Au Canada, grâce aux nouveaux règlements fédéraux et provinciaux, 20 millions de tonnes de méthane de moins devraient être libérées dans l’atmosphère d’ici 2030, ce qui, selon les taux d’émissions actuels, équivaut à retirer environ 5 millions de véhicules chaque année. Citons en exemple le Règlement concernant la réduction des rejets de méthane et de certains composés organiques volatils publié fin 2018 par Environnement et Changement climatique Canada, le Drilling and Production Regulation en Colombie-Britannique, la Directive 60 – Upstream Petroleum Industry Flaring, Incinerating, and Venting en Alberta et les Oil and Gas Emissions Management Regulations en Saskatchewan. Ces règlements sont à l’avant-garde. De nombreuses autorités de partout dans le monde voient d’ailleurs la Directive albertaine, et notamment sa portée, ses cibles, son calendrier et ses méthodes de mise en œuvre, comme un modèle efficace et durable pour diminuer les émissions de méthane.
La réglementation n’explique pas à elle seule le virage emprunté par les sociétés pétrolières et gazières en faveur d’installations de production avec une plus faible empreinte carbone et dégageant moins de méthane. Les producteurs se soucient en effet maintenant davantage de leur impact sur l’environnement en raison des questions qui leur sont posées concernant leur responsabilité sur le plan social. Comme le marché exige la réduction des rejets de GES (y compris du méthane), l’industrie trouve des façons de gagner en efficacité en ce qui concerne l’utilisation d’énergie et de gaz combustibles et même l’entretien et les coûts d’exploitation dans certains cas.
Étapes à venir
Obligatoires ou volontaires, les initiatives de réduction des émissions de méthane se répandent dans le secteur du pétrole et du gaz. Au Canada, l’industrie et les autorités réglementaires ont pris les grands moyens pour obtenir de gros résultats et se positionnent comme de véritables leaders mondiaux dans la production durable d’énergie. Malgré cela, du méthane et d’autres GES continuent d’être libérés dans l’atmosphère et nous nous dirigeons toujours vers de graves changements climatiques qui rendent nécessaire la diminution conséquente des émissions de méthane. Que faut-il faire maintenant?
1. Limiter davantage les rejets du secteur pétrolier et gazier
L’industrie canadienne du pétrole et du gaz investit dans le but d’exploiter les ressources naturelles de façon durable. Des organisations financées par l’industrie, p. ex. la Canadian Petroleum Producers Association et la Petroleum Technology Alliance of Canada, créent des programmes didactiques et mènent des recherches visant à réduire les émissions de méthane. Dans les 5 prochaines années, cela devrait aboutir à de nouvelles technologies, de meilleures procédures de gestion, et des améliorations aux procédés et technologies en place.
Voici quelques initiatives technologiques en train d’être mises en œuvre et peaufinées par le secteur pétrolier et gazier au Canada pour diminuer les rejets de GES :
- Pompes et équipement fonctionnant à l’énergie solaire
- Dans les installations de production de gaz naturel, captage du gaz résiduaire évacué et redirection pour alimenter les compresseurs
- Technologies plus avancées de détection des fuites et vérifications plus fréquentes
- Installations (pompes, chevalets de pompage, compresseurs) fonctionnant à l’électricité plutôt qu’aux gaz combustibles
- Utilisation d’air comprimé et non de gaz pour les instruments de mesure
- Redirection du gaz résiduaire pour qu’il soit efficacement brûlé quand la quantité en est insuffisante pour un torchage
2. Faire tache d’huile. D’autres industries que celle du pétrole et du gaz produisent du méthane et s’efforcent de réduire leurs émissions
Elles font également des progrès, mais il serait possible de faire mieux, notamment en agriculture et sur les sites d’enfouissement.
Agriculture : Dans ce secteur, environ 40 % des émissions de méthane proviennent de la digestion des ruminants. D’après les essais actuels cherchant à améliorer le régime alimentaire de ces animaux et à modifier les populations microbiennes de leur rumen, il serait possible de diminuer présentement de 10 % maximum le méthane évacué. La poursuite des essais et des recherches au cours des 10 prochaines années devrait permettre d’obtenir une réduction de 60 %.
Sites d’enfouissement : Outre la multiplication des programmes de compostage municipaux (le compost dégage du CO2 plutôt que du méthane), de gros efforts ont été déployés pour capter les émissions de méthane et les rediriger vers des installations productrices d’électricité. Beaucoup d’études se concentrent aussi sur l’utilisation des biosolides dans les sites d’enfouissement, une méthode qui pourrait permettre jusqu’à 90 % de réduction des émissions de méthane*. Les procédés technologiques nécessaires devraient être améliorés et davantage réglementés dans les 10 années à venir.
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Dans l’ensemble, les probabilités de voir les émanations de méthane grandement diminuer au sein de multiples secteurs nationaux sont excellentes. Bien que les rejets canadiens ne représentent qu’environ 1,5 % des émissions mondiales*), l’amélioration des inventaires et des technologies entre autres dans l’industrie pétrolière et gazière diminueront l’empreinte du pays. Pour que le Canada continue d’être un leader en matière d’initiatives d’exploitation durable des ressources et de lutte contre les changements climatiques, nous devons agir vite pour réduire les émissions de méthane, ce GES dont les effets nuisibles se font sentir rapidement.
* Les liens marqués d’un astérisque ne sont disponibles qu’en anglais.