Aujourd’hui, un million d’espèces animales et végétales sont menacées d’extinction d’ici les prochaines décennies à travers le monde. La perte de biodiversité augmente considérablement à l’échelle internationale, et ses effets peuvent être bien plus importants que nous l’imaginons.
En effet, la biodiversité n’est pas uniquement un problème environnemental. Lorsque la biodiversité s’amenuise, les processus naturels nous donnant accès à des aliments sains, à un air respirable et à une eau propre sont menacés. Ceci entraîne de graves effets sur la sécurité et répercussions économiques, développementales et sociales, et s’accompagne de certaines complexités sur les plans moral et éthique.
L’étendue de ces effets est clairement présentée dans le rapport mondial de 2019 sur l’évaluation de la biodiversité de la Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques, qui prévoit que le déclin continu de la biodiversité et des écosystèmes freinera, à hauteur de 80 %, les progrès à l’égard des buts établis dans les Objectifs de développement durable des Nations Unies en ce qui a trait à la pauvreté, à la faim, à la santé, à l’eau, aux villes, au climat, aux océans et aux terres.
La gestion et la conservation de la biodiversité sont donc devenues les défis les plus importants et les plus urgents à relever à l’échelle mondiale. Nous devons mettre en œuvre des changements drastiques au sein de nos structures économiques, politiques, technologiques et culturelles afin de ralentir le plus possible ce déclin.
Mesures à prendre à l’échelle locale
En raison de l’urgence, de la gravité et de l’ampleur de ce défi, l’Australie doit se préparer à contribuer activement à la découverte de solutions adaptées. Nous avons tous un rôle à jouer. Cependant, les autorités de réglementation, les spécialistes en environnement ainsi que les communautés locales à travers l’Australie s’accordent pour dire que nous n’en faisons pas assez.
Alors que le taux de défrichement s’accélère, la biodiversité poursuit son déclin. La plupart des états ne disposent pas de suffisamment de données pour comprendre les valeurs actuelles de la biodiversité. Si aucune donnée complète ne compare la qualité et l’étendue actuelles de la végétation indigène à celles des années antérieures, la communauté ne peut pas comprendre si la réglementation actuelle est efficace ou si les mesures de conservation sur les terrains privés ou publics contribuent à l’amélioration des résultats en matière de biodiversité.
Les cadres existants en fait de gestion de la biodiversité sont complexes et difficiles à gérer pour la communauté, et ne sont pas toujours mis en œuvre à assez grande échelle. Dans certains cas, les informations et les connaissances requises pour évaluer l’efficacité du cadre législatif et des mécanismes de soutien sont limitées.
Puisque le niveau de réglementation et de minutie tend à augmenter, il nous faudra bientôt agir. En Nouvelle-Galles du Sud, des exigences réglementaires ont déjà été établies envers le respect d’attentes plus soutenues en matière de gestion environnementale (sous la forme de la Biodiversity Conservation Act 2016) et sont probablement les précurseures de ce qui sera mis en place dans d’autres territoires. Ces changements transformeront notre façon de gérer les projets. Il est donc temps de vous sensibiliser à la meilleure manière de gérer les effets sur la biodiversité.
La Nouvelle-Galles du Sud prend les devants
Tous les états et territoires australiens disposent d’un éventail de lois conçues pour exiger des propriétaires terriens et des promoteurs immobiliers qu’ils préservent la biodiversité (ou tout du moins, pour les encourager à le faire) en s’assurant que les nouveaux aménagements évitent ou réduisent les effets sur celle-ci. Lorsque cela n’est pas possible, il pourra être demandé aux soumissionnaires de compenser ces effets par l’intermédiaire de mesures de conservation. Tout cela n’est pas nouveau. Cependant, nous observons que les exigences ont été renforcées en Nouvelle-Galles du Sud.
Le cadre mis en place en Nouvelle-Galles du Sud met en évidence le fait que les pratiques exemplaires sont établies suite aux répercussions d’une séquence d’actions, soit l’évitement, la minimisation, l’atténuation ou la gestion plutôt que la compensation. En matière de biodiversité, la compensation se traduit par le fait de compenser les effets négatifs d’une mesure sur un emplacement par des effets positifs sur d’autres lieux. Parfois, il s’agit de la seule option possible, mais elle doit alors être bien réalisée et utilisée comme solution de dernier recours.
