Un deuxième souffle pour les sites miniers
Il n’est jamais trop tôt pour commencer à planifier la fermeture responsable d’une mine. CSIRO prévoit qu’en Australie, environ 240 mines cesseront leurs activités d’ici 2040 (en anglais seulement). Le secteur de l’exploitation minière demeure cependant important pour l’économie australienne, car il répond aux besoins en minerais et en métaux et minéraux critiques pour la transition énergétique. En réfléchissant à la valeur post-fermeture d’un site minier en amont de son exploitation, on s’assure de lui donner une seconde vie significative et de générer des résultats à long terme positifs pour l’environnement, les communautés et l’économie.
Innovations post-fermeture pour un avenir à zéro émission nette
Plusieurs approches novatrices ont été proposées pour améliorer les résultats environnementaux et socioéconomiques qui découlent de la fermeture d’une mine, par exemple convertir une partie ou la totalité des terres à des fins agricoles, touristiques ou récréatives, en pôle scientifique ou en parc de données. Cependant, compte tenu des nouvelles cibles de réduction des émissions de carbone et de production d’énergie renouvelable, l’idée de réutiliser des sites miniers pour des projets d’énergie renouvelable gagne en popularité comme moyen de compenser les émissions liées au traitement et de fournir des sources d’énergie sur des sites déjà perturbés, contribuant ainsi à la transition énergétique.
Par exemple, il est possible d’aménager des parcs solaires et des parcs éoliens sur des sites miniers fermés qui jouissent de conditions d’ensoleillement et de vents favorables. L’énergie générée peut être réinjectée dans le réseau ou utilisée localement pour alimenter de nouvelles industries sobres en carbone.
Le stockage d’énergie par pompage est une bonne option pour les sites miniers bien situés qui possèdent de larges vides à différentes élévations. L’eau peut être pompée d’une fosse ou d’un vide en contrebas vers un réservoir en hauteur pendant les périodes de faible demande en énergie et de haute production d’énergie renouvelable (p. ex., énergies solaire et éolienne). Lors des périodes de pointe, l’eau est relâchée et s’écoule ainsi dans une turbine pour générer de l’électricité. De cette manière, le système d’énergie par pompage fonctionne comme une batterie. Il nivelle et stabilise l’approvisionnement en électricité, et fournit au réseau les services de stockage et de soutien nécessaires pour permettre l’intégration d’une plus grande quantité d’énergie renouvelable.
Les anciens sites miniers peuvent également servir à la culture de plantes énergétiques comme le panic érigé ou les algues pour la production de biocarburants. La production et la transformation des biocarburants peuvent offrir de nouveaux débouchés économiques aux communautés concernées par la fermeture d’une mine, tout en contribuant potentiellement à la santé des sols et à l’essor des énergies renouvelables.
Repenser l’utilisation selon le potentiel et l’adéquation des terres
L’évaluation des caractéristiques physiques et environnementales, comme la topographie, les aspects géotechniques, le climat et l’écoulement des eaux de surface, est une base essentielle pour déterminer le potentiel des terres après la fermeture d’un site minier. Compte tenu de la taille de la plupart des sites miniers, il est peu probable que les terres présentent des caractéristiques uniformes. Le zonage spatial des terres en fonction de ces caractéristiques et des possibilités d’utilisation permet d’envisager de multiples usages complémentaires, qui s’harmonisent de préférence aux utilisations des terres environnantes et aux priorités des communautés et des intervenants.
Pour avoir une vision holistique de la faisabilité d’une utilisation des terres après fermeture, il faut tenir compte des facteurs sociaux, culturels, commerciaux et réglementaires ou politiques pertinents au moment de la fermeture, mais aussi évaluer si ces facteurs peuvent soutenir une utilisation des terres donnée (c’est-à-dire l’adéquation des terres). Sans penser à tout cela, il serait improbable ou beaucoup plus long et coûteux d’effectuer une transition durable et réussie.
Ces facteurs peuvent être évalués d’un point de vue actuel/courant ou futur/potentiel. Par exemple, quelles capacités doivent être en place avant la fermeture pour offrir un maximum de flexibilité après celle-ci? Quels éléments peuvent être intégrés aux étapes de conception et d’exploitation pour éviter des rénovations post-fermeture coûteuses? Peut-on combiner le renforcement des capacités en matière de ressources sociétales aux stratégies d’investissement social? Comment peut-on conserver la flexibilité?
Par ailleurs, il est crucial de réviser le plan de fermeture régulièrement tout au long de la vie de la mine afin de l’adapter au contexte actuel. En impliquant les intervenants et en abordant les questions de fermeture tôt dans le processus, on pourra déterminer les options souhaitées et réalistes d’utilisation des terres, ainsi que les mesures requises et les responsabilités partagées pour arriver à des solutions viables.
