Financièrement parlant, un projet minier est l’exemple par excellence d’une opération à haut risque au potentiel de rendement très élevé.
Les opérations minières prospères constituent un véritable moteur économique au Canada. Seulement en 2018, le secteur des minéraux a contribué directement et indirectement à hauteur de 97 milliards de dollars au produit national brut (PIB) nominal du pays. À l’échelle internationale, cette industrie représentait 20 % (104,5 milliards de dollars) des exportations totales de biens du Canada.
Les risques financiers s’avèrent toutefois importants. Beaucoup de projets sont abandonnés à leurs débuts alors que d’autres perdurent pendant quelques années avant de faire faillite* abruptement en raison d’un revirement de la demande.
Comme on peut s’y attendre, les grandes sociétés minières aux activités diversifiées ont tendance à être parmi les plus rentables*. Mais à part varier leurs opérations, que peuvent faire les entreprises du secteur pour maximiser leur rentabilité, quelle que soit leur taille?
Méthodes innovantes
L’industrie minière s’est longtemps appuyée sur des techniques traditionnelles, comme le forage/dynamitage, et rechigne en général à adopter de nouvelles méthodes. Pourtant, il apparait sans cesse des technologies permettant d’améliorer la sécurité et de gagner en efficacité.
Pour déterminer comment extraire une ressource de la façon la plus rentable possible, il faut tenir compte des nouvelles tendances comme l’automatisation de l’équipement et la numérisation. Ces stratégies doivent être envisagées et mises en place tôt durant le stade de la planification et de la conception de la mine, car elles auront une forte incidence sur l’efficacité et le coût des futures opérations. Bien qu’elles puissent nécessiter en amont des investissements considérables en capital et en temps d’apprentissage, ces méthodes ont fait leurs preuves : elles permettent d’augmenter la productivité, les heures d’exploitation, l’efficacité et la sécurité, et d’éviter d’envoyer des travailleurs dans les milieux à haut risque. Les mines récentes ont vu leurs dépenses réduites de 15 % à 30 %* pendant leur cycle de vie.
Les nouveaux sites forment cependant une petite partie des actifs des exploitants. Il est malheureusement plus difficile de mettre en œuvre des technologies d’avant-garde audacieuses dans un environnement de production existant. Pour ce faire, il faut adopter une approche hybride et sur mesure, entre autres avec les machines robotisées autonomes, qui doivent normalement opérer dans des zones complètement séparées des travailleurs. Les robots qui cartographient les tunnels, les logiciels qui rendent possible la conception intégrée de la mine et les simulateurs virtuels* ne sont que quelques innovations technologiques pouvant considérablement améliorer l’efficacité des méthodes d’exploitation. Elles fournissent plus de renseignements et permettent ainsi de gagner en souplesse, d’optimiser l’extraction et d’augmenter les taux de traitement dans toute la chaine de valeur.
Les sociétés minières devraient aussi songer à utiliser les méthodes traditionnelles de façon novatrice ou dans des contextes inhabituels. À titre d’exemple, certaines appliquent maintenant dans les régions nordiques la lixiviation en tas, un procédé auparavant évité dans les régions froides.
L’énergie représente 14 % à 25 % des dépenses d’exploitation des mines canadiennes*, mais l’électrification de ces dernières est une innovation qui ajoute beaucoup de valeur en réduisant les émissions de carbone et en améliorant les conditions de travail des mineurs, entre autres grâce à une meilleure ventilation et à une sécurité accrue. Cela implique d’incorporer des stratégies pour alimenter ces sites éloignés au moyen de réseaux d’énergie renouvelable intelligents et résilients, conçus en fonction du lieu et des besoins.
Après l’extraction, de grandes quantités de certains types de minerais peuvent être perdues* si l’on utilise des méthodes qui n’ont pas fait l’objet d’études assez approfondies ou qui ne sont pas idéales. En adoptant d’autres façons de faire plus efficaces, les sociétés minières réussiront à diminuer les pertes d’énergie, de temps et de minerais. Pensons seulement au triage effectué à l’aide de capteurs sophistiqués permettant de séparer une multitude de minerais de valeur et qui requiert très peu d’énergie et d’eau.
