglais) de la superficie des marais salants disparait annuellement. Au Canada, les marais salants de la baie de Fundy ont diminué de 80 % (article en anglais), principalement en raison du développement, dont la construction de digues. Dans la région, cette construction a commencé dès le 17e siècle avec les premiers colons canadiens qui s’en servaient pour transformer les marais salants en terres agricoles.
Les herbiers marins sont des régions côtières où poussent différentes variétés de possidinas, qui sont des végétaux florissants immergés et profondément enracinés. Ce sont les écosystèmes les plus à risque à l’échelle mondiale, et leur superficie diminue de façon croissante à un rythme actuel d’environ 1,5 % annuellement, soit environ 30 % de la superficie mondiale. Au Canada, on retrouve des herbiers marins sur les côtes des trois océans (Pacifique, Atlantique et Arctique).
En protégeant les ressources de carbone bleu, on veille à ce qu’elles puissent continuer à emmagasiner et à stocker le carbone, avec tous les avantages que cela procure. En effet, endommager ou détruire les ressources de carbone bleu ne réduit pas seulement la capacité de stockage totale du carbone, cela contribue également à libérer le carbone intrinsèque, emmagasiné depuis des millénaires. La perte actuelle des écosystèmes des ressources de carbone bleu émet de 0,15 à 1,02 milliard de tonnes de CO2 annuellement.
La Blue Carbon Initiative, un programme mondial qui cherche à compenser les changements climatiques par la restauration et l’utilisation durable des littoraux côtiers et des écosystèmes marins, a établi que les conséquences des changements climatiques et des activités humaines diminuent la superficie des marais salants et des herbiers. « Alors que les marais et les herbiers marins contribuent à contrebalancer les répercussions des changements climatiques, ils sont aussi souvent fragilisés par leurs conséquences. En effet, les marais salants sont surtout menacés par la hausse du niveau de la mer, alors que les herbiers marins sont mis en danger par la croissance des vagues et les tempêtes extrêmes ainsi que par la hausse de la température des eaux. Les activités humaines ont également des conséquences néfastes. Effectivement, les développements côtiers et l’agriculture ont d’importantes répercussions sur les marais, puisque ces deux activités impliquent leur drainage. Les herbiers, quant à eux, sont touchés par les activités qui réduisent leur apport lumineux, notamment la déforestation, le dragage, la culture d’algue avec des fertilisants, la pollution, la navigation et la perturbation des sédiments causés par l’agriculture et le développement. »
Ainsi, ce sont ces activités passées et actuelles qui détériorent nos ressources de carbone bleu au Canada à un rythme alarmant.
Les mesures à prendre
Renforcer ces ressources, pour veiller à leur pérennité en tant que puits de carbone importants, est une priorité de plus en plus pressante. Quelques mesures en ce sens ont déjà été prises.
Dans les basses terres de la Colombie-Britannique, des sédiments sont ajoutés aux marais existants pour les surélever et, ainsi, réduire au minimum les répercussions de l’élévation du niveau de la mer. En outre, certaines régions côtières ont commencé à adopter des lois ou des règlements afin de protéger les herbiers et les marais existants.
Cependant, il y a encore beaucoup à faire. D’autres lois et règlements devraient s’ajouter à ceux déjà en vigueur car, pour régénérer ces zones, il faut réglementer non seulement la protection, mais aussi la restauration. De plus, pour nous assurer que tout dommage cesse, il est nécessaire de mieux faire connaitre les nombreux mérites de nos ressources de carbone bleu et l’importance d’y investir. Sans une meilleure compréhension de la valeur du carbone bleu, il est fort à parier que le développement continuera à endommager ces précieuses ressources.
Il y a encore tant à faire. Cependant, nous pouvons tous nous allier pour protéger les ressources canadiennes de carbone bleu et restaurer leur prédominance initiale sur les côtes du Canada.
Si vous êtes propriétaire foncier, promoteur immobilier ou représentant municipal et que vous souhaitez en apprendre davantage sur les façons de protéger nos ressources de carbone bleu, consultez la page suivantele :