« La fermeture réussie d’une mine nécessite souvent une combinaison de solutions propres au site. L’adoption de diverses approches peut maximiser la durabilité et la valeur des utilisations des terres après la fermeture, en optimisant le potentiel et l’adéquation des terres pour répondre simultanément aux multiples défis liés à la fermeture. »
– Kim Ferguson, FAusIMM, directrice, Fermeture de mines (secteur mondial)
Critères d’évaluation des options à faibles émissions pour l’utilisation des terres après la fermeture
Choisir des options qui contribuent à la fois à l’objectif zéro émission nette et aux objectifs plus larges de développement durable n’est pas un processus universel. Pour avoir du succès à long terme, ces options doivent répondre à plusieurs critères, chacun étant essentiel pour obtenir des résultats positifs et durables.
« Pour établir les critères de sélection des options à faibles émissions d’utilisation des terres après fermeture et des technologies associées, il faut prendre en compte plusieurs facteurs pour assurer une fermeture durable et efficace. Ces critères doivent se baser sur le potentiel des terres et leur adéquation, et inclure les risques futurs existants et potentiels (les menaces) ainsi que les avantages. »
– Bob Boshrouyeh, planificateur principal, Fermeture de mines
En fonction de cela, les technologies choisies devraient être :
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adaptées au potentiel des terres (c.-à-d. durables d’un point de vue environnemental);
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adaptées à l’adéquation des terres (c.-à-d. conformes à la réglementation, économiquement viables et socialement acceptables);
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réalisables sur le plan de la technologie.
Critères
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Potentiel des terres
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Durabilité environnementale
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Les stratégies adoptées doivent réduire le plus possible les perturbations écologiques produites par les activités minières, p. ex., la réutilisation d’une zone déjà perturbée plutôt que la perturbation d’une autre zone.
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Adéquation des terres
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Conformité aux règlements
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Les stratégies doivent répondre aux réglementations locales, régionales et nationales rigoureuses, comprenant généralement des exigences spécifiques en matière de réhabilitation des terres, de qualité de l’eau et de restauration des écosystèmes. Elles peuvent aussi prévoir des cibles relativement aux énergies renouvelables.
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Durabilité environnementale
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(comme définie ci-dessus)
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Viabilité économique
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Les stratégies doivent être économiquement réalisables, évaluant l’investissement initial par rapport au potentiel de réduction des coûts récurrents à la fermeture (par exemple, réduction des coûts énergétiques ou du traitement de l’eau) et, si possible, générer de nouveaux avantages économiques pour la communauté.
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Acceptabilité sociale
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Le succès d’une stratégie est étroitement lié à l’acceptation et au soutien des communautés et intervenants locaux. Les stratégies doivent offrir des avantages qui rejoignent les priorités des communautés, comme des zones de loisirs, de l’électricité subventionnée et une eau de meilleure qualité.
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Faisabilité technologique
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Faisabilité technologique
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Les technologies de fermeture doivent être robustes et fiables. L’utilisation de technologies émergentes à grande échelle peut être risquée, mais l’industrie doit adopter des innovations pour progresser. La fermeture intégrée des mines peut permettre de tester des innovations à grande échelle et de prouver des concepts.
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Lorsqu’on applique ces critères à une stratégie donnée, on peut également la soumettre à une analyse des forces, des faiblesses, des possibilités et des menaces (FFPM).
Collaborer pour laisser un héritage positif, à faibles émissions
Il faut un éventail de perspectives, une collaboration et une responsabilité partagée entre les communautés, l’industrie, les autorités de réglementation et les gouvernements pour donner une nouvelle vie aux anciens sites miniers. Cet effort constitue un investissement précieux pour l’avenir.
Pour trouver les meilleures stratégies et obtenir des résultats optimaux quant aux utilisations des terres à faibles émissions, la collaboration est de mise entre les communautés locales, les partenaires de l’industrie, les gouvernements et les autorités de réglementation. Mobiliser les communautés et les propriétaires ancestraux dès les premières étapes permet d’obtenir des résultats inclusifs, qui rallient les gens et qui répondent aux priorités et aux besoins locaux.
En travaillant ensemble, les partenaires de l’industrie des mines et de l’énergie renouvelable peuvent miser sur leurs forces collectives, leurs ressources et leurs apprentissages pour réaliser des projets ambitieux à grande échelle, explorer de nouvelles solutions et innovations, et partager les connaissances qui permettront de faire progresser les meilleures pratiques.
Grâce à des cadres stratégiques solides, nous pouvons développer des projets d’énergie renouvelable et à faibles émissions qui donneront une nouvelle vie à d’anciens sites miniers et qui ajouteront de la valeur pour les générations futures.