Au-delà de la théorie, des plans qui tiennent la route
Si l’on veut maximiser la valeur du projet, il est vital de créer avant même la première pelletée de terre un plan de la mine extrêmement détaillé et personnalisé qui tient compte de nombreuses variables. Planifier en fonction de la future conjoncture économique, en prévision des fluctuations du marché, est en effet essentiel à la réussite de la mine. Cela demande de s’asseoir avec le client, car les méthodes d’exploitation établies devront s’inscrire dans le droit-fil de sa stratégie d’investissement, plutôt floue au départ, mais qui se précise avec le temps.
Les plans doivent être conçus spécialement pour le projet minier en question, d’après des données économiques réalistes, le site choisi et les expériences passées. Il n’est pas rare de voir des entreprises utiliser les plans de projets similaires qui ne comprennent pas toutes les données pertinentes nécessaires pour déterminer si le projet répondra aux attentes ou pas.
Réfléchir aux opérations minières dès le début de la phase de conception et de planification est un moyen de se prémunir contre l’échec. Cela mène parfois à modérer les ambitions, par exemple à abandonner l’idée d’extraire du minerai à haute teneur pour cibler plutôt le minerai à moyenne teneur, si cela permet de réduire les dépenses d’exploitation et ainsi de garantir la rentabilité du projet* en dépit d’une production un peu plus faible. Chaque situation est unique. Si extraire du minerai à haute teneur est sans contredit l’option au potentiel de rentabilité le plus élevé, adopter une stratégie conçue expressément pour la mine et le marché en question peut fortement maximiser la rentabilité à court terme.
On augmente aussi la valeur du projet en prenant en considération la totalité du cycle de vie de la mine, de la phase d’exploration à celle de la remise en état du site, en établissant par exemple des stratégies de réutilisation des résidus pour le remblayage. Dans ce cas, comme les résidus doivent être neutralisés, stabilisés et transformés en une pâte qui sera pompée dans les chantiers, il faut connaitre parfaitement leur composition. En outre, en pensant à la remise en état du site dès le début du projet, il est possible d’intégrer sur-le-champ des pratiques de réutilisation rapide de la terre arable pour prévenir la perte de ses nutriments et de ses microbes.
Stratégie d’expert
Prendre les bonnes décisions exige souvent d’avoir recours à des experts-conseils pour relever les défis courants lors de la phase de conception et de planification. Parmi les risques dont il faut fréquemment tenir compte, on trouve ceux associés à une modélisation économique incomplète, au manque de collaboration entre les experts et à l’absence ou à l’insuffisance de données représentatives. Les sociétés minières doivent se protéger contre de tels risques au moment de planifier le cycle de vie de la mine et de prévoir les liquidités nécessaires.
Quand une mine est conçue dès le départ selon une stratégie détaillée, ses propriétaires peuvent en maximiser la valeur rapidement, optimiser la teneur et le tonnage de l’exploitation, réduire les risques et augmenter la rentabilité. De plus, une mine dont le retour sur investissement est assuré à court terme peut mieux faire face aux variations du marché, et même ajuster l’exploitation en fonction des fluctuations des prix des matières premières et des investissements en capital requis.
Le secteur minier demeurera manifestement un pilier de l’économie du Canada. En 2018, le pays figurait toujours parmi les principales destinations mondiales au chapitre des dépenses d’exploration des métaux non ferreux, sa part des dépenses mondiales totales étant passée de 1,3 % à 15 %. On prévoit par ailleurs que les dépenses en capital du secteur devraient augmenter de 5 % par rapport à l’année précédente. Le secteur canadien des ressources naturelles constitue donc une occasion sans pareille, et les décideurs qui adopteront une approche rigoureuse et stratégique dès les premiers stades de la planification tireront davantage de valeur de leur projet.
* Les liens marqués d’un astérisque ne sont disponibles qu’en anglais.