Le concept d’acceptabilité sociale a joué un rôle important dans la discussion et le débat entourant l’implication des communautés et des intervenants dans les projets de développement d’énergie renouvelable. Il devient de plus en plus évident que ce concept ne permettra pas à lui seul de relever efficacement les défis liés à la transition énergétique. Pour gérer les enjeux complexes et avoir un impact social positif, il faut adopter une approche de performance sociale complète.
Pour l’industrie de l’énergie, la transition de l’acceptabilité sociale à la performance sociale présente l’occasion de passer d’une approche fondée sur les risques à une pratique plus proactive qui reconnaît non seulement les effets catalyseurs de l’industrie dans les communautés locales et en profite, mais qui cherche aussi à satisfaire les attentes plus complexes émanant des territoires touchés, au-delà de la continuité des opérations.
Les concepts d’acceptabilité sociale, de valeurs sociales, de performance sociale et le « S » des facteurs ESG sont parfois utilisés de façon interchangeable. Il s’agit toutefois de concepts uniques qui se rapportent à différents aspects de la relation avec les communautés et aux contributions au développement social.
Qu’est-ce que l’acceptabilité sociale et quelles sont ses limites?
Le concept d’« acceptabilité sociale » fait référence à l’acceptation et l’approbation des activités d’une entreprise par la communauté ou les intervenants. Bien qu’il soit perçu comme étant important pour bâtir la confiance et préserver sa légitimité, le concept fait l’objet de certaines critiques, entre autres la posture de réactivité et le manque de directives claires quant à sa mise en œuvre (Owen & Kemp, 2013). Cela génère une incohérence des résultats, des tensions entre les sociétés minières et les communautés, et des risques pour la réputation de l’industrie.
Les autres limites sont :
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Manque de clarté et de cohérence : l’ambiguïté entourant ce qu’est l’acceptabilité sociale pour différentes entreprises et la manière de l’obtenir et la maintenir soulève des préoccupations au sujet de la reddition de comptes et de la transparence.
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Déséquilibre des pouvoirs et diversité de façade : les critiques affirment que le concept d’acceptabilité sociale peut perpétuer le déséquilibre de pouvoirs lorsque l’autorité décisionnelle reste concentrée au sein des entreprises ou des gouvernements, avec une contribution limitée des communautés concernées. Dans certains cas, obtenir l’acceptabilité sociale peut être vu comme un exercice de diversité de façade : les entreprises font des consultations superficielles, sans réel engagement des intervenants et sans leur influence.
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Représentation inadéquate : le concept d’acceptabilité sociale ne parvient souvent pas à représenter les intérêts et les perspectives des communautés vulnérables ou marginalisées. Il peut tenir compte des perspectives d’intervenants influents, comme des organismes gouvernementaux ou des groupes d’intérêts bien organisés, tout en négligeant les voix de ceux qui sont directement touchés par les projets ou les activités.
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Faiblesse de la mise en application des lois : compter sur l’acceptation volontaire des communautés et des intervenants ne protège pas suffisamment contre les effets négatifs, car les entreprises peuvent tout de même poursuivre leurs activités sans avoir un consentement valable ou sans aborder les préoccupations de la communauté.
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Potentiel d’écoblanchiment : les entreprises peuvent déployer des efforts de relations publiques afin de créer la perception d’une acceptabilité sociale sans réellement traiter les problèmes sociaux et environnementaux sous-jacents.
Bien que l’acceptabilité sociale ait attiré l’attention de l’industrie en ce qui concerne les attentes de la société et les préoccupations des communautés, peu d’éléments démontrent que cette pratique influence efficacement la conception des projets afin d’éviter ou de limiter les impacts sociaux ou de prendre en compte les voix des personnes les plus touchées. La complexité de la transition énergétique nécessite de revoir l’approche, en s’éloignant des activités transactionnelles pour se concentrer sur la performance sociale positive.
Qu’est-ce que la performance sociale et comment peut-elle mieux soutenir la transition énergétique?
Il s’agit des résultats de la participation, des activités et des engagements d’une entreprise qui peuvent avoir une incidence sur les intervenants et les communautés ou nuire à la qualité de ses liens avec ces derniers (ICMM, 2023).
La performance sociale permet de gérer de manière cohérente les risques et les impacts sociaux (positifs et négatifs) d’une entreprise ou d’un projet sur les personnes, les communautés et l’environnement, et la contribution à la durabilité sociale des communautés hôtes en générant de meilleurs résultats.
La transition vers la performance sociale représente un changement dans les mentalités et les pratiques organisationnelles. Les entreprises doivent intégrer des considérations sociales dès les premières étapes de la planification, de la conception et de l’exécution des projets jusqu’à la mise hors service et la fermeture. Une approche axée sur la performance sociale fournit les processus et les lignes directrices pour une mise en œuvre, un suivi et un examen continus. Elle favorise un engagement ouvert et transparent avec les intervenants et permet d’intégrer les connaissances locales et la sensibilité culturelle aux processus décisionnels.
Bien que la transition de l’acceptabilité sociale à la performance sociale peut présenter des défis et nécessiter des changements organisationnels, les avantages sont importants. La transition vers la performance sociale permettrait de bâtir des relations plus responsables et mutuellement bénéfiques entre l’industrie et les sociétés au sein desquelles elle mène ses activités.
L’approche de WSP quant à la performance sociale
WSP comprend que pour assurer la réussite de l’intégration de la performance sociale, la conception collaborative avec les intervenants dans le cadre d’un processus continu est de mise. Cela comprend la conception, les projets pilotes et les essais propres au projet.
Les équipes responsables des communautés et de la performance sociale de WSP ont joué un rôle clé en aidant les entreprises à intégrer la performance sociale. Nous travaillons présentement avec certains des plus grands producteurs d’énergie en Australie pour les aider à atteindre leurs objectifs et assurer une transition juste.
Nos experts Carla Martinez (Nouvelle-Galles du Sud), Martin Klopper (Queensland et Territoire du Nord), Alison Carter (Australie-Occidentale) et Felicity Richards (Australie-Méridionale et Victoria) ont contribué leur vaste connaissance et expérience à cet article.