Le dioxyde de carbone constitue le gaz à effet de serre le plus important en volume, mais il n’est pas le seul polluant sur lequel nous devons agir. Les polluants comme le méthane et les hydrofluorocarbures (HFC) ne représentent qu’une proportion plus réduite des émissions, et ont une durée de vie plus courte dans l’atmosphère. Cependant, ils sont beaucoup plus puissants et peuvent très rapidement avoir des répercussions sur l’environnement.
Ces composés chimiques, plus connus sous le nom de « polluants climatiques de courte durée de vie » (SLCP) sont responsables de jusqu’à 45 % du réchauffement climatique actuel (en anglais seulement). Le méthane, quant à lui, est responsable d’environ 30 % de ce dernier. Lutter contre ces SLCP n’est pas une mesure qui remplacera la transformation industrielle majeure nécessaire pour atteindre les objectifs de carboneutralité, limiter les effets des changements climatiques bien en dessous de 2 °C ainsi que conserver une planète habitable. Cependant, cela nous offre une véritable chance d’atténuer rapidement et à court terme ces changements, et d’éviter les points de bascule au-dessus desquels les scientifiques pensent que les effets seront irréversibles et qu’ils se renforceront.
Pourquoi les SLCP?
Le CO2 que nous émettons aujourd’hui restera présent dans l’atmosphère pendant des siècles. En revanche, le méthane est caractérisé par une durée de vie d’environ 12 ans, mais son potentiel de réchauffement planétaire (PRP) est plus de 80 fois supérieur à celui du CO2, et se mesure sur une période de 20 ans. Les HFC se dégradent après environ 15 ans, mais avant que cela ne se produise, leur PRP peut être des milliers de fois plus élevé que celui du CO2.
En raison de leur courte durée de vie, réduire les émissions de ces polluants pourrait diminuer leur concentration dans l’atmosphère assez rapidement et aider à ralentir, voire à inverser, leur effet de forçage climatique important.
Ils permettent également de définir un objectif plus clair. En effet, réduire les niveaux de CO2 dans l’atmosphère nécessiterait de prendre des mesures à long terme sur bien des fronts, alors que la majorité des SLCP est produite par quelques sources clés seulement. Le méthane est généré par la dégradation des matières organiques provenant des sites d’enfouissement, de l’agriculture, notamment de la riziculture et de l’élevage bovin, et se propage par l’intermédiaire des systèmes au gaz naturel. Les hydrofluorocarbures sont des substances chimiques produites par l’homme et sont utilisés dans les systèmes de climatisation et de réfrigération ainsi que comme solvants et aérosols.
Nous disposons des solutions techniques, qui sont couramment utilisées, prêtes à l’emploi et permettent de dégager des avantages tant sur le plan économique que sur le plan social et environnemental. Ainsi, la moitié de ces mesures de réduction des émissions paiera certainement d’elle-même.
Cependant, des barrières importantes demeurent pour aller de l’avant, et plusieurs d’entre elles sont d’origine financière. Il est essentiel de bien les comprendre, afin de les surmonter et de ralentir le rythme des changements climatiques à court terme.
Surmonter les obstacles financiers
WSP collabore avec la Clean Air Task Force, l’une des organisations de services-conseils en environnement les plus importantes, pour comprendre pourquoi les solutions existantes de réduction des émissions de méthane n’étaient pas mises en œuvre à plus grande échelle.
D’une part, des facteurs en lien avec la demande existent. La complexité et la nature décentralisée des systèmes de gestion des déchets, des systèmes agricoles et leur gouvernance compliquent la définition et la structure d’un projet rentable menant à des résultats significatifs. Prenons l’exemple de l’agriculture : comment mobiliser les riziculteurs ou les éleveurs bovins au sein des communautés dans le monde afin de faire évoluer leurs pratiques pour atteindre un objectif environnemental plus important, qu’ils ne trouvent pas forcément pertinent à l’échelle de leur existence à court terme ou du point de vue de leurs besoins de production?