Le meilleur moyen d’aborder la séquence « éviter, minimiser, compenser » est de faire appel, dès le début du projet, à des spécialistes de la biodiversité de manière à ce que l’approche environnementale idéale soit intégrée très tôt dans le processus de conception. L’intégration des questions de biodiversité dès le début des étapes de planification et de conception est très souvent réalisée de façon sporadique.
Le concept « d’effets graves et irréversibles » est un nouvel ajout très important à la législation de la Nouvelle-Galles du Sud. De fait, si de tels effets sont attendus, aucun consentement ne peut être accordé quant à la poursuite d’un projet. Il est donc primordial de repérer ces effets éventuels le plus tôt possible, afin que les soumissionnaires puissent modifier certains aspects de la conception pour éviter un refus des autorités de réglementation.
La Nouvelle-Galles du Sud fait également face à un autre changement : la multiplication des types de projets qui exigent une évaluation, et potentiellement, une compensation. Dans la plupart des territoires australiens, les projets nécessitant des mesures de compensation sont généralement ceux considérés comme des projets de grande envergure ou très importants. Les projets à plus petite échelle, quant à eux, en sont communément exemptés. Aujourd’hui, dans cette région, si un projet d’aménagement est susceptible d’avoir des effets conséquents sur les espèces menacées, il doit être évalué par un professionnel accrédité et peut éventuellement faire l’objet de mesures compensatoires. Ceci augmente considérablement le nombre et le type de projets exigeant une évaluation des effets sur la biodiversité et nécessitant d’éventuelles mesures de compensation, soit jusqu’à 6 000 projets supplémentaires par année. Il est probable que le délai et le coût associés à ces exigences incitent les soumissionnaires à effectuer des changements ou à revoir l’empreinte de leur projet.
De nombreux aspects du cadre mis en place en Nouvelle-Galles du Sud peuvent être mis en œuvre dans d’autres territoires, en vue d’atteindre des résultats plus efficaces en matière de biodiversité. Et ce n’est probablement qu’une question de temps. Dans le cas où d’autres territoires de compétence choisissent d’adopter certaines de ces mesures ou même leur intégralité, des résultats prometteurs en matière de biodiversité seront probablement observés dans tout le pays.
Différentes manières de gérer les risques liés au projet
Une mauvaise gestion des risques liés à un projet et de ses effets sur la biodiversité peut entraîner des retards et des coûts supplémentaires, ce qui ternirait la réputation de l’entreprise au sein de la communauté. Pour éviter de tels risques, veuillez tenir compte de certaines de ces stratégies :
- Intégrez les questions liées à la biodiversité le plus tôt possible dans le processus de planification et de conception de vos projets.
- Évitez et réduisez les effets sur la biodiversité dans la mesure du possible.
- Élaborez des systèmes et des outils adaptés pour gérer les effets sur la biodiversité tout au long du cycle de vie du projet.
- Sensibilisez les intervenants internes quant à l’importance de la gestion de la biodiversité.
L’intégration de ces stratégies dans vos activités peut aider à atténuer les risques liés à vos projets ainsi qu’à améliorer l’empreinte de votre organisation en matière de biodiversité. Elle vous permettra également de prendre des mesures essentielles et positives à l’échelle locale qui, combinées, se traduiront par une contribution plus substantielle à l’échelle nationale, afin de relever ce défi mondial plus qu’urgent.
À propos de l’auteure
Tara Kennedy est responsable du secteur d’activité Énergie (Sciences de la Terre et environnement) et est basée à Brisbane, en Australie. Grâce à son expérience dans le domaine du droit de l’environnement, Mme Kennedy a eu l’occasion de travailler sur plusieurs grands projets liés aux infrastructures, à l’exploitation minière, au pétrole et au gaz pour le gouvernement ainsi que pour des clients privés. En plus de comprendre en profondeur les cadres législatifs et politiques qui sous-tendent la gestion environnementale en Australie, Mme Kennedy possède également une expertise en fait de formation, de mobilisation et de renforcement des capacités des parties prenantes. Plus récemment, elle a collaboré avec l’Office of Environment and Heritage de la Nouvelle-Galles du Sud afin de mettre en œuvre le nouveau cadre en matière de gestion de la biodiversité et de compensation au profit de celle-